- Questions d'une mère

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Cano
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- Questions d'une mère

Message par Cano »

Bonjour à toutes et tous ceux qui ont répondu si amicalement à ma présentation. Vous qui vivez votre orientation sexuelle "hors norme", maman ou proche, je voudrais savoir comment :
- arriver à dépasser toutes les interrogations qui me minent,
- toutes les émotions de malaise lorsque mon fils arrive à la maison avec son copain pendant une réunion familiale et que vous hésitez (comment le présenter : un ou son copain ?),
- lorsqu'on vous demande s'il a une fiancée,
- lorsque des membres de la famille font des blagues idiotes (ce n'est pas pour les garçons coiffeurs....),
- lorsque je sens que mon fils est mal à l'aise (pourquoi sont-ils si intolérants ?) ou en colère (je ne veux plus jamais le voir, il est trop extrêmiste...en parlant de son père)
- quand je discute avec son copain actuel et que je le trouve si gentil, si "normal", que je me demande pourquoi il n'aime pas les femmes ...
- que la relation ouverte et tolérante des amis (hétéros) de mon fils est tout de même fragile, comme en borderline, prête à basculer...trop facile comme exutoire de penser que l'homosexualité, finalement est peut-être un perversité du caractère...
etc...
Dur dur d'être une maman d'homo, qui adore son fils..
Ah oui, j'oubliais aussi toutes les interrogations auto culpabilissantes :
- est-ce dû à l'éducation que j'ai donné à mon fils ?
- est-ce que j'ai raté quelque chose ?
- est à cause de mon divorce d'avec son père ?
- est-ce dû à mon propre comportement avec les hommes, avec son père, avec mon nouveau mari ?
- les psy ne vous rassurent pas : la relation mère-fils est primordiale, si la mère est figure d'idéalisation trop parfaite, alors le fils ne peut trouver aucune autre femme à la hauteur de sa mère...
Finalement, malgré toutes les preuves d'amour que je montre à mon fils, je me rends compte que je vis une résignation, pas une acceptation totale.
J'attends de ce site et de vous que vous me racontiez ce que vous vivez vraiment dans votre tête, pas seulement des réponses soft, qui rassurent et consolent, mais n'expliquent pas, n'aident pas à comprendre. Partager quelque chose de profond, d'analyser ce que l'on vit...
Merci.
madre

Cyril
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Message par Cyril »

Chacun aura une réponse différente à te faire, donc je me lance, mais biensur, ca n'engage que moi :
Cano a écrit :je voudrais savoir comment :
- arriver à dépasser toutes les interrogations qui me minent,
- toutes les émotions de malaise lorsque mon fils arrive à la maison avec son copain pendant une réunion familiale et que vous hésitez (comment le présenter : un ou son copain ?),

Je pense que ca peut être bien d'essayer de comprendre ce qui te pousse à être mal à l'aise. Est ce que c'est plutot le fait qu'il soit amoureux d'un garcon ? Est ce que c'est plutot le regard des autres, et notamment des gens qui comptent pour toi, qui sont proches de toi ?... etc
Cano a écrit :- lorsqu'on vous demande s'il a une fiancée,
Sans mentir, et sans dévoiler quelque chose, je pense que tu peux dire qu'il n'en a pas. Mais peut etre que le mieux est d'en discuter avec ton fils : comment voudrait il être présenter ? n'est ce pas à lui de présenter son copain ?
Cano a écrit :- lorsque des membres de la famille font des blagues idiotes (ce n'est pas pour les garçons coiffeurs....),
- lorsque je sens que mon fils est mal à l'aise (pourquoi sont-ils si intolérants ?) ou en colère (je ne veux plus jamais le voir, il est trop extrêmiste...en parlant de son père)
- quand je discute avec son copain actuel et que je le trouve si gentil, si "normal", que je me demande pourquoi il n'aime pas les femmes ...
- que la relation ouverte et tolérante des amis (hétéros) de mon fils est tout de même fragile, comme en borderline, prête à basculer...trop facile comme exutoire de penser que l'homosexualité, finalement est peut-être un perversité du caractère...
etc...

