Je suis passé par l'étape "surnom" avant de pouvoir prononcer " facilement et volontairement " son prénom choisi.
Cela me permettait aussi de parler de lui à des personnes qui n'étaient pas informées, sans "tout déballer". Je faisais des phrases pour rester neutre et ne pas avoir à accorder de adjectifs. "
Cela m 'a permis de temporiser. cela m'a laissé du temps pour comprendre ce qui se passait, pour me renseigner, pour "digérer".
A un moment j'ai réalisé que cela le faisait souffrir d'entendre son prénom de naissance et je ne pouvais pas participer volontairement à le faire souffrir, moi, sa maman.
D'autant plus que nous avons demandé s'il souhaitait que nous fassions des démarches auprès de l'établissement scolaire et que sa réponse a été : "non, là-bas, ce n'est pas safe" ("ce n'est pas sécurisant/sécurisé"). Je me suis dis que s'il se sentait en danger d'une manière ou d'une autre au quotidien en allant en classe, la moindre des choses c'est qu'il se sente bien avec nous.
Lorsque nous avons évoqué la première fois le changement de prénom, il m'a dit "oui mais plus tard". En fait, j'ai compris ensuite qu'il utilisait déjà un autre prénom dans un cercle restreint d'amis . Il nous a ensuite demandé de l'utiliser aussi. Il avait même choisi un 2eme et un 3eme prénom (en respectant la tradition familiale). Nous, parents, nous avons donc imposé un 4eme prénom, que nous avons choisi (et qu'il n'aime pas

) afin de le nommer une nouvelle fois comme à sa naissance. Ce prénom n'est pas utilisé, mais il figure sur sa carte d'identité désormais en 4eme place.
Notre cerveau s'est programmé pour "sortir spontanément" le prénom que nous lui avons donné. Mais "le cerveau est un muscle à entrainer" : plus vous prononcerez son prénom choisi, plus vous le genrerez au masculin, en parlant, mais aussi rien qu'en
y pensant, plus cela sera facile et naturel.
Si vous faites des "allers-retours" entre "elle" et "il", cela rend les choses d'autant pus difficiles.
Je la laisse avoir une coupe de cheveux de garçon et s'habiller comme tel. Je ne l'ai jamais forcé à jouer à des jeux de filles ... Donc il y a une grosse partie d'accepté sur son look, mais de la à l'appeler par un prénom de garçon et dire que j'ai un fils de 13 ans ... J'ai énormément de mal en effet. Je suis là pour elle et je le lui ai dit, mais je lui ai dit aussi que je mettais cette limite pour le moment car aujourd'hui c'est dans un corps de fille qu'elle va devoir avancer dans ses études et dans la vie au moins jusqu'à sa majorité.
Chaque personne trans choisit comment vivre avec son corps. En le dissimulant (les joggings informes...), ou en le transformant (de peu à beaucoup), en l'acceptant tel qu'il est tout en manifestant que ce corps de correspond pas à ce qu'il est. Il n'y a pas de "programme à respecter, d'étape obligatoire.
Le risque lorsque le corps évolue avec la puberté et la croissance, c'est que ce corps fasse souffrir votre enfant. Si dès à présent, vous annoncez qu'il va devoir souffrir d'office, comment espérer que votre enfant grandisse sereinement ?
Vous avez le droit d'exprimer (un peu) votre difficulté face à sa demande, mais ne fermez pas toutes les portes en jetant la clé.
Je vous encourage à rencontrer si possible des parents qui sont dans le même type de questionnement que vous.
L'asso Contact offre des groupes de paroles, comme d'autres assos.
Il ne s'agit pas de vous convaincre, mais de vous permettre d'entendre des familles qui sont traversées par les même questions.
De trouver un lieu pour dire votre difficulté, votre souffrance de maman, de poser votre valise" sans que cela pèse directement sur votre enfant.
Et puis me le reprochera t'elle quoi qu'il arrive en fin de compte ?
ma maman à moi, qui est psychologue, a repris une phrase d'un vieux sketch des "VAMPS" qui dit :
"vous vous rendez compte de la chance que j'ai, mon fils va voir un psy. Il paye pour parler de MOI"
Votre enfant a trouvé la force de vous dire quelque chose de fort et de demander votre appui. c'est une marque de confiance, gardez cela en tête.