A tous les yeux courageux(message long)
Publié : 07 déc. 2019 00:23
Bonsoir,
Après de nombreuses années d'hésitation quant au fait de m'exprimer publiquement(parce que malheureusement le forum et les forums lgbt en général sont souvent publiques) je fais ce soir le choix de ne plus repousser indéfiniment une tentative d'expression qui ne vaudra pas grand chose mais me permettra au moins de ne pas avoir de regrets quant au fait de n'avoir jamais tenté de parler.
J'ai attendu que ma famille soit couchée pour pouvoir rédiger ce mail tant la tension interne est grande. Par ma famille j'entends les parents chez lesquels je vis..approchant la trentaine(chez lesquels je suis revenue).
Personne n'est officiellement au courant de rien, si ce n'est quelques webfriends avec qui je peux parler plus librement. J'ai tendu quelques fois des perches et d'autres fois je ne les ai pas saisies. Une amie d enfance est au courant de ma façon de raisonner mais personne n y croit donc ça éjecte le sujet plus qu'autre chose.Je présente mes excuses par avance pour ma façon de rédiger à l'écrit avec beaucoup trop de détails. Je ne parviens pas à faire autrement ce qui donne de longs messages.
Voici la situation:
Techniquement parlant hétérosexuelle(n'ayant eu des relations intimes qu'avec des hommes) et bien qu'ayant pu ressentir du désir et du plaisir physique je n'ai jamais pu ressentir le moindre plaisir psycho émotionnelle lors de ces relations.
Enfant,ado,jeune adulte je me forçais à entretenir des relations au compte goutte avec des garçons,incitée par des amies qui jugeaient que j exagérais, que ça ne me coûtait rien d'essayer. Chaque fois cela me demandait beaucoup d'énergie,me générait une angoisse intense(étant déjà de tempérament anxieux je me trouvais toujours des excuses pour justifier mon mal être). Au début c'était plutôt anodin puisqu'il fallait se forcer à embrasser et adopter des codes sociaux . Néanmoins cela me causait déjà du trouble. Je préférais donc rester la majeure partie du temps seule,célibataire considérant que ça viendrait un jour,plus tard. Je voyais mes amies prendre plaisir à enchaîner des relations,à jouer au baby couple,puis à entrer dans des phases de séductions qui m échappaient totalement.
J'étais prise d 'une véritable flemme d entrer en relations avec des hommes. Lorsque l on est seule trop longtemps on subit une forme d homophobie. On émet des sous entendus quant à nos relations amicales non pas exclusives mais majoritairement féminines. Cependant j'étais tombée à deux reprises très amoureuse sentimentalement de garçons. Je n avais simplement aucune envie d aller plus loin.
Dans mon enfance j avais fais l expérience d un sentiment d admiration pour le corps féminin. Non pas de toutes les femmes. Je l admirais essentiellement car il ne ressemblait pas au mien(formé ce qui n est pas mon cas). Je ne m identifiais pas à ce corps ce qui en faisait un objet à part une chose extérieure. Je nourrissais une forme d attrait pour la beauté qui ne m a pas quitté.
Aujourd hui encore je complimente beaucoup les femmes, ce qui a tendance à gêner. Je les regarde aussi davantage que les hommes. Je suis davantage attirée par l idée d une femme qui a du plaisir que celui d un homme,même si étant amoureuse je m y suis employée.
Enfant une amie a pratiqué une forme d attouchement (pas sur les parties génitales ) à mon encontre mais je n ai ressenti aucun plaisir à cela je me demandais même ce qu elle faisait. C est une personne qui par la suite essayait de rejeter sa propre sensualité sur celles des autres,qui prétendaient que les gens tactiles étaient sales alors même qu il s agissait de ces actes. Je n ai jamais parlé de cela je suis restée en contact des années avec cette personne parce qu'amie d enfance. J ai choisi de ne pas faire d histoire quand cela est arrivée car nos parents étaient amis aussi et que de toute façon j étais beaucoup trop introvertie et je ne voyais pas le mal je trouvais juste ça culotté car je ne lui avais pas donné mon aval.
C est une personne qui ose aller au contact des autres ce qui n est pas mon cas. Par contre ce n est pas elle qui joue un rôle dans mon attirance pour la beauté des femmes car elle ne fait pas partie de ce qui me plait et l admiration précédemment citée était venue avant elle.
J ai une forme de pudeur sentimentale et physique excessive donc je n exprimais pas de contact avec les femmes ni même les hommes. Au collège un fait s est reproduit: je suis retournée dans une forme d admiration pour la cousine d une amie que j'ai vu tout au plus deux fois dans ma vie. A cette époque elle était folle amoureuse de son copain(aujourd hui elle est lesbienne),je lui avais peu parlé mais avait été très troublée par ce qu elle dégageait. Je sortais d une relation platonique avec un garçon.