En ce qui me concerne, je pars du principe que je ne peux pas aider tout le monde. Ca ne dois pas etre évident d'etre homophobe (a différents niveaux), mais lorsque je tombe sur quelqu'un qui l'es, et qui ne cherche pas a comprendre, je passe mon chemin (ok, facile a dire, et pas forcement toujours facile a faire).
Pour etre plus clair, ce que je veux dire, c'est que l'homophobie des autres n'est pas "mon" probleme. Mon homophobie etait un probleme, parce que ca m'a empeché de m'assumer tel que je suis.. mais j'ai évoluer, et ca va bien aujourd'hui.
Quand une personne a une réaction de rejet, j'ai tendance a me demande pourquoi elle réagit comme ca. Et si je vois qu'il est fermé a toute reflexion sur le sujet, ca me fait un peu de peine pour lui, mais ca s'arrete la. Je ne vais pas culpabilisé parce qu'ils ont se probleme.
Tout ca pour dire que lorsqu'une situation comme celle la arrive, je ne me sens pas du tout victime. Je me dit plutot que la personne qui parle est victime d'une éducation, de clichés, etc.. et que ca changera sans doute un jour chez elle. L'homophobie est quelque chose qui peut "passer" (en travaillant sur soi, plus ou moins intensement selon les personnes)... pas le fait d'être amoureux.
Cano a écrit :Ah oui, j'oubliais aussi toutes les interrogations auto culpabilissantes :
- est-ce dû à l'éducation que j'ai donné à mon fils ?
- est-ce que j'ai raté quelque chose ?
- est à cause de mon divorce c'avec son père ?
- est-ce dû à mon propre comportement avec les hommes, avec son père, avec mon nouveau mari ?
- les psy ne vous rassurent pas : la relation mère-fils est primordiale, si la mère est figure d'idéalisation trop parfaite, alors le fils ne peut trouver aucune autre femme à la hauteur de sa mère...
La plupart des parents qui viennent nous voir se posent ce genre de questions. A mon avis, ils se les posent parce qu'on leur a appris, depuis tout petit, que c'est "mal" d'être homo, que les homos ont choisit ce qu'ils sont, qu'ils sont tous malheureux dans la vie (ou alors, tous fêtards...).
Du coup, on se dit que c'est en quelque sorte un "échec".
Maintenant, sur les "causes", je les ai moi aussi cherchées (parce que s'accepter tel que je suis, c'est a dire gay, dans une société qui nous affirme que "tout le monde est à priori hétéro")... Il y a eu, et il y a encore des milliers d'études sur cette question, depuis des siècles... et aucune n'a donner "la" réponse... On a eu droit a tous, meme aux trucs les plus farfelues. (qu'on soit homo, bi, ou hétéro, on a tous plus ou moins un père qui a été un peu absent à un moment ou a un autre, une mère un peu trop présente à un moment ou à un autre... du coup, ca entretien l'idée que c'est une "cause" expliquant qu'on soit homo... mais on oublie justement que si c'est le cas pour la plupart des homos, c'est aussi le cas pour la plupart des bi et des hétéros... surtout si on cherche a se convaincre de sa en fouillant dans des détails toujours plus "petits"... donc ca n'explique finalement rien à mes yeux)

Ce qui est sur en tout cas, c'est qu'un hétéro ne se demande pas d'ou vient le fait qu'il préfère les personnes du sexe opposé... que les gens qui prefère les blond-e-s, les personnes grandes, les roux, ..., ne se demandent pas non plus pourquoi.
Ce qui est sur aussi, c'est que le jour ou j'ai arreter de "chercher une cause", ma vie a été beaucoup plus simple à gérer.

Peut etre qu'il y a des "causes" (génétiques, d'éducation, liées aux rencontres qu'on fait dans la vie) qui expliquent pourquoi on devient hétéro, bi, ou homo... Mais dans tous les cas, ca ne changera pas les faits...

