Non binarité et légitimité
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Non binarité et légitimité
Bonjour ou bonsoir à toustes,
Je vous prie de bien vouloir excuser par avance mon outrecuidance si ce message n'est pas à sa place, si tant est qu'il en ait une, s'il est trop long ou pas assez clair.
Les usages voudraient certainement que je me présente alors voilà, je suis un homme, comme ils disent. À ce qu'il parait. Enfin, peut-être. C'est ce qu'ils disent en tout cas. Ou, peut-être pas. À vrai dire, pas vraiment. C'est plutôt ce qu'ils disent tout en disant que je n'en suis pas un, un homme. Parce que, ce qu'ils savent, c'est que je devrais l'être. Ou du moins je le suis un mais peut-être pas assez.
Est-on jamais assez un homme quand on est censé en être un ?
Qu'on naisse homme ou qu'on le devienne, dans les deux cas, je dois, en toute honnêteté, faire ici le constat de mon échec. D'aussi loin que je me souvienne, on m'a toujours encouragé à être un petit garçon, un vrai. Un qui joue au foot et qui pleure pas, un qui fait pas des trucs de filles. Mais c'est super les trucs de filles. Elles sont géniales les filles. Étaient-ils si pressants à m'enjoindre de me comporter normalement parce qu'ils voyaient bien que je n'y arrivait pas ? Avaient-ils peur que, s'ils n'y prenaient garde, le choux se transformerait en rose ?
J'ai essayé. J'ai essayé d'intégrer le club qui, semblait-il, m'avait été attribué dès la naissance. Celui qui m'attendait les bras ouvert. Un peu comme l'enfant d'un supporter de l'OM pour qui l'amour du maillot bleu et blanc n'est pas une option. J'ai essayé mais je n'ai jamais vraiment compris ce qu'on attendait de moi. C'est vrai ça, comment on fait pour être un garçon ? Ou plutôt comment on fait pour être assez un garçon ?
Alors, j'ai utilisé une vieille ruse. Le mimétisme, ces techniques que des animaux utilisent pour se fondre dans leur environnement et passer inaperçus. Je me suis fondu dans la masse espérant qu'elle finisse par m'absorber, que je m'y dissoudrait. Je n'ai pas dû être très convaincant. Ma prestation théâtrale au spectacle de fin de primaire avait pourtant été unanimement salué. J'aurais peut-être dû continuer le théâtre. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas vraiment fait illusion. J'entend encore mon frère ainé m'implorer de faire tout ce que je voulais mais de ne pas venir lui dire que j'étais pd, tout mais pas ça ! Je devais avoir 12 ans. Qu'il soit rassuré, une savoureuse année de harcèlement homophobe en quatrième n'aura pas réussi à me faire désirer un garçon. Les questions sur mon orientation sexuelles ont continué tout au long de mon adolescence. Je ne comprend toujours pas vraiment pourquoi. Ma façon de danser ? C'est vrai que j'aime bien twerker mais je n'ai appris que bien plus tard.
Passé l'adolescence et ses affres, paraît-il, j'ai arrêté de vouloir m'intégrer dans le club. Visiblement je n'y arrivais pas si bien que ça puis il n'était pas vraiment marrant leur club et je n'aime toujours pas le foot. J'ai toutefois gardé mes vieilles ruses, habillé en "mec normal", basique, neutre. Mon costume de super héro invisible. Je vous raconte tout ça mais ce n'est que récemment que j'ai compris pourquoi j'avais le style vestimentaire que j'ai, neutre et passepartout, pas moche en soi mais franchement insipide. Pendant longtemps j'ai cherché à me convaincre que c'était parce que j'étais quelqu'un de simple, pas matérialiste et qui ne s'intéressait pas vraiment à son look. Quelqu'un qui n'affirmait aucune appartenance par ces vêtements. Une vaste fumisterie. Un silence en dit parfois plus qu'un long discours.
Là n'était pas le sujet, je m'égare. Avec mon premier travail j'ai mis trois sous de coté, j'ai pris un sac à dos et je suis parti faire un tour. Quand je suis rentré, un an et demi plus tard, mon regard avait changé et j'ai voulu agir plutôt que me borner à maudire le monde entier pour ses injustices. Je me suis politisé et me suis instruit. Enfin, on ma instruit. Des femmes m'ont instruit.
Ce sont les femmes qui instruisent le monde.
Plus je m'instruisait plus je déconstruisait et plus je déconstruisait plus j'était convaincu que je n'avais aucune envie de l'intégrer leur club. Mais, au-delà de ne pas vouloir l'intégrer, les années passant, je me suis rendu compte que je n'en avais jamais vraiment fait parti. Ne m'avais-on pas toujours bien fait comprendre que je n'en faisait pas vraiment parti ? Puis ça n'a jamais changé. Un autre de mes frères m'a dit récemment dans un repas de famille, à table, que la seule chose qui faisait qu'on était certain que je n'étais pas une femme était que je sortais avec des femmes. Au-delà de la légère confusion entre identité de genre et orientation sexuelle la remarque a le mérite d'être claire. Je ne fais pas partie du club et sur ce point on est bien d'accord.
