Une vie de placard

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bluerodger
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Une vie de placard

Message par bluerodger »

Voici mon histoire : j’arrive a la cinquantaine. Je suis dans un métier ou c’est très mal porté d’être gay. Sans avoir été moi-même homophobe, j’ai vécu dans un milieu qui l’était tout en étant assez ouvert par ailleurs. J’ai sublimisé mes attachements tant masculines que féminines. Très bon copain mais très pudique des qu’il s’agissait d’entamer des questions plus intimes. Je mettais cela sur le compte de ma timidité et aussi sur le fait d’éviter de m’engager affectivement. (Comment gérer ça en famille, on me disait toujours qu’on ne rencontre pas la femme de sa vie au lycée, et a mon époque les couples de gays étaient super marginaux ou invisibles et attiraient plus de la commisération que de la haine). Impossible donc de m’imaginer seulement cette hypothèse. Je me mentais au point de ne pas imaginer une seule seconde que je pouvais être gay. Ayant l’impression que le sexe, c’est pas mon truc, je me disais que la vraie vie, c’est de s’engager dans des projets de recherche altruiste. J’ai voulu être compositeur puis chercheur en mode super investi. Je me disais que je trouverais bien un jour l’amour de ma vie.
J’ai presque 50 ans, j’ai des tonnes de relation, quelques bons amis. Seul un ou deux savent ce que j’ai fini par découvrir : « ma part d’homosexualité ».
Je refuse aussi cette idée d’une identité qui me résumerait. Mais j’ai fini par comprendre que même si ce n’est pas une identité totalisante, c’est beaucoup plus qu’une simple couleur des attractions comme le goût des couleurs qui ne se commande pas.
Par ailleurs, il y a tellement de type d’homosexualité, certaines avec lesquelles je me sens tellement étranger que cette idée d’appartenance a ses limites. En revanche je perçois et comprends mieux les gays « de mon type ».


Je les vois comme plus sensibles ou différemment sensibles de la population generale. Plus sensibles aux sentiments des minorités, plus spirituels aussi, plus créatifs. Ce ne sont pas des clichés : c’est le résultat de mon expérience. Et je peux me tromper. Ceux-ci, sans être timides ni prudes, ne versent que rarement dans l’excès ou même la culture qui monopolise parfois l’image des LGBT. Même si ils les considèrent comme nécessaires et pour renverser la vapeur de l’homophobie intériorisée ou même idéologisee .

J’ai commencé comme titus une psychothérapie pour sortir de mes mensonges. Le mensonge principal étant cette sublimisation ( qui n’est pas la sublimation de Freud) qui enferme des personnes généreuses dans des altruismes mortifères.

Désolé d’avoir été trop long. D’autres lecteurs perçoivent ce que je dis ?

Titus
Messages : 252
Inscription : 16 juin 2022 22:34

Re: Une vie de placard

Message par Titus »

Bonjour

Bienvenu à toi sur le forum.
Tout d'abord, je m'identifie à ton introduction sur des projets altruistes, moi aussi, j'ai cette sorte de sensibilité avec les autres.
Moi aussi je suis homosexuel depuis toujours !

Etre homosexuel et s'identifier comme tel est tout un processus en soi, qu'une personne hétérosexuelle ne connaitr pasa, parce qu'être hétéro va de soi.
C'est un processus que l'on appelle coming-in (dire à soi-même que l'on est gay ou lesbienne).
Personnellement, je me disais que j'étais homosexuel à 12/13 ans voire dès l'âge de 10/11 ans, mais je n'arrivais pas à l'accepter.
J'ai vraiment galéré avec tout ça, il m'a fallu plus de 30 ans et une vie de couple hétérosexuelle pour finir par comprendre que je suis gay et je le suis depuis la plus jeune enfance.

Quand tu dis
Je refuse aussi cette idée d’une identité qui me résumerait. Mais j’ai fini par comprendre que même si ce n’est pas une identité totalisante, c’est beaucoup plus qu’une simple couleur des attractions comme le goût des couleurs qui ne se commande pas.
C'est vrai et c'est faux. Ca dépend des gays et lesbiennes !
- C'est vrai, parce que beaucoup de gens nous résument à des stéréotypes quand on dit que l'on est gay, certaines personnes ne voient plus qu'un gay et non une personne avec une belle personnalité, donc c'est génant de se coller l'étiquette gay.

- C'est faux en même temps[ , parce que moi, j'ai vraiment besoin de résumer par moment mon identité à mon homosexualité, car elle a tellement conditionné certains de mes comportements : comme la honte, le dégoût de moi-même, mon malaise avec les gens, mon mal-être au contact des filles, ma très grande timidité avec les filles, la fuite dans les études et le boulot, la peur au ventre quand