Lorsque j ai appris que peu de temps après notre rencontre elle avait rencontré une femme et était devenue lesbienne cela a été un choc. je me sentais dupée comme si je pensais que cela aurait pu être moi; à ce jour elle est mariée et mère (toujours avec la même femme). Je ne l ai plus jamais revu, n ai jamais tissé de lien avec elle mais suis très contente pour elle;disons que cela donne de l espoir(meme si je ne souhaite pas devenir mere).
A la même époque j avais aussi beaucoup souffert de rupture amicale avec ma meilleure amie. (à laquelle je pense encore après 13 ans sans lien).
Puis, arrivée au lycée m est venue une pression énorme de ne toujours pas avoir eu de rapports. Les filles en parlaient beaucoup ça ne m intéressais toujours pas; la sensualité oui mais pas plus. Je fis la rencontre d un gars en soirée et quelques temps plus tard nous sortions ensemble. Je n avais aucune envie d avoir mes premiers rapports mais ça a été le cas car il était plus vieux que moi et ne voulait pas attendre. Il m a ensuite quitté à distance je l ai très mal vécu. J'ai mis 10 ans avant de pouvoir poursuivre ma vie sentimentale. Durant ces dix années j ai pensé avoir "un problème" être none,bi,lesbienne,asexuelle.
J'ai essayé de me mettre dans la religion je n y suis pas arrivée. Je me suis tournée vers la communauté asexuelle j y ai fais de très belles rencontres comme des moins bonnes.
J ai rencontré sur internet une fille qui était hétéro asexuelle je la soutenais beaucoup...elle est devenue lesbienne(bis répétita). A chaque fois le même choc des hétéros avec lesquelles j accroche qui deviennent lesbiennes...mais pas avec moi évidemment puisque je suis dans un rôle de bonne hétéro invisible. Elle savait les questions que je me posais et cette façon que j avais d admirer ou d espérer le féminin. Elle ne m a jamais jugé et elle se sentait bien d être enfin" normale"( outée).
je suis sortie avec un asexuel avec lequel j ai vécu (peu de temps). Il s avère que nous nous mentions à nous même.
Il était sexuel et j en étais capable aussi. Je n arrivais juste pas à avoir des rapports sans lendemains ni même à avoir des rapports rapidement dans une relation sentimentale. J ai fais des choses pour lui que j ai été incapable de faire par la suite.
Problème: la dépression sévère qui reprend à chaque fois lorsque je suis en couple. J ai pensé que c était parce que j avais vécu de mauvaises expériences et que c était le mauvais(notre relation était très néfaste lui narcissique, moi dépendante affective). Apres chaque rapport des envies suicidaires,je me vois dans la glace: je vois la mort. J ai le teint pale je suis vidée je pleure beaucoup;ça a très mal finis; puis de nouveau j ai pensé que je devais être lesbienne j ai été sur un site asexuel -ouvert lgbt - j ai été dénoncé par une fille auprès de mon ex. Je n ai rien fais sur ce site je n ai même pas été capable de m exprimer encore une fois;mais elle m a vu et ça a suffit. Je me suis sentie obligée de me justifier. Il a toujours su que j avais un attrait pour le féminin mais que je n en faisais rien et lui avait la même chose pour le masculin. On était en position inversée lui le garçon effeminé ,moi la fille avec du caractère et il aimait ça. Il ne m avait jamais jugé pour ça puisque de toute façon si je suis "capable physiquement de le faire" alors je ne suis pas lesbienne.
J ai de nouveau tenté de me réinsérer dans la religion mais dans un autre courant beaucoup plus radical.
Tout comme je l ai lu dans un témoignage sur ce site, le protestantisme évangélique ne fait pas de cadeaux aux personnes qui ont des attirances y compris romantiques pour le même sexe. J ai essayé de défendre les droits des lgbt on m a répondu" ce ne sont pas les lgbt qui posent problème mais l homosexualité" je comprenais bien moi aussi que cela était l oeuvre du diable comme tout ce qui est en dehors de la parole. Je leur ai dis qu on m avait parfois indiqué que j étais lesbienne(au collège) j ai eu droit à "ces gens sont fous ce n est pas vrai" tout comme j ai eu droit à des propos du type"je crois que tu ne l es pas" de certaines amies. Il y avait cela ,mais aussi des soupçons me concernant,les montagnes russes permanentes.
Des propos homophobes dans mon entourage j en ai entendu.