Constatant mon propre échec et encouragé par une amie proche, je me suis déterminé comme étant une personne non binaire. Le dire m'a fait me sentir léger. Elle m'a pris dans ses bras et m'a dit que maintenant je faisait partie de "la commu". Bienvenu·e ! Ah, qu'il est doux d'intégrer une communauté d'amour, de respect et bienveillance ! Ça na pas été si doux. Les premières personnes à qui j'en ai parlé on été quelque peu surprises et c'est peu dire. Est-ce que je peux leur en vouloir ? Pas vraiment et en même temps j'ai été déçu. C'était pourtant des personnes militantes, investies dans des milieux féministes, antifascistes et queer depuis longtemps, rompues aux théories de genre. Ça ne les a pas empêché de questionner ma légitimité, de remettre en question mon ressenti. Vous me direz qu'aucun milieu n'est épargné, pas même les plus militants et informés, et la déconstruction est un travail permanent, certes, mais ça fait quand même mal. Ça fait mal parce que c'est un processus qui prend du temps, qui demande de se regarder en face dans une société qui détourne le regard quand elle ne veut pas tout simplement vous voir disparaitre. Parce que le dire c'est se rendre fragile. C'est enlever le costume de super héro, la cape, le masque, et se mettre à nu devant l'autre.
Je ne suis pas à plaindre, je m'en sors et mon costume continu à me protéger dans la rue ou dans les bars et si mon indicible envie de mettre des robes à fleur l'été doit être réprimée, vous conviendrez avec moi que c'est bien peu cher payé. La question de la légitimité a été un frein pour mon affirmation de genre, elle l'est toujours. Ça n'a pas été simple de reconnaitre que j'avais moi aussi subi des violences fondées sur le genre. Comme si pour être queer il fallait qu'on vous rosse jusqu'à vous laisser pour mort·e dans le caniveau. Un rite initiatique par la domination ? C'est plus fort que moi, je ne me sens pas légitime.
Ça fait un peu plus d'un an maintenant que j'ai fait ce choix de me reconnaitre comme étant une personne non binaire. Ça me fait du bien. J'avance sur ma compréhension de qui je suis mais ça me questionne aussi. Étant non binaire avec une expression de genre masculine je suis constamment mégenré. Les rares proches à qui j'en ai parlé en dehors des cercles militants n'ont pas réagit comme je l'aurais souhaité. On m'a dit que c'était bien mais que je resterai un mec. Que je me cherchais des complications là où il n'y en a pas. Que ça n'existe pas. Ma famille n'est absolument pas prête à entendre ça et ça me va pour l'instant mais jusqu'à quand ? Je n'ai aucune envie de faire voler en éclat des relations à peu près normalisées mais jusqu'à quand ?
Les gens ne sont pas instruits. Aujourd'hui j'ai eu une conversation avec une collègue. Elle est venue me parler de non binarité. Me poser des question puisque j'ai certainement l'air d'être un gars au fait du sujet, tout gaucho que je suis. Elle n'avais aucune malveillance mais ses confusions entre identité et expression de genre ne laissaient aucune place à ce que je suis, à qui je suis. Ses représentations n'étaient pas en mesure de m'accueillir. Au travail personne ne sait. Peut de monde sait finalement.
Je suis fatigué·e de faire comme si tout allait bien, fatigué·e de faire comme si j'étais un homme et fatigué·e de devoir me justifier ou éduquer quand j'arrête de feindre. Alors, je suis là, en train de divaguer et je jette cette bouteille à la mer.
PS: merci à toi qui est arrivé·e jusqu'au bout.
Je vous prie de bien vouloir excuser par avance mon outrecuidance si ce message n'est pas à sa place, si tant est qu'il en ait une, s'il est trop long ou pas assez clair.
Les usages voudraient certainement que je me présente alors voilà, je suis un homme, comme ils disent. À ce qu'il parait. Enfin, peut-être. C'est ce qu'ils disent en tout cas. Ou, peut-être pas. À vrai dire, pas vraiment. C'est plutôt ce qu'ils disent tout en disant que je n'en suis pas un, un homme. Parce que, ce qu'ils savent, c'est que je devrais l'être. Ou du moins je le suis un mais peut-être pas assez.
Est-on jamais assez un homme quand on est censé en être un ?