Ce qui pose peut etre probleme, c'est donc sans doute (a mon avis), l'aspect "il va etre malheureux", qui explique (a mon avis toujours) cette culpabilité. Mais objectivement, je suis gay, et je suis heureux : c'etait pas évident a admettre au debut, mais maintenant, je le vis bien, et ca ne me pose aucun handicap dans ma vie, aucun rejet (meme si on croise tous, dans la vie, des gens racistes, homophobes, sexiste... perso, sans etre "étranger" ou "femme", je n'accroche de toute facon pas avec ces gens, donc ce n'est pas un probleme... et ce n'est pas "parce que je suis homo" que je ne m'entend pas avec eux).
Finalement, malgré toutes les preuves d'amour que je montre à mon fils, je me rends compte que je vis une résignation, pas une acceptation totale.
J'attends de ce site et de vous que vous me racontiez ce que vous vivez vraiment dans votre tête, pas seulement des réponses soft, qui rassurent et consolent, mais n'expliquent pas, n'aident pas à comprendre. Partager quelque chose de profond, d'analyser ce que l'on vit...
Juste une question : est ce que tu espère encore que ton fils change et devienne "hétéro" ?
En tout cas, n'hésite pas a poser des questions, même des questions que tu trouve "hard"... ce forum est aussi la pour ca. Se retenir de parler de ce qui pose vraiment probleme en nous, c'est jamais bon.

Si il fallait donner des points "négatifs" (parce qu'effectivement, parler uniquement de ce qui est "beau", c'est pas tres constructif), le coté "noir" de ma vie (mais bon, j'ai eu de la chance par rapport a d'autres), c'est la période pendant laquelle j'ai du admettre que j'étais gay. Et la deuxieme periode difficile, c'est l'époque ou je prenait chaque remarque comme une attaque contre moi, et non comme une souffrance, une peur, une incompréhension de la part de celui qui lance la remarque, et qui bien souvent, n'ose pas poser de questions, de peur d'etre ridicule aux yeux des autres (et c'est bien dommage !).
Cyril.

Zag
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Message par Zag »

Salut

Le départ il me semble, c'est quand l'on vit dans le non dit que cela enclenche des situations comme tu le décris. Mais dans la vie c'est pour toute situation où l'on peut se sentir marginal par rapport au plus grand nombre, l'on se dit qu'il peut y avoir rejet des autres. Exemple un handicap, une maladie, une éthnie différente, une vie particulière par rapport à l'environnement plus conforme des gens d'un groupe etc....
C'est à voir aussi avec la personne concernée, où elle en est avec le fait d'assumer ce qu'il vit et comment elle veut se présenter aux autres.

Durant des réunions, il y a souvent des blagues blessantes et cela peut toucher tout le monde même pas particulièrement Gay... J'entends souvent des blagues sur les Gays, des idées sur eux assez rabaissantes ou subtilement rabaissantes,ou sympas aussi. En ce qui me concerne je me présente en tant que moi dans ma totalité, mon orientation n'est pas au premier plan de mes préoccupations de gestion de mon évolution à tous les niveaux de ma vie. Comme j'assume maintenant et suis tranquille avec ce qui est normal et ce qui ne l'est pas sexuellement(d'ailleurs mes idées sur les normes ont toujours été très souples), la lourdeur de certains propos, ne me concernent pas, indique comme le disait Cyril, le malaise de ceux qui les prononcent. De toute façon je m'arrange pour ne pas cotoyer systématiquement des "relouds", il y en a de partout des gens ouverts aussi. En societé on va vers qui nos pensées, nos émotions, notre intellect, notre altruisme nous mène.

La culpabilié c'est pas facile, à mon avis on se sent coupable pour plein de choses en tant qu'individu. C'est comme si l'on avait des comptes à rendre à quelqu'un, mais c'est qui ce quelqu'un en fait ?
Je me sens responsable de mes actes et non de ceux des autres, par contre je me sens concerné quand quelqu'un a besoin d'aide et non culpabilisé quand je n'arrive pas à l'aider, j'aurais essayé.


La morale, le normatif sont partout plus ou moins cachés, les psy aident aussi mais ils sont aussi le reflet de toute une societé d'hommes avec des conditionnements et d'idées preconçues sur ce qui doit-être ou pas... Mais l'individu prouve chaque jour que les normes sont que dans la tête des gens et que la nature dans sa globalité ne suit pas les lois des "hommes".
A bientôt Zag
"si nous demeurons aux deux extrémités, comment pouvons nous en comprendre une ?"
" La moindre chose contient un peu d'inconnu. Trouvons-le."G.M.

Zag
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Message par Zag »

Salut

Une petite pensée en plus....Je crois que toute situation où le rejet de l'autre se met en place, nous renvoie à notre propre attitude de rejet par rapport à ce qui apparait comme non conforme au groupe majoritaire.