Parfois ça m arrangeait ,ça me permettait de me répéter que NON JE N L'ETAIS PAS que finalement j étais juste protégée par Dieu de ne pas passer à l acte que j étais capable de sortir avec des hommes et d avoir du plaisir physique....(mais ça ne me suffit décemment pas).
Est venu le garçon suivant,ma relation la plus récente,un incroyant ce qui m a valu temporairement de sortir de moi même du groupe pour tout un tas de raisons.
Celui là passait son temps à me rappeler"tu vois bien que tu n es pas lesbienne je te l avais dis" ce à quoi je m auto persuadée aussi de façon schizophrénique après tout l illusion était possible encore et toujours. Alternance inépuisable de "je le suis " " non je ne le suis pas je n ai jamais eu de rapports avec une femme".
Sauf qu il s est passé un énorme problème ou plutôt plusieurs: la dépression sévère est revenue,mon corps réagissant très mal (problèmes de santé divers et inflammation gyneco ,carrément!) et l angoisse intense ainsi que les pleurs(angoisse de tomber enceinte aussi en dehors de toute rationalité et sentiment que mon corps ne m appartiens plus totalement, que je dépends de l autre à cause du risque qui existe toujours). Cette fois ci ils ne venaient pas après les rapports mais avant. J allais quelques fois m enfermer dans les wc pour pleurer juste avant ,d autres fois j arrivais bien à contenir mes émotions; d autres je me retrouvais complètement vide. Toujours ce sentiment d être exténuée mais pas positivement. Je demande parfois des pauses dans les relations physiques du type"on va arrêter de faire ça un petit temps". A chaque fois je ne tiens pas mes paroles je recommence pour ne pas décevoir.
Je me sens contrainte dans ma féminité,dans mon corps,dans mon absence de désir d avoir des rapports qui mènent à la procréation.
Je n aime pas avoir le sentiment qu un homme marque son territoire avec mon corps(désolé du terme barbare).
Lors de mon premier rapport avec cette personne on est obligés de s arrêter car je suis au bord des vomissements. Cela est arrivé encore par la suite. J ai des flash pendant l acte ou je me vois faire mon coming out. Je prie pour que je puisse devenir normale et supporter tout ça. (Je rencontre une fille sur un forum auparavant qui me dit qu elle est prise de nausée et vomissements après chaque rapport et qu elle décide un jour de faire son coming out ,ce qui lui permet de ne plus souffrir de ces symptômes. Quand cela m arrive je pense à elle mais je pense aussi au fait qu elle est croyante et qu elle s est mis dans des groupes abstinents. Elle ne me dit néanmoins pas clairement qu elle l est. L identification de sa problématique avec la mienne n est donc pas complète).
Je reviens à ma dernière histoire avec un homme ou je frôle le néant. je lui répète qu après lui il n y aura plus d hommes dans ma vie(comme au précédent)en mode calvaire.
Je me dégoûte systématiquement dans mes relations avec des hommes. J essaie encore et encore de me convaincre que si ça ne marche pas c est que ce n est pas le bon car il est vrai que je n attire à moi que des profils problématiques et que mes douleurs font écho avec les leurs.
Alors je sors avec un autre mais je n enchaîne pas les relations car j en suis incapable.
Je ne peux pas me penser lesbienne car je n ai jamais eu de relations avec des femmes et que si cela se trouve je n aimerais pas avoir d intimité avec elles ou que je ne serai pas apte ou à la hauteur. Je crains d essayer car je culpabilise énormément et que j ai peur d être trop fragile psychiquement pour assumer. Je me sépare de la personne en question,je repars dans mon groupe je recommence à me convaincre que j ai des démons à expier que je suis normale(hétéro).
Et puis il se passe quelque chose d assez incroyable(pour moi).
La personne qui gère le groupe de prière connait une vendeuse (que je côtoie depuis plusieurs années), je ne sais pas son nom donc quand la personne m en parle je ne sais pas que c est elle.
Elle m explique que la vendeuse est lesbienne et qu elle vient de se séparer de sa copine et que donc elle espère"qu elle reviendra sur les voies du seigneur par la même occasion que nous devions prier pour elle" j ai trouvé ces propos très limites mais je fus quelques jours plus tard extrêmement blessée quand je me rendis compte que la jeune femme en question était...la vendeuse qui m avait énormément touchée par sa présence (toujours ce sentiment d admiration) bien que n ayant jamais communiqué avec elle je me suis sentie tellement triste qu on puisse tenir des propos de la sorte à son encontre.
Ma tristesse était si grande que du jour au lendemain je décidais de couper tout contact avec ce groupe car si les propos étaient de toutes les manières inacceptables ,pour cette personne je n acceptais d autant moins l idée,je me sentais vraiment révoltée.