Qu'on naisse homme ou qu'on le devienne, dans les deux cas, je dois, en toute honnêteté, faire ici le constat de mon échec. D'aussi loin que je me souvienne, on m'a toujours encouragé à être un petit garçon, un vrai. Un qui joue au foot et qui pleure pas, un qui fait pas des trucs de filles. Mais c'est super les trucs de filles. Elles sont géniales les filles. Étaient-ils si pressants à m'enjoindre de me comporter normalement parce qu'ils voyaient bien que je n'y arrivait pas ? Avaient-ils peur que, s'ils n'y prenaient garde, le choux se transformerait en rose ?
J'ai essayé. J'ai essayé d'intégrer le club qui, semblait-il, m'avait été attribué dès la naissance. Celui qui m'attendait les bras ouvert. Un peu comme l'enfant d'un supporter de l'OM pour qui l'amour du maillot bleu et blanc n'est pas une option. J'ai essayé mais je n'ai jamais vraiment compris ce qu'on attendait de moi. C'est vrai ça, comment on fait pour être un garçon ? Ou plutôt comment on fait pour être assez un garçon ?
Alors, j'ai utilisé une vieille ruse. Le mimétisme, ces techniques que des animaux utilisent pour se fondre dans leur environnement et passer inaperçus. Je me suis fondu dans la masse espérant qu'elle finisse par m'absorber, que je m'y dissoudrait. Je n'ai pas dû être très convaincant. Ma prestation théâtrale au spectacle de fin de primaire avait pourtant été unanimement salué. J'aurais peut-être dû continuer le théâtre. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas vraiment fait illusion. J'entend encore mon frère ainé m'implorer de faire tout ce que je voulais mais de ne pas venir lui dire que j'étais pd, tout mais pas ça ! Je devais avoir 12 ans. Qu'il soit rassuré, une savoureuse année de harcèlement homophobe en quatrième n'aura pas réussi à me faire désirer un garçon. Les questions sur mon orientation sexuelles ont continué tout au long de mon adolescence. Je ne comprend toujours pas vraiment pourquoi. Ma façon de danser ? C'est vrai que j'aime bien twerker mais je n'ai appris que bien plus tard.
Passé l'adolescence et ses affres, paraît-il, j'ai arrêté de vouloir m'intégrer dans le club. Visiblement je n'y arrivais pas si bien que ça puis il n'était pas vraiment marrant leur club et je n'aime toujours pas le foot. J'ai toutefois gardé mes vieilles ruses, habillé en "mec normal", basique, neutre. Mon costume de super héro invisible. Je vous raconte tout ça mais ce n'est que récemment que j'ai compris pourquoi j'avais le style vestimentaire que j'ai, neutre et passepartout, pas moche en soi mais franchement insipide. Pendant longtemps j'ai cherché à me convaincre que c'était parce que j'étais quelqu'un de simple, pas matérialiste et qui ne s'intéressait pas vraiment à son look. Quelqu'un qui n'affirmait aucune appartenance par ces vêtements. Une vaste fumisterie. Un silence en dit parfois plus qu'un long discours.
Là n'était pas le sujet, je m'égare. Avec mon premier travail j'ai mis trois sous de coté, j'ai pris un sac à dos et je suis parti faire un tour. Quand je suis rentré, un an et demi plus tard, mon regard avait changé et j'ai voulu agir plutôt que me borner à maudire le monde entier pour ses injustices. Je me suis politisé et me suis instruit. Enfin, on ma instruit. Des femmes m'ont instruit.
Ce sont les femmes qui instruisent le monde.
Plus je m'instruisait plus je déconstruisait et plus je déconstruisait plus j'était convaincu que je n'avais aucune envie de l'intégrer leur club. Mais, au-delà de ne pas vouloir l'intégrer, les années passant, je me suis rendu compte que je n'en avais jamais vraiment fait parti. Ne m'avais-on pas toujours bien fait comprendre que je n'en faisait pas vraiment parti ? Puis ça n'a jamais changé. Un autre de mes frères m'a dit récemment dans un repas de famille, à table, que la seule chose qui faisait qu'on était certain que je n'étais pas une femme était que je sortais avec des femmes. Au-delà de la légère confusion entre identité de genre et orientation sexuelle la remarque a le mérite d'être claire. Je ne fais pas partie du club et sur ce point on est bien d'accord.
Constatant mon propre échec et encouragé par une amie proche, je me suis déterminé comme étant une personne non binaire. Le dire m'a fait me sentir léger. Elle m'a pris dans ses bras et m'a dit que maintenant je faisait partie de "la commu". Bienvenu·e ! Ah, qu'il est doux d'intégrer une communauté d'amour, de respect et bienveillance ! Ça na pas été si doux. Les premières personnes à qui j'en ai parlé on été quelque peu surprises et c'est peu dire. Est-ce que je peux leur en vouloir ? Pas vraiment et en même temps j'ai été déçu. C'était pourtant des personnes militantes, investies dans des milieux féministes, antifascistes et queer depuis longtemps, rompues aux théories de genre. Ça ne les a pas empêché de questionner ma légitimité, de remettre en question mon ressenti. Vous me direz qu'aucun milieu n'est épargné, pas même les plus militants et informés, et la déconstruction est un travail permanent, certes, mais ça fait quand même mal. Ça fait mal parce que c'est un processus qui prend du temps, qui demande de se regarder en face dans une société qui détourne le regard quand elle ne veut pas tout simplement vous voir disparaitre. Parce que le dire c'est se rendre fragile. C'est enlever le costume de super héro, la cape, le masque, et se mettre à nu devant l'autre.
Je ne suis pas à plaindre, je m'en sors et mon costume continu à me protéger dans la rue ou dans les bars et si mon indicible envie de mettre des robes à fleur l'été doit être réprimée, vous conviendrez avec moi que c'est bien peu cher payé. La question de la légitimité a été un frein pour mon affirmation de genre, elle l'est toujours. Ça n'a pas été simple de reconnaitre que j'avais moi aussi subi des violences fondées sur le genre. Comme si pour être queer il fallait qu'on vous rosse jusqu'à vous laisser pour mort·e dans le caniveau. Un rite initiatique par la domination ? C'est plus fort que moi, je ne me sens pas légitime.
Ça fait un peu plus d'un an maintenant que j'ai fait ce choix de me reconnaitre comme étant une personne non binaire. Ça me fait du bien. J'avance sur ma compréhension de qui je suis mais ça me questionne aussi. Étant non binaire avec une expression de genre masculine je suis constamment mégenré. Les rares proches à qui j'en ai parlé en dehors des cercles militants n'ont pas réagit comme je l'aurais souhaité. On m'a dit que c'était bien mais que je resterai un mec. Que je me cherchais des complications là où il n'y en a pas. Que ça n'existe pas. Ma famille n'est absolument pas prête à entendre ça et ça me va pour l'instant mais jusqu'à quand ? Je n'ai aucune envie de faire voler en éclat des relations à peu près normalisées mais jusqu'à quand ?
Les gens ne sont pas instruits. Aujourd'hui j'ai eu une conversation avec une collègue. Elle est venue me parler de non binarité. Me poser des question puisque j'ai certainement l'air d'être un gars au fait du sujet, tout gaucho que je suis. Elle n'avais aucune malveillance mais ses confusions entre identité et expression de genre ne laissaient aucune place à ce que je suis, à qui je suis. Ses représentations n'étaient pas en mesure de m'accueillir. Au travail personne ne sait. Peut de monde sait finalement.
Je suis fatigué·e de faire comme si tout allait bien, fatigué·e de faire comme si j'étais un homme et fatigué·e de devoir me justifier ou éduquer quand j'arrête de feindre. Alors, je suis là, en train de divaguer et je jette cette bouteille à la mer.
PS: merci à toi qui est arrivé·e jusqu'au bout.
Re: Non binarité et légitimité
Bonsoir,
Merci pour ton partage. Ton message est très touchant et honnête, et je trouve courageux la façon dont tu racontes ton parcours et tes questionnements. Je voulais juste te dire que ce que tu vis est légitime, et que ta voix a toute sa place ici. Au plaisir de te lire à nouveau,
Gedeonluc
Merci pour ton partage. Ton message est très touchant et honnête, et je trouve courageux la façon dont tu racontes ton parcours et tes questionnements. Je voulais juste te dire que ce que tu vis est légitime, et que ta voix a toute sa place ici. Au plaisir de te lire à nouveau,
Gedeonluc
-
ClairObscur
- Messages : 3
- Inscription : 26 oct. 2025 14:24
Re: Non binarité et légitimité
@mulberry : C'est la lecture de votre témoignage qui m'a conduit à rejoindre ce forum, et ses animatrices/teurs ne m'en voudront pas si d'entrée de jeu, je me permets d'y réagir, tellement ce témoignage me parle, tellement il m'a remué.
J'y ai reconnu mon parcours à presque chaque ligne.
Le cours d'EPS au collège, où je me tenais toujours en lisière, incapable de m'adapter à l'énergie du groupe, indifférent que j'étais au sport (le foot), aux défis lancés (monter à la corde sur une sorte de potence culminant à plusieurs mètres de haut), me demandant ce que je faisais là et endurant, pour un début de gynécomastie, les sarcasmes du prof de gym qui me conseillait d'acheter un soutien-gorge ! Ma répulsion à me retrouver à me changer au vestiaire avec les autres, mon besoin de me cacher.
Je me faisais traiter de p...é, souvent, parce que je n'observais pas les codes en vigueur dans le milieu ouvrier, viriliste, où j'évoluais.
Cela a duré tard dans ma vie. J'étais cambré, un peu efféminé, une gynécomastie que j'assumais, je soignais ma tenue, je me faisais brancher dans la rue par des gays à qui j'expliquais que non, désolé, je ne recherchais pas ce type de rencontre. Ado, dans un cinéma, un type a commencé à me peloter. Naïf, je croyais qu'il en avait après mon portefeuille. J'ai repoussé sa main, j'ai changé de place. J'ai compris après coup ce qui s'était passé. Je ne pouvais pas avoir de réaction violente. Même plus tard encore quand, devenu adulte, je me faisais aborder dans la rue, à une terrasse de café. Une fois, j'avais une trentaine d'années, un jeune gars m'a déclaré m'avoir suivi depuis une artère éloignée "parce que j'avais un beau cul". Il m'a demandé s'il pouvait monter chez moi. Je lui ai évidemment répondu non, sans agressivité. Je l'ai même félicité pour son endurance ! Je pense que d'autres l'auraient envoyés paître, voire pire.
J'ai compris très jeune ce que sont les différences, ce qui se distingue de l'ordre des choses. J'ai vécu mon enfance dans un quartier cosmopolite où existait une solidarité aujourd'hui disparue. J'ai intégré cette acceptation des altérités. Je prends les gens comme ils sont.
Tout le monde n'est pas dans ce cas. Comme @mulberry, j'ai longtemps fait les frais d'une singularité que je ressentais mais que je ne pouvais nommer, à laquelle je ne comprenais rien, mais qui me valait d'être rejeté, moqué, injurié. Par les goûts et les couleurs qui étaient les miens et qui ne rencontraient pas ceux des autres. Par mes envies qui aussi étaient autres. Par ce que je cachais et qui devait se percevoir.
Mes rapports avec les femmes étaient alors faits de compréhension mutuelle et d'échanges profonds, de complicité souvent, quoique rarement sexués. Non que j'aie eu peur de m'engager, ni que je refoulais mes désirs, mais disons que je ne percevais pas chez l'autre les invites, les moments où il aurait été possible d'aller au-delà, le langage gestuel, les non-dits, j'y étais aveugle et sourd. Je ne captais pas. Ou je comprenais après coup, trop tard.
J'ai vécu ensuite des relations plus ou moins longues où revenaient souvent, chez mes compagnes, le qualificatif à double-sens de "gentil". A quoi on ajoutera "présent", "plein d'attentions", ce qui peut (doit) être entendu comme "pas assez mâle", pas assez dirigiste, pas assez dominant dans l'intimité et autour. Une intimité où le toucher, le doigté était privilégié. Une partenaire bi (coup d'un soir) m'a dit que je lui faisait l'amour comme une femme. Une de mes compagnes, plus ouverte et intello, assez en tout cas pour m'avoir pris tel que j'étais, relevait chez moi "une certaine ambivalence", "une sensibilité". Pas comme les autres mecs.
Tel quel je suis, tel quel je resterais. Je ne me voyais pas endosser un rôle où, au contraire de @mulberry dans ses premiers pas sur la scène d'un théâtre, je n'aurais pas excellé. Jouer les machos, laisser l'aimée du moment se débrouiller seule avec la vaisselle, faire semblant de m'intéresser aux sports mécaniques, aux critériums sudoripares, aux éternels championnats de foot et de rugby, lui intimer l'ordre de mettre une jupe, tel type de dessous, d'autant qu'en matière de dessous, j'en connaissais un rayon ! Mais chut !
De tout jeune, vivant seul, dans le secret de mes quatre murs, je me mettais en jupe, j'enfilais des collants, et je vivais chez moi comme cela. Je préférais la culotte au caleçon, que je ne portais que lorsque j'avais une liaison. Ce faisant, je ne m'identifiais pas à un travesti. Je ne cherchais pas à singer l'attitude, le comportement d'une femme. C'était moi, cultivant mon jardin secret. Je ne me maquillais pas, ne chaussais pas des talons, ne me coiffais pas d'une perruque. C'était moi autrement, moi côté femme, chez moi. Mon jardin secret. Extérieurement, j'étais mâle.
Bien sûr, je m'interrogeais quant à ce besoin. Je lisais des ouvrages psy traitant du fétichisme. des paraphilies, Je questionnais mes fantasmes, les rêves que je faisais, récurrents, où j'étais une femme. Alors que hors de mon studio, en ville, j'étais on ne peut plus homme. Et j'avais du mal, intérieurement, à concilier ces deux "moi", attiré que j'étais par les femmes en rêvant, la nuit, que je prodiguais des fellations.
Je n'ai appris l'existence de la non-binarité que récemment. J'ai visionné des docus, de nombreuses vidéos où assurément, les personnes qui exprimaient leur non-binarité me sont apparues étrangères à ce que je vivais. Par le look qu'elles affichaient, une certaine extravagance, leur mode de vie, leur engagement. Je ne suis pas de leur génération, et cette prise de conscience est survenue chez moi trop tardivement pour pouvoir être partagée autrement que par l'écrit, je ne me vois pas rejoindre un groupe, un milieu où je ne serais pas vu comme étant légitime, et c'est ce qu'exprime très bien @mulberry. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi il faudrait, pour se voir accepté comme non-binaire, devoir arborer un look particulier, endosser une espèce d'uniforme. Je trouve que cela est déjà assez difficile à vivre "en civil" comme dans son petit jardin secret.
Cette non-acceptation, je l'ai vécue dans une intimité un peu téméraire, lorsque j'ai décidé, histoire de ne pas mourir idiot, de mettre mes fantasmes bisexuels à l'épreuve de la réalité. Ce qu'in petto, non sans quelque gêne, je qualifiais de mes envie de femme.
C'est par le biais d'un chat dédié que j'ai pris contact avec des hommes bisexuels. Je n'avais aucune notion de ce milieu-là, de ses codes. Mes premiers contacts sur ce chat furent assez glaçants et j'en ai rejeté beaucoup. Rendez-vous fut pris néanmoins avec un de ces messieurs, chez lui. Je passe sur cette première, dont je garde un pénible souvenir. J'ai eu affaire à un prédateur. Je n'en révèlerai pas plus sinon que j'ai compris ce jour-là combien il pouvait être difficile d'être une femme. Une seconde expérience fut non moins dommageable. Petite cinquantaine, il me reçut en caleçon, un homme marié, de passage dans un pavillon qu'il me disait être sa résidence secondaire, rien de très attirant chez lui. Ni sympa ni chaleureux. Indifférent. Je me dévêtis, j'avais mis un collant opaque sous mon jean, ne gardai que mon string. Il baissa son caleçon, je notai la pilosité de son pubis, taillée en ticket de métro. Le reste, je le tairai, si ce n'est qu'il me donna l'impression de ne pas du tout me prendre au sérieux. Une fois rhabillés, il me raccompagna à la porte en me conseillant, je ne sais trop pourquoi, d'"aller ramasser des herbes de Provence" désignant le sac à dos où j'avais fourré mon collant.
Troisième expérience à la sauvette, là encore, un homme marié, un peu plus âgé que moi, on a fait ça dans un coin de forêt, par "ça" j'entends quelque chose de bref qu'il serait indélicat de qualifier d'intimité, disons un besoin chez lui, une envie chez moi à assouvir, plus une expérience ensuite avec un autre gars de passage, en rupture, un peu paumé, pas très à l'aise, dont c'était la première fois, qui a voulu que je le masse en gardant mon collant sous un tee-shirt et qui m'a mis à la porte tout de suite après que j'aie satisfait son besoin.
Petite parenthèse avant de conclure, quant à mon état d'esprit à ces moments-là. Avec le recul (je n'ai plus réitéré depuis un dernière expérience il y a trois ans), j'ai l'impression qu'à ces moments-là, j'étais là et je n'étais pas là, une forme de dépersonnalisation qui a fait que, juste après, je suis revenu à "une vie normale". Rien de comparable avec mes étreintes hétéros, dont je sors on ne peut plus "vivant", joyeux, plein d'énergie. Là, je n'ai jamais ressenti cette plénitude. C'était une forme de neutralité intérieure. Je vivais un fantasme, point.
Non que je n'aie pas envie d'y revenir, mais plus dans de telles conditions. Plus avec ce sentiment de transgresser, de lire une certaine honte, voire du mépris, dans le regard de ces hommes avec qui j'ai partagé un bref moment.
J'ai écrit plus haut ma dfficulté à vivre cette ambivalence, que je décrirai plus avant comme étant cyclique, avec des périodes femelle, des périodes mâle, une fantasmatique qui me gêne quand je cherche à la comprendre, quand la tentation de la réaliser se fait par trop pressante, et ses contradictions, l'envie que j'ai de prendre certaines femmes de mon entourage par la taille, de les embrasser, de les emmener, cette envie que je n'ai pas d'embrasser un homme, ce désir que j'ai de son sexe en moi, l'au-delà de tout cela, pas forcément sexualisé, l'attrait que j'ai de la jolie sape, des choses élégantes, de l'esthétisme poussé de certaines oeuvres et formes, le besoin de prendre soin de mon corps que je sais vieillissant... tout ce temps passé à côté de ma vie... ailleurs... autrement...
J'y ai reconnu mon parcours à presque chaque ligne.
Le cours d'EPS au collège, où je me tenais toujours en lisière, incapable de m'adapter à l'énergie du groupe, indifférent que j'étais au sport (le foot), aux défis lancés (monter à la corde sur une sorte de potence culminant à plusieurs mètres de haut), me demandant ce que je faisais là et endurant, pour un début de gynécomastie, les sarcasmes du prof de gym qui me conseillait d'acheter un soutien-gorge ! Ma répulsion à me retrouver à me changer au vestiaire avec les autres, mon besoin de me cacher.
Je me faisais traiter de p...é, souvent, parce que je n'observais pas les codes en vigueur dans le milieu ouvrier, viriliste, où j'évoluais.
Cela a duré tard dans ma vie. J'étais cambré, un peu efféminé, une gynécomastie que j'assumais, je soignais ma tenue, je me faisais brancher dans la rue par des gays à qui j'expliquais que non, désolé, je ne recherchais pas ce type de rencontre. Ado, dans un cinéma, un type a commencé à me peloter. Naïf, je croyais qu'il en avait après mon portefeuille. J'ai repoussé sa main, j'ai changé de place. J'ai compris après coup ce qui s'était passé. Je ne pouvais pas avoir de réaction violente. Même plus tard encore quand, devenu adulte, je me faisais aborder dans la rue, à une terrasse de café. Une fois, j'avais une trentaine d'années, un jeune gars m'a déclaré m'avoir suivi depuis une artère éloignée "parce que j'avais un beau cul". Il m'a demandé s'il pouvait monter chez moi. Je lui ai évidemment répondu non, sans agressivité. Je l'ai même félicité pour son endurance ! Je pense que d'autres l'auraient envoyés paître, voire pire.
J'ai compris très jeune ce que sont les différences, ce qui se distingue de l'ordre des choses. J'ai vécu mon enfance dans un quartier cosmopolite où existait une solidarité aujourd'hui disparue. J'ai intégré cette acceptation des altérités. Je prends les gens comme ils sont.
Tout le monde n'est pas dans ce cas. Comme @mulberry, j'ai longtemps fait les frais d'une singularité que je ressentais mais que je ne pouvais nommer, à laquelle je ne comprenais rien, mais qui me valait d'être rejeté, moqué, injurié. Par les goûts et les couleurs qui étaient les miens et qui ne rencontraient pas ceux des autres. Par mes envies qui aussi étaient autres. Par ce que je cachais et qui devait se percevoir.
Mes rapports avec les femmes étaient alors faits de compréhension mutuelle et d'échanges profonds, de complicité souvent, quoique rarement sexués. Non que j'aie eu peur de m'engager, ni que je refoulais mes désirs, mais disons que je ne percevais pas chez l'autre les invites, les moments où il aurait été possible d'aller au-delà, le langage gestuel, les non-dits, j'y étais aveugle et sourd. Je ne captais pas. Ou je comprenais après coup, trop tard.
J'ai vécu ensuite des relations plus ou moins longues où revenaient souvent, chez mes compagnes, le qualificatif à double-sens de "gentil". A quoi on ajoutera "présent", "plein d'attentions", ce qui peut (doit) être entendu comme "pas assez mâle", pas assez dirigiste, pas assez dominant dans l'intimité et autour. Une intimité où le toucher, le doigté était privilégié. Une partenaire bi (coup d'un soir) m'a dit que je lui faisait l'amour comme une femme. Une de mes compagnes, plus ouverte et intello, assez en tout cas pour m'avoir pris tel que j'étais, relevait chez moi "une certaine ambivalence", "une sensibilité". Pas comme les autres mecs.
Tel quel je suis, tel quel je resterais. Je ne me voyais pas endosser un rôle où, au contraire de @mulberry dans ses premiers pas sur la scène d'un théâtre, je n'aurais pas excellé. Jouer les machos, laisser l'aimée du moment se débrouiller seule avec la vaisselle, faire semblant de m'intéresser aux sports mécaniques, aux critériums sudoripares, aux éternels championnats de foot et de rugby, lui intimer l'ordre de mettre une jupe, tel type de dessous, d'autant qu'en matière de dessous, j'en connaissais un rayon ! Mais chut !
De tout jeune, vivant seul, dans le secret de mes quatre murs, je me mettais en jupe, j'enfilais des collants, et je vivais chez moi comme cela. Je préférais la culotte au caleçon, que je ne portais que lorsque j'avais une liaison. Ce faisant, je ne m'identifiais pas à un travesti. Je ne cherchais pas à singer l'attitude, le comportement d'une femme. C'était moi, cultivant mon jardin secret. Je ne me maquillais pas, ne chaussais pas des talons, ne me coiffais pas d'une perruque. C'était moi autrement, moi côté femme, chez moi. Mon jardin secret. Extérieurement, j'étais mâle.
Bien sûr, je m'interrogeais quant à ce besoin. Je lisais des ouvrages psy traitant du fétichisme. des paraphilies, Je questionnais mes fantasmes, les rêves que je faisais, récurrents, où j'étais une femme. Alors que hors de mon studio, en ville, j'étais on ne peut plus homme. Et j'avais du mal, intérieurement, à concilier ces deux "moi", attiré que j'étais par les femmes en rêvant, la nuit, que je prodiguais des fellations.
Je n'ai appris l'existence de la non-binarité que récemment. J'ai visionné des docus, de nombreuses vidéos où assurément, les personnes qui exprimaient leur non-binarité me sont apparues étrangères à ce que je vivais. Par le look qu'elles affichaient, une certaine extravagance, leur mode de vie, leur engagement. Je ne suis pas de leur génération, et cette prise de conscience est survenue chez moi trop tardivement pour pouvoir être partagée autrement que par l'écrit, je ne me vois pas rejoindre un groupe, un milieu où je ne serais pas vu comme étant légitime, et c'est ce qu'exprime très bien @mulberry. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi il faudrait, pour se voir accepté comme non-binaire, devoir arborer un look particulier, endosser une espèce d'uniforme. Je trouve que cela est déjà assez difficile à vivre "en civil" comme dans son petit jardin secret.
Cette non-acceptation, je l'ai vécue dans une intimité un peu téméraire, lorsque j'ai décidé, histoire de ne pas mourir idiot, de mettre mes fantasmes bisexuels à l'épreuve de la réalité. Ce qu'in petto, non sans quelque gêne, je qualifiais de mes envie de femme.
C'est par le biais d'un chat dédié que j'ai pris contact avec des hommes bisexuels. Je n'avais aucune notion de ce milieu-là, de ses codes. Mes premiers contacts sur ce chat furent assez glaçants et j'en ai rejeté beaucoup. Rendez-vous fut pris néanmoins avec un de ces messieurs, chez lui. Je passe sur cette première, dont je garde un pénible souvenir. J'ai eu affaire à un prédateur. Je n'en révèlerai pas plus sinon que j'ai compris ce jour-là combien il pouvait être difficile d'être une femme. Une seconde expérience fut non moins dommageable. Petite cinquantaine, il me reçut en caleçon, un homme marié, de passage dans un pavillon qu'il me disait être sa résidence secondaire, rien de très attirant chez lui. Ni sympa ni chaleureux. Indifférent. Je me dévêtis, j'avais mis un collant opaque sous mon jean, ne gardai que mon string. Il baissa son caleçon, je notai la pilosité de son pubis, taillée en ticket de métro. Le reste, je le tairai, si ce n'est qu'il me donna l'impression de ne pas du tout me prendre au sérieux. Une fois rhabillés, il me raccompagna à la porte en me conseillant, je ne sais trop pourquoi, d'"aller ramasser des herbes de Provence" désignant le sac à dos où j'avais fourré mon collant.
Troisième expérience à la sauvette, là encore, un homme marié, un peu plus âgé que moi, on a fait ça dans un coin de forêt, par "ça" j'entends quelque chose de bref qu'il serait indélicat de qualifier d'intimité, disons un besoin chez lui, une envie chez moi à assouvir, plus une expérience ensuite avec un autre gars de passage, en rupture, un peu paumé, pas très à l'aise, dont c'était la première fois, qui a voulu que je le masse en gardant mon collant sous un tee-shirt et qui m'a mis à la porte tout de suite après que j'aie satisfait son besoin.
Petite parenthèse avant de conclure, quant à mon état d'esprit à ces moments-là. Avec le recul (je n'ai plus réitéré depuis un dernière expérience il y a trois ans), j'ai l'impression qu'à ces moments-là, j'étais là et je n'étais pas là, une forme de dépersonnalisation qui a fait que, juste après, je suis revenu à "une vie normale". Rien de comparable avec mes étreintes hétéros, dont je sors on ne peut plus "vivant", joyeux, plein d'énergie. Là, je n'ai jamais ressenti cette plénitude. C'était une forme de neutralité intérieure. Je vivais un fantasme, point.
Non que je n'aie pas envie d'y revenir, mais plus dans de telles conditions. Plus avec ce sentiment de transgresser, de lire une certaine honte, voire du mépris, dans le regard de ces hommes avec qui j'ai partagé un bref moment.
J'ai écrit plus haut ma dfficulté à vivre cette ambivalence, que je décrirai plus avant comme étant cyclique, avec des périodes femelle, des périodes mâle, une fantasmatique qui me gêne quand je cherche à la comprendre, quand la tentation de la réaliser se fait par trop pressante, et ses contradictions, l'envie que j'ai de prendre certaines femmes de mon entourage par la taille, de les embrasser, de les emmener, cette envie que je n'ai pas d'embrasser un homme, ce désir que j'ai de son sexe en moi, l'au-delà de tout cela, pas forcément sexualisé, l'attrait que j'ai de la jolie sape, des choses élégantes, de l'esthétisme poussé de certaines oeuvres et formes, le besoin de prendre soin de mon corps que je sais vieillissant... tout ce temps passé à côté de ma vie... ailleurs... autrement...