Une amie nous disait, que durant un cancer elle c'était ressenti rejetée par son entourage de façon très insidieuse.Et ceci est courant dans notre societé, elle ne concerne pas que les Gays en l'occurence.Cest pour cela que je pense que c'est plus dans le fonctionnement des "hommes"de façon génèrale qu'il faut regarder, ce qui peut permettre de prendre pas mal de recul par rapport à leur intolérance par moment......Zag
"si nous demeurons aux deux extrémités, comment pouvons nous en comprendre une ?"
" La moindre chose contient un peu d'inconnu. Trouvons-le."G.M.

Andrée
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REPONSE A UNE MÈRE

Message par Andrée »

Bonjour, Cano.
Une réponse de la part d'une maman dont le fils de 30 ans a révélé son homosexualité il y a désormais 10 mois.
Celà faisant 6 ans qu'il la taisait. 6 ans de non-dits et de souffrance pour lui.
Des réponses à tes questions sur le forum tu en auras, comme j'en ai eu (et crois moi elles sont d'un grand secours) des réponses oui mais pas des solutions parce que les solutions c'est toi qui les trouvera avec le temps.Toutes les questions que tu formules dans ton message je me les suis posées moi aussi. La première et l'essentielle
-"ou ai-je "merdé ?"
- qu'ai je fais ou pas fais,
- pourquoi moi, pourquoi lui,
- ai-je été trop présente, trop trop, ou bien pas assez .. ?
Le plus important je pense c'est d'admettre que TU N'Y ES POUR RIEN, les mamans ne sont pas des hyper puissances qui peuvent tout régir, tout régenter, tout diriger (si tel était le cas, nous aurions fait tout notre possible pour ...)
Et surtout le plus dur c'est d'accepter que le bonheur de ton enfant passe bien avant la réalisation de TES REVES, TES PROJETS.
Je te dis celà parce que c'est le travail que j'ai dû faire pour ma part. Accepter que son enfant aille sur un chemin que tu n'avais pas envisagé, prévu, rêvé, faire le deuil de tout un tas d'images.
Mais vois-tu ce qui aide dans ces moments là, c'est son regard, qui te rassure, et lorsque tu as réussi à calmer tes peurs, tes angoisses, qu'il te prouve qu'il est heureux, serein, stable, qu'il vit (comme c'est le cas pour mon fils, une belle histoire depuis 6 ans, mais je sais bien que ce n'est malheureusement pas toujours ainsi) alors tu peux faire un pas de plus.
En ce qui concerne les autres. L'instinct de maman te fait tout de suite sentir ceux avec qui tu peux partager celà. A éviter les intransigeants, les trop carrés, les "moi si c'était mon enfant" ... et à éviter surtout aussi les compatissants, les mielleux, les "ma pauvre ..." comme si ton enfant était atteint d'une maladie incurable. A éviter aussi les curieux malsains. Enfin ceci n'est bien sûr pas une liste de conseils, c'est tout simplement un témoignage. Voilà tu vois moi j'en suis là, le regard des autres, et bien je te promets ces regards là, je m'en fous désormais.
Tu a avancé un peu vite que moi. Je ne connais pas encore son ami, ils vivent tous deux assez loin de chez nous. Pour celà il me faut encore du temps. Je l'ai déjà vu en photo. Qu'ai je ressenti, je ne sais pas c'est bizzare mais en fait pas grand chose. C'est comme si j'avais vu un copain parmi tant d'autres, Je ne sais pas. Suis-je en celà dans le déni ? Je ne pense pas. Sa vie est sa vie, et non la mienne. Je suis là, nous sommes là pour lui, et pour l'instant c'est ce qui compte. Nous dialoguons souvent et longtemps mais lorsqu'il vient à la maison (un fois par mois) il vient pour l'instant tout seul. Tu vois sur ce point, pas de solution encore pour moi.
Allez. Courage.
Bisous.
ANDREE.