Une personne si douce,aimable,souriante,avenante! Quelle honte que d espérer qu une rupture la ramène dans le droit chemin.
Je fus perturbée sentimentalement et je n allais de toute façon plus à la boutique de sorte que je la voyais peu....cependant elle commença à travailler dans une autre boutique ou je me rendais également donc je n avais plus le choix il fallait que j affronte.
Le sentiment premier que je ressentais était évidemment de l admiration mais aussi de l injustice. J aurais aimé communiquer avec elle pour lui apporter mon soutien même si elle n en avait pas besoin ,que c est davantage moi qui avait besoin d elle. En effet je ressentais et ressent toujours une forme de SOS à son encontre. J ai le sentiment qu elle est la seule à qui je pourrais parler et je sens qu elle sait que je porte sur elle une attention particulière. J y pense sans cesse et je vis dans la honte que mon admiration se voit.
Je crains de l importuner , j alterne entre ignorance et volonté d entrer en contact par des sourires ou des regards.
J ai les boyaux tordus à chaque fois que je la vois car elle cristallise un sentiment de révolte en moi dont elle ne sait rien, car elle ne sait pas que la personne qui gère le groupe parle comme cela d elle. Je sais qu elles se connaissent mais je ne sais pas si cette personne lui a parlé de moi. Elle n aurait de toute façon rien à lui dire si ce n est que j ai disparu de la circulation. La vendeuse en question ne fait pas partie de ce groupe elle a juste déjà côtoyée cette personne.
Elle est pour moi un symbole d un moment charnière de ma vie ou je voudrais trouver la liberté.
je n ai pas parlé de mon aversion pour certaines pratiques potentiellement féminines (qui se pratiquent aussi avec les hommes donc je suis sure de ne pas aimer) mais c est un des freins majeurs au fait d essayer quelque chose avec une fille. J ai l impression que certaines pratiques sont obligatoires et ça me bloque.
J ai les même blocages avec les hommes et les femmes et je ne me vois pas changer de valeurs y compris avec une femme.
Je pense que je ne souhaiterais toujours pas de relations d un soir.
Je suis la même personne mais je sens que je ne me projette pas du tout avec un homme.
Je n aime pas l idée de me visualiser avec un homme à part pour des liens fraternels ou tendres.
Il est vrai que je me perçoive aussi en complicité et tendresse avec les femmes avant tout mais je ne suis pas fermée au reste si on ne m oblige pas à avoir des pratiques qui ne me conviennent pas.
Mes amis pensent que je fais des lubies sur une seule femme et que je ne suis pas lesbienne.
Ma famille tient parfois des propos homophobes et d autres fois elle semble me tendre des perches que je ne prends pas(car soit je n ai pas confiance ,soit je me convaincs qu il ne faut pas que je cède à l idée que je suis lesbienne car si ça se trouve je n aime pas les rapports intimes avec les femmes).
Pour terminer je crois sincèrement que j ai déjà aimé une femme.
Je suis dans une région isolée concernant le sujet des lgbt ,je n en ai pas dans mon entourage directe et indirecte(pas d amis ou d amis d amis lgbt), pas de possibilité de rencontres. J ai assez peur des sites de rencontres depuis mon expérience sur la communauté asexuelle.
Je ne suis pas vraiment confortable avec l idée d être asexuelle je pense que c est potentiellement un leurre.
Je suis navrée pour la longueur de ce message. Probablement qu il restera sans réponses mais s il y a des personnes qui pensent comprendre ce que je vis et qui souhaite me contacter je suis ouverte au dialogue(excuser moi d avance si je mets du temps à répondre car je ne sais pas comment je vais réagir après avoir publier ce message).
J’espère que la honte va s en aller.
J’espère que quelque chose de nouveau va s'écrire.
J'ai conscience des difficultés rencontrées par des relations lgbt mais j en suis à un stade de souffrance telle qu au final mourir par amour pour une personne de même sexe à cause d une agression serait toujours moins dure sur le plan de la charge mentale que de vivre enfermée à double tours dans une prison ou je m auto asphyxie,me dégoûte,me trouve tout un tas d excuses pour ne pas vivre.
J espère ne pas porter atteinte à ma vie car je m imagine que si je passe à l acte de m autoriser une relation avec une personne de même sexe cela arrivera tellement la culpabilité sera grande.
Voilà donc un paradoxe insurmontable à ce jour.
Qui que vous soyez la vie vous aime et je ne peux pas croire qu elle nous laisse dans ces situations sans raisons ni que Dieu veuille qu on se meurt par amour pour lui.
Merci.
Après de nombreuses années d'hésitation quant au fait de m'exprimer publiquement(parce que malheureusement le forum et les forums lgbt en général sont souvent publiques) je fais ce soir le choix de ne plus repousser indéfiniment une tentative d'expression qui ne vaudra pas grand chose mais me permettra au moins de ne pas avoir de regrets quant au fait de n'avoir jamais tenté de parler.
J'ai attendu que ma famille soit couchée pour pouvoir rédiger ce mail tant la tension interne est grande. Par ma famille j'entends les parents chez lesquels je vis..approchant la trentaine(chez lesquels je suis revenue).
Personne n'est officiellement au courant de rien, si ce n'est quelques webfriends avec qui je peux parler plus librement. J'ai tendu quelques fois des perches et d'autres fois je ne les ai pas saisies. Une amie d enfance est au courant de ma façon de raisonner mais personne n y croit donc ça éjecte le sujet plus qu'autre chose.Je présente mes excuses par avance pour ma façon de rédiger à l'écrit avec beaucoup trop de détails. Je ne parviens pas à faire autrement ce qui donne de longs messages.
Voici la situation:
Techniquement parlant hétérosexuelle(n'ayant eu des relations intimes qu'avec des hommes) et bien qu'ayant pu ressentir du désir et du plaisir physique je n'ai jamais pu ressentir le moindre plaisir psycho émotionnelle lors de ces relations.
Enfant,ado,jeune adulte je me forçais à entretenir des relations au compte goutte avec des garçons,incitée par des amies qui jugeaient que j exagérais, que ça ne me coûtait rien d'essayer. Chaque fois cela me demandait beaucoup d'énergie,me générait une angoisse intense(étant déjà de tempérament anxieux je me trouvais toujours des excuses pour justifier mon mal être). Au début c'était plutôt anodin puisqu'il fallait se forcer à embrasser et adopter des codes sociaux . Néanmoins cela me causait déjà du trouble. Je préférais donc rester la majeure partie du temps seule,célibataire considérant que ça viendrait un jour,plus tard. Je voyais mes amies prendre plaisir à enchaîner des relations,à jouer au baby couple,puis à entrer dans des phases de séductions qui m échappaient totalement.
J'étais prise d 'une véritable flemme d entrer en relations avec des hommes. Lorsque l on est seule trop longtemps on subit une forme d homophobie. On émet des sous entendus quant à nos relations amicales non pas exclusives mais majoritairement féminines. Cependant j'étais tombée à deux reprises très amoureuse sentimentalement de garçons. Je n avais simplement aucune envie d aller plus loin.
Dans mon enfance j avais fais l expérience d un sentiment d admiration pour le corps féminin. Non pas de toutes les femmes. Je l admirais essentiellement car il ne ressemblait pas au mien(formé ce qui n est pas mon cas). Je ne m identifiais pas à ce corps ce qui en faisait un objet à part une chose extérieure. Je nourrissais une forme d attrait pour la beauté qui ne m a pas quitté.
Aujourd hui encore je complimente beaucoup les femmes, ce qui a tendance à gêner. Je les regarde aussi davantage que les hommes. Je suis davantage attirée par l idée d une femme qui a du plaisir que celui d un homme,même si étant amoureuse je m y suis employée.
Enfant une amie a pratiqué une forme d attouchement (pas sur les parties génitales ) à mon encontre mais je n ai ressenti aucun plaisir à cela je me demandais même ce qu elle faisait. C est une personne qui par la suite essayait de rejeter sa propre sensualité sur celles des autres,qui prétendaient que les gens tactiles étaient sales alors même qu il s agissait de ces actes. Je n ai jamais parlé de cela je suis restée en contact des années avec cette personne parce qu'amie d enfance. J ai choisi de ne pas faire d histoire quand cela est arrivée car nos parents étaient amis aussi et que de toute façon j étais beaucoup trop introvertie et je ne voyais pas le mal je trouvais juste ça culotté car je ne lui avais pas donné mon aval.
C est une personne qui ose aller au contact des autres ce qui n est pas mon cas. Par contre ce n est pas elle qui joue un rôle dans mon attirance pour la beauté des femmes car elle ne fait pas partie de ce qui me plait et l admiration précédemment citée était venue avant elle.
J ai une forme de pudeur sentimentale et physique excessive donc je n exprimais pas de contact avec les femmes ni même les hommes. Au collège un fait s est reproduit: je suis retournée dans une forme d admiration pour la cousine d une amie que j'ai vu tout au plus deux fois dans ma vie. A cette époque elle était folle amoureuse de son copain(aujourd hui elle est lesbienne),je lui avais peu parlé mais avait été très troublée par ce qu elle dégageait. Je sortais d une relation platonique avec un garçon.