Cano
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Message par Cano »

Bonsoir à tous,
J'ai beaucoup apprécié les réponses directes à mes interrogations.
Mais j'ai été prise tout à coup d'une boulimie panique et un besoin immense de lire grand nombre de témoignages de votre site...
Le fait qu'ils soient classés par thèmes aide à diriger ses attentes, mais je suis passée d'un thème à l'autre selon les réponses et les expériences que je lisais.
Bref, très constructif votre site !
Néanmoins, j'ai quand même perçu beaucoup de souffrances, de frustrations des uns et des autres (homos ou familles d'homos).
Vivre, faire accepter ou accepter sa différence n'est pas chose facile dans notre monde, quand même.
Il y a presque un passage obligé par cette période douloureuse que certains (peu en réalité) disent avoir complétement dépassé.
Pour ma part, je ne suis pas coincée par de quelconques à priori (et pourtant...), j'ai eu quelques couples d'amis homos, ou cotoyé des homos de près ou de loin. Je n'en éprouvais aucune gêne (quoique...), mais espèrais tellement être assez ouverte, tolérante et humaine pour n'y voir aucune extravagance.
Sauf, dans le cas d'amis homos très efféminés ou masculinisés, car je ne comprenais pas pourquoi ils ne se sentaient pas bien dans leur peau d'homme ou de femme. Je parle uniquement de ceux qui avaient des manières presque caricaturales.
Mais voilà, mon fils est homo et il faut bien que je vive avec.
Des questions restent encore à travailler, comme : est-il homo pour toujours ou bi ou amoureux tout simplement de garçons ?
Vos témoignages prouvent que nombreux sont ceux qui ont vécu plusieurs vies et comportement différents.
Ceci dit, ce n'est pas un problème essentiel en soi.
J'en discutais avec ma grande fille qui est au courant et qui se pose les mêmes questions que moi sur son frère.
Elle me disait que c'était difficile à vivre car elle craignait que son frère ne soit "catégorisé" comme hors norme.
Je me suis entendue lui répondre que moi, ce qui me génait était plutôt qu'il soit dans une "norme différente, exclusive".
Permettez-moi de m'exprimer de façon très ouverte et directe.
En effet, si l'on pense que les hétéro sont "simplement" et "normalement" hétéro, c'est que l'on veut s'aveugler.
Car enfin, regardez les films pornos (je ne suis pas très adepte, mais tout de même j'en ai vu une dizaine dans ma vie).
Et dans tous ceux que j'ai vu, il y a forcément une scène où deux femmes font l'amour ensemble, devant le regard d'hommes ou de femmes exités par cela. Et le physique et le comportement des hommes jouant dans ces films peuvent induire des préférences sexuelles pas aussi claires (hétéro) que cela.
Je n'ai nullement envie de m'immiscer dans la sexualité de mon fils, ni même de ma fille avec son copain.
Les parents n'ont pas à s'en mêler, comme les enfants n'ont pas à s'immiscer dans celle des parents.
Mais je vous avoue que lorsque mon fils m'a annoncé par lettre qu'il était amoureux d'un garçon, mais "que ce n'était pas sexuel", j'ai eu mal, mais un moindre mal. Je me disais qu'il était sensible au charme de "quelqu'un", qu'il vivait une expérience, pourquoi pas ?
Il a choisi des études pas traditionnelles, que j'ai accepté facilement et même avec bonheur (socio/ethologie/ histoire des arts vivants). Donc une vie et vision de la vie très ouverteet tolérante sur les autres.
Mais moindre mal par rapport au jour, où j'ai découvert en rangeant sa chambre une jaretelle avec le prénom de son copain de l'époque, qui lui, était plutôt éfféminé et sûrement avec un trouble de l'identité sexuelle plus que d'orientation de sexualité.
Le temps a passé, mon fils a changé de copain. Mes doutes ont repris. Pourquoi ?
Vous allez finir par trouver mes interrogations indécentes, mais j'avoue que j'accepterais et comprendrais mieux une bisexualité, comme une forme justement de tolérance et non de cloisonnement.
Je pense que je vais reprendre ma lecture de vos témoignages.
Comme pour garder le lien vital avec mon fils.
Merci en tout cas de faire exister votre association.
madre

bikounet38

Message par bikounet38 »

Tu peux même dire vos associations ;-)

Andrée
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REPONSE AUX QUESTION D'UNE MÈRE

Message par Andrée »