Lorsque j ai appris que peu de temps après notre rencontre elle avait rencontré une femme et était devenue lesbienne cela a été un choc. je me sentais dupée comme si je pensais que cela aurait pu être moi; à ce jour elle est mariée et mère (toujours avec la même femme). Je ne l ai plus jamais revu, n ai jamais tissé de lien avec elle mais suis très contente pour elle;disons que cela donne de l espoir(meme si je ne souhaite pas devenir mere).
A la même époque j avais aussi beaucoup souffert de rupture amicale avec ma meilleure amie. (à laquelle je pense encore après 13 ans sans lien).
Puis, arrivée au lycée m est venue une pression énorme de ne toujours pas avoir eu de rapports. Les filles en parlaient beaucoup ça ne m intéressais toujours pas; la sensualité oui mais pas plus. Je fis la rencontre d un gars en soirée et quelques temps plus tard nous sortions ensemble. Je n avais aucune envie d avoir mes premiers rapports mais ça a été le cas car il était plus vieux que moi et ne voulait pas attendre. Il m a ensuite quitté à distance je l ai très mal vécu. J'ai mis 10 ans avant de pouvoir poursuivre ma vie sentimentale. Durant ces dix années j ai pensé avoir "un problème" être none,bi,lesbienne,asexuelle.
J'ai essayé de me mettre dans la religion je n y suis pas arrivée. Je me suis tournée vers la communauté asexuelle j y ai fais de très belles rencontres comme des moins bonnes.
J ai rencontré sur internet une fille qui était hétéro asexuelle je la soutenais beaucoup...elle est devenue lesbienne(bis répétita). A chaque fois le même choc des hétéros avec lesquelles j accroche qui deviennent lesbiennes...mais pas avec moi évidemment puisque je suis dans un rôle de bonne hétéro invisible. Elle savait les questions que je me posais et cette façon que j avais d admirer ou d espérer le féminin. Elle ne m a jamais jugé et elle se sentait bien d être enfin" normale"( outée).
je suis sortie avec un asexuel avec lequel j ai vécu (peu de temps). Il s avère que nous nous mentions à nous même.
Il était sexuel et j en étais capable aussi. Je n arrivais juste pas à avoir des rapports sans lendemains ni même à avoir des rapports rapidement dans une relation sentimentale. J ai fais des choses pour lui que j ai été incapable de faire par la suite.
Problème: la dépression sévère qui reprend à chaque fois lorsque je suis en couple. J ai pensé que c était parce que j avais vécu de mauvaises expériences et que c était le mauvais(notre relation était très néfaste lui narcissique, moi dépendante affective). Apres chaque rapport des envies suicidaires,je me vois dans la glace: je vois la mort. J ai le teint pale je suis vidée je pleure beaucoup;ça a très mal finis; puis de nouveau j ai pensé que je devais être lesbienne j ai été sur un site asexuel -ouvert lgbt - j ai été dénoncé par une fille auprès de mon ex. Je n ai rien fais sur ce site je n ai même pas été capable de m exprimer encore une fois;mais elle m a vu et ça a suffit. Je me suis sentie obligée de me justifier. Il a toujours su que j avais un attrait pour le féminin mais que je n en faisais rien et lui avait la même chose pour le masculin. On était en position inversée lui le garçon effeminé ,moi la fille avec du caractère et il aimait ça. Il ne m avait jamais jugé pour ça puisque de toute façon si je suis "capable physiquement de le faire" alors je ne suis pas lesbienne.
J ai de nouveau tenté de me réinsérer dans la religion mais dans un autre courant beaucoup plus radical.
Tout comme je l ai lu dans un témoignage sur ce site, le protestantisme évangélique ne fait pas de cadeaux aux personnes qui ont des attirances y compris romantiques pour le même sexe. J ai essayé de défendre les droits des lgbt on m a répondu" ce ne sont pas les lgbt qui posent problème mais l homosexualité" je comprenais bien moi aussi que cela était l oeuvre du diable comme tout ce qui est en dehors de la parole. Je leur ai dis qu on m avait parfois indiqué que j étais lesbienne(au collège) j ai eu droit à "ces gens sont fous ce n est pas vrai" tout comme j ai eu droit à des propos du type"je crois que tu ne l es pas" de certaines amies. Il y avait cela ,mais aussi des soupçons me concernant,les montagnes russes permanentes.
Des propos homophobes dans mon entourage j en ai entendu.
Parfois ça m arrangeait ,ça me permettait de me répéter que NON JE N L'ETAIS PAS que finalement j étais juste protégée par Dieu de ne pas passer à l acte que j étais capable de sortir avec des hommes et d avoir du plaisir physique....(mais ça ne me suffit décemment pas).
Est venu le garçon suivant,ma relation la plus récente,un incroyant ce qui m a valu temporairement de sortir de moi même du groupe pour tout un tas de raisons.
Celui là passait son temps à me rappeler"tu vois bien que tu n es pas lesbienne je te l avais dis" ce à quoi je m auto persuadée aussi de façon schizophrénique après tout l illusion était possible encore et toujours. Alternance inépuisable de "je le suis " " non je ne le suis pas je n ai jamais eu de rapports avec une femme".
Sauf qu il s est passé un énorme problème ou plutôt plusieurs: la dépression sévère est revenue,mon corps réagissant très mal (problèmes de santé divers et inflammation gyneco ,carrément!) et l angoisse intense ainsi que les pleurs(angoisse de tomber enceinte aussi en dehors de toute rationalité et sentiment que mon corps ne m appartiens plus totalement, que je dépends de l autre à cause du risque qui existe toujours). Cette fois ci ils ne venaient pas après les rapports mais avant. J allais quelques fois m enfermer dans les wc pour pleurer juste avant ,d autres fois j arrivais bien à contenir mes émotions; d autres je me retrouvais complètement vide. Toujours ce sentiment d être exténuée mais pas positivement. Je demande parfois des pauses dans les relations physiques du type"on va arrêter de faire ça un petit temps". A chaque fois je ne tiens pas mes paroles je recommence pour ne pas décevoir.
Je me sens contrainte dans ma féminité,dans mon corps,dans mon absence de désir d avoir des rapports qui mènent à la procréation.
Je n aime pas avoir le sentiment qu un homme marque son territoire avec mon corps(désolé du terme barbare).
Lors de mon premier rapport avec cette personne on est obligés de s arrêter car je suis au bord des vomissements. Cela est arrivé encore par la suite. J ai des flash pendant l acte ou je me vois faire mon coming out. Je prie pour que je puisse devenir normale et supporter tout ça. (Je rencontre une fille sur un forum auparavant qui me dit qu elle est prise de nausée et vomissements après chaque rapport et qu elle décide un jour de faire son coming out ,ce qui lui permet de ne plus souffrir de ces symptômes. Quand cela m arrive je pense à elle mais je pense aussi au fait qu elle est croyante et qu elle s est mis dans des groupes abstinents. Elle ne me dit néanmoins pas clairement qu elle l est. L identification de sa problématique avec la mienne n est donc pas complète).
Je reviens à ma dernière histoire avec un homme ou je frôle le néant. je lui répète qu après lui il n y aura plus d hommes dans ma vie(comme au précédent)en mode calvaire.
Je me dégoûte systématiquement dans mes relations avec des hommes. J essaie encore et encore de me convaincre que si ça ne marche pas c est que ce n est pas le bon car il est vrai que je n attire à moi que des profils problématiques et que mes douleurs font écho avec les leurs.
Alors je sors avec un autre mais je n enchaîne pas les relations car j en suis incapable.
Je ne peux pas me penser lesbienne car je n ai jamais eu de relations avec des femmes et que si cela se trouve je n aimerais pas avoir d intimité avec elles ou que je ne serai pas apte ou à la hauteur. Je crains d essayer car je culpabilise énormément et que j ai peur d être trop fragile psychiquement pour assumer. Je me sépare de la personne en question,je repars dans mon groupe je recommence à me convaincre que j ai des démons à expier que je suis normale(hétéro).
Et puis il se passe quelque chose d assez incroyable(pour moi).
La personne qui gère le groupe de prière connait une vendeuse (que je côtoie depuis plusieurs années), je ne sais pas son nom donc quand la personne m en parle je ne sais pas que c est elle.
Elle m explique que la vendeuse est lesbienne et qu elle vient de se séparer de sa copine et que donc elle espère"qu elle reviendra sur les voies du seigneur par la même occasion que nous devions prier pour elle" j ai trouvé ces propos très limites mais je fus quelques jours plus tard extrêmement blessée quand je me rendis compte que la jeune femme en question était...la vendeuse qui m avait énormément touchée par sa présence (toujours ce sentiment d admiration) bien que n ayant jamais communiqué avec elle je me suis sentie tellement triste qu on puisse tenir des propos de la sorte à son encontre.
Ma tristesse était si grande que du jour au lendemain je décidais de couper tout contact avec ce groupe car si les propos étaient de toutes les manières inacceptables ,pour cette personne je n acceptais d autant moins l idée,je me sentais vraiment révoltée.
Une personne si douce,aimable,souriante,avenante! Quelle honte que d espérer qu une rupture la ramène dans le droit chemin.
Je fus perturbée sentimentalement et je n allais de toute façon plus à la boutique de sorte que je la voyais peu....cependant elle commença à travailler dans une autre boutique ou je me rendais également donc je n avais plus le choix il fallait que j affronte.
Le sentiment premier que je ressentais était évidemment de l admiration mais aussi de l injustice. J aurais aimé communiquer avec elle pour lui apporter mon soutien même si elle n en avait pas besoin ,que c est davantage moi qui avait besoin d elle. En effet je ressentais et ressent toujours une forme de SOS à son encontre. J ai le sentiment qu elle est la seule à qui je pourrais parler et je sens qu elle sait que je porte sur elle une attention particulière. J y pense sans cesse et je vis dans la honte que mon admiration se voit.
Je crains de l importuner , j alterne entre ignorance et volonté d entrer en contact par des sourires ou des regards.
J ai les boyaux tordus à chaque fois que je la vois car elle cristallise un sentiment de révolte en moi dont elle ne sait rien, car elle ne sait pas que la personne qui gère le groupe parle comme cela d elle. Je sais qu elles se connaissent mais je ne sais pas si cette personne lui a parlé de moi. Elle n aurait de toute façon rien à lui dire si ce n est que j ai disparu de la circulation. La vendeuse en question ne fait pas partie de ce groupe elle a juste déjà côtoyée cette personne.
Elle est pour moi un symbole d un moment charnière de ma vie ou je voudrais trouver la liberté.
je n ai pas parlé de mon aversion pour certaines pratiques potentiellement féminines (qui se pratiquent aussi avec les hommes donc je suis sure de ne pas aimer) mais c est un des freins majeurs au fait d essayer quelque chose avec une fille. J ai l impression que certaines pratiques sont obligatoires et ça me bloque.
J ai les même blocages avec les hommes et les femmes et je ne me vois pas changer de valeurs y compris avec une femme.
Je pense que je ne souhaiterais toujours pas de relations d un soir.
Je suis la même personne mais je sens que je ne me projette pas du tout avec un homme.
Je n aime pas l idée de me visualiser avec un homme à part pour des liens fraternels ou tendres.
Il est vrai que je me perçoive aussi en complicité et tendresse avec les femmes avant tout mais je ne suis pas fermée au reste si on ne m oblige pas à avoir des pratiques qui ne me conviennent pas.
Mes amis pensent que je fais des lubies sur une seule femme et que je ne suis pas lesbienne.
Ma famille tient parfois des propos homophobes et d autres fois elle semble me tendre des perches que je ne prends pas(car soit je n ai pas confiance ,soit je me convaincs qu il ne faut pas que je cède à l idée que je suis lesbienne car si ça se trouve je n aime pas les rapports intimes avec les femmes).
Pour terminer je crois sincèrement que j ai déjà aimé une femme.
Je suis dans une région isolée concernant le sujet des lgbt ,je n en ai pas dans mon entourage directe et indirecte(pas d amis ou d amis d amis lgbt), pas de possibilité de rencontres. J ai assez peur des sites de rencontres depuis mon expérience sur la communauté asexuelle.
Je ne suis pas vraiment confortable avec l idée d être asexuelle je pense que c est potentiellement un leurre.
Je suis navrée pour la longueur de ce message. Probablement qu il restera sans réponses mais s il y a des personnes qui pensent comprendre ce que je vis et qui souhaite me contacter je suis ouverte au dialogue(excuser moi d avance si je mets du temps à répondre car je ne sais pas comment je vais réagir après avoir publier ce message).
J’espère que la honte va s en aller.
J’espère que quelque chose de nouveau va s'écrire.
J'ai conscience des difficultés rencontrées par des relations lgbt mais j en suis à un stade de souffrance telle qu au final mourir par amour pour une personne de même sexe à cause d une agression serait toujours moins dure sur le plan de la charge mentale que de vivre enfermée à double tours dans une prison ou je m auto asphyxie,me dégoûte,me trouve tout un tas d excuses pour ne pas vivre.
J espère ne pas porter atteinte à ma vie car je m imagine que si je passe à l acte de m autoriser une relation avec une personne de même sexe cela arrivera tellement la culpabilité sera grande.
Voilà donc un paradoxe insurmontable à ce jour.
Qui que vous soyez la vie vous aime et je ne peux pas croire qu elle nous laisse dans ces situations sans raisons ni que Dieu veuille qu on se meurt par amour pour lui.
Merci.