Bonsoir Cano,
Loin de moi l'idée (très loin même) de vouloir que l'homosexualité soit "le pays de Candy"
Ceci n'est pas un conseil encore moins. Mais le témoignage d'une expérience. J'ai eu moi aussi, très peu de temps, des images qui sont venues parasiter mon esprit. Des images qui n'avaient pas leur place dans mon esprit de maman. Je me suis beaucoup questionnée et avec l'aide de ma psy (hé oui au bout de 56 ans, il n'est jamais trop tard :cry: ) J'ai essayé d'analyser pour les effacer ces images, et j'y suis parvenue assez vite tout simplement en admettant que le petit homme que l'on avait mis au monde, la chair de sa chair avait LE DROIT d'avoir une sexualité, la sienne. Je ne parle pas bien entendu de ceux qui malheureusement ont une sexualité comment dire un peu hors norme faite de déviances et de pervisité, (oui celà existe aussi) mais là je ne suis pas assez compétente pour en parler, donc je ne me le permettrais pas. Je parle d'une sexualité différente de la nôtre (la mienne en tout cas) Différente, avec ces jeux, et tout et tout.
Les hétéros ont eux aussi, dans le secret de leurs alcôve des jeux, oui des jeux... Pourquoi pas. En parlant librement avec des amies hétéro, elles m'ont confié que quelquefois ces jeux augmentent le désir, le plaisir, mais tout celà n'appartient qu'à l'intéressé. Oui mais voilà l'intéressé en question c'est notre enfant et c'est là où le bât blesse.
Le film "L'empire des sens" est un bel exemple. Mais je pense que, et c'est une manière définitive de "couper le cordon" qu'il faut admettre que notre "petit bout" est désormais un homme, et que le "secret de son alcôve" lui appartient. (un long chemin à faire ;) Un peu comme le père qui conduit sa fille vers l'hôtel pour la confier aux bras de celui qui sera son époux. Elle est désormais une FEMME.
Tant qu'il restera UN HOMME (je veux dire quelqu'un de droit, honnête, respectable, juste) Le reste ne nous regarde pas. Mais c'est peut-être difficile pour une mère (celà l'est encore pour moi, je te rassure, tu n'es pas seule) d'admettre que SON enfant a un jardin secret, dans lequel, désormais, elle ne peut, et ne doit pas entrer.
A la maman, les dialogues, les rires, ou les pleurs et tout le reste, à l'exception des "secrets".
Il en serait de même, s'il était hétéro. Il vivrait avec une femme sa sexualité.
Après il y a toutes les autres questions.
Le regard des autres, etc..
Mais comme m'a dit mon fils. "Maman je suis de taille à me défendre tout seul". Comme il a raison et comme je suis fière de le voir pendre sa vie et son destin à bras le corps.
A Bientôt.
Amitiés.
ANDREE.

Mirica
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Message par Mirica »

bonjour cano,

Je viens de lire tout ce qui a été dit sur ce post, et c'est exactement ça ...

Je suis une maman d'un adode 17 ans qui m'a dit qu'il était hom (bi au début) alors qu'il venait de feter ses 16 ans.

Des questions, de la culpabilité, des regrets, des remords, je suis passée par tout ca, c'est normal on se demande toujours pourquoi ?

J'ai cherché, j'ai analysé ce qu'on avait fait pendant son enfance, sa période d'ado, ... et puis finalement, je me suis dit qu'il y en a plein des comme lui et qui sont hétéros ...

C'est difficile de se dire c'est comme ca et pas autrement, je comprends,
mais comme beaucoup t'ont dit, ca ne sert pas à grand chose, c'est ainsi et ce qu'il faut surtout se dire, c'est qu'il a besoin de nous

Je ne sais pas quel age a ton fils, mais je pense que les enfants restent toujours un peu des enfants a nos yeux,
on doit etre là pour les soutenir...

En ce qui concerne la durée pour accepter ou pas, ca dépend
mais je pense ce qu'il faut retenir, c'est que tu est là, et donc prête à vouloir accepter, c'est déjà beaucoup

y a des parents qui ne cherchent pas à comprendre, toi oui, et ca c'est une grande qualité

laisse toi le temps, ne brusque pas les choses, pose toi des questions, cherche y des réponses, c'est normal et je pense un passage obligé

En ce qui concerne son bonheur, c'est bien normal d'etre inquiete, mais dis toi bien, qu'il sera surement plus heureux en s'assumant et en s'accpetant tel quel ... et encore plus s'il sait que l'on le comprends

Moi, j'avance tout doucement, chaque chose en son temps...

Je te souhaite beaucoup de courage
bises

Cano
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Message par Cano »

Merci Mirica,
Suite de mon périple interrogatoire angoissé...
J'ai découvert sur internet beaucoup d'autres sites similaires à celui-ci.
Des livres, articles et des blogs sur le thème de l'homosexualité...
J'ai trouvé de tout, des sérieux, des loufoques, des ridicules (pour moi, car ils ridiculisent le fait d'être homo).
Hier matin, sur France culture, il y avait même une très bonne émission sur ARCADIE, association pour l'homophilie qui a existé en France entre 1960 et 1982.
De quoi me rassasier de réponses !
Mais comme je n'en suis qu'au début de l'assimilation volontaire de maman d'homo, je dois faire de la résistance psychique, et n'est retenu de tout ce grand package d'informations celle-ci :
"Début d'explication freudienne :
Freud a donné une première approche de l'homosexualité. Selon lui :
Pour la fille, l'homosexualité résulte d'une fixation infantile à la mère et d'une déception à l'égard du père.
Pour le garçon, l'homosexualité survient après la puberté, quand s'est instauré durant l'enfance un lien intense entre le fils et sa mère. Au lieu de renoncer à elle, celui-ci s'identifie à elle, se transforme en elle et cherche un homme qui puisse le représenter et qu'il puisse aimer comme il a été aimé par sa mère."
Pourquoi est-ce cette option qui me parle plus ?
Parce que mon fils a choisi vers l'âge de 20 ans de prendre mon nom de jeune fille. Il a quand même gardé son nom patronymique en premier, puis tiret et le mien accolé. Depuis, tous ses documents officiels comprennent son nom composé.
Il choisi des copains (j'en ai connu 3) qui lui ressemblent...
Vous me direz... a quoi me servent toutes ses tentatives d'explications ou de recherche de cause ?
Je pense que s'il prend conscience de son cheminement inconscient, il pourra vivre mieux son homosexualité, comme un désir et non comme un choix qui s'est imposé à lui.
madre

Zag
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Message par Zag »

Salut
Tu chemines vers ton fils peu à peu et récolte pas mal d'info...
Pourquoi veux tu savoir, pourquoi ton fils est homo? C'est très important pour toi?

Je pense en ce qui me concerne,que freud avait un discours un peu simpliste et entaché d'apprioris et de moralité, il faut dire qu'il était dans une époque truffée de "tabous".

Comprendre son chemin inconscient, s'il en a conscience? Imposé et non un choix véritable?
Même être hétéro n'est ce point un cheminement inconscient, est ce un choix véritable?


La sexualité de façon globale n'est pas aussi claire que dans les catègories où on les cantonne.Les psy parlent de névroses comme constituant notre personnalité pour tout les individus, en sommes nous bien conscient?...Zag
"si nous demeurons aux deux extrémités, comment pouvons nous en comprendre une ?"
" La moindre chose contient un peu d'inconnu. Trouvons-le."G.M.

Cano
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Message par Cano »

Bonsoir,
Aujourd'hui, j'ai lu que certains psy pensent que tout le monde est bi de façon naturelle à la naissance. Puis la sexualité se met en place peu à peu, organisée par l'éducation, la culture, les rencontres.
Pourquoi certaines personnes ne sont attirées que par le même sexe ?
Pourquoi nombreux hétéros sont attirés par des expériences homos, sans passer à l'acte mais au travers de films, lectures, fantasmes ?
Comme me disait mon fils, le problème n'est que sexuel finalement, le problème est : pourquoi une personne semblable nous attire ?
Pourquoi dans le cas des homos, c'est leur propre image qui les attire au point de ne pas supporter une image, un corps différents ?
Je pense avoir élevé mon fils du mieux que j'ai pu, je pense qu'il ést ouvert et tolérant. C'est vrai sur plein de plans, mais il est coincé quelque part, puisqu'il ne "peut" plus avoir une relation amoureuse avec une femme.
Il les voit comme des amies, ou des soeurs.
Il est heureux avec son copain, car il est pareil à lui.
C'est très dur à comprendre et à accepter.
madre

bikounet38

Message par bikounet38 »

Pour le garçon, l'homosexualité survient après la puberté, quand s'est instauré durant l'enfance un lien intense entre le fils et sa mère. Au lieu de renoncer à elle, celui-ci s'identifie à elle, se transforme en elle et cherche un homme qui puisse le représenter et qu'il puisse aimer comme il a été aimé par sa mère."
Vu mon expérience perso, je ne me reconnais pas du tout dans cette description, puisque je savais bien avant la puberté que j'étais attiré par les hommes.
J'ai eu une seule femme dans ma vie, que je pense avoir aimé, du moins au tout début.

Je suis content que tu puisses dire ce que tu ressents, car c'est ce que pensent beaucoup de gens.
Il est heureux avec son copain, car il est pareil à lui.
C'est très dur à comprendre et à accepter.

Homsexualité mise à part, j'ai toujours aimé la diversité, donc être attiré uniquement par des personnes semblables à moi, me feraient un peu peur... Et puis, je n'aimerais pas vivre dans une société de clones ;-)

Etre homosexuel ne se choisit pas, sinon on aurait choisi un chemin plus aisé, je pense ;-)
Pour moi, ce n'est pas un problème non plus. C'est l'accepter qui peut l'être parfois (qu'on soit parent ou homo soi même), pas l'état en lui même.
Et rassure toi, toutes ses questions, d'autres se le posent.
Il faut du temps pour cheminer...

Zag
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Message par Zag »

Salut
Tu penses que ton fils est "coincé", qu'en pense ton fils il se reconnait dans cette description?

Je pense que c'est un peu habituel les questions que tu te poses, mais je pense que ni le spsy, ni les homos ont le secret de la compréhension de ce que la nature nous a insufflée.

Aimer les hommes, les femmes, le plus important est déjà arriver à aimer et cela ce n'est pas facile qu'en penses tu?Pour le reste, c'est une question de societé,de politique, d'éducation ciblée dans un sens ou l'autre et de la place laissée à la réalité qu'est la différence multiple ,dans le règne des "hommes".
...Zag
"si nous demeurons aux deux extrémités, comment pouvons nous en comprendre une ?"
" La moindre chose contient un peu d'inconnu. Trouvons-le."G.M.

Cano
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Message par Cano »

Bonjour Andrée, Mirica, Bikounet, Zag...
Vos réponses de mères ou d'homos sont importantes pour moi.
Je cherche à comprendre pour mieux accepter.
Dans la vie de tous les jours, cela paraît facile tant que le cercle est restreint, au niveau familial (les très proches), au niveau amical (les amis de mon fils). Pour élargir le cercle, je sens que j'ai des difficultés.
J'aimerais dire à tous ceux qui sont dans mon environnement, pas comme une annonce officielle, mais au fur et à mesure des occasions qui se présentent :" oui mon fils est hosexuel, et il est heureux".
Mais je vois bien -même à l'écriture de cette phrase- comme cela pourrait m'être difficile.
Je préfèrerais "adoucir" en disant : "mon fils a un copain", comme si je disais "il a une copine".
Du coup, cela fait moins figé, plus transitoire. Il n'est pas au bord du mariage ou de l'attachement décisif...
Lorsque je dis qu'il ne peut supporter différent à lui-même, je parle du corps d'un humain.
Son premier copain ne lui ressemblait pas, ni physiquement, ni psychologiquement. Il était un peu efféminé physiquement (sans confusion possible quand même), et très féminin dans ses sensibilités et ses expressions verbales, physiques...
Je l'ai apprécié en tant qu'ami, même encore après sa rupture avec mon fils, et je reconnais ses qualités.
Mais j'avais du mal à accepter que mon fils soit amoureux de lui.
Les deux autres copains qui ont suivi, se ressemblent et ressemblent à mon fils. Plus "baba cool", pas efféminés, mais doux et sensibles.
L'actuel est très gentil.
Ils vivent à la maison depuis 2 semaines, car ils aménagent leur futur logement.
Cela pourrait paraître simple. Mais mon mari n'apprécie pas trop, pourtant, après quelques discussions, il accepte ma position. J'aide mon fils comme j'ai aidé ma fille (elle aussi a aménagé une maison, et a vécu chez moi avec son copain pendant un an).
Mon mari a du mal à vivre cette situation. Je sais que cela le met mal à l'aise. Comme je l'ai dit plus haut, c'est la peur du cercle élargi. Tant que l'on est "entre nous" ou en cercle de très proches (ceux qui savent), ça va.
Peu à peu, j'espère que je passerai les étapes...
mais je sais que cela ne se fera pas sans douleur...
madre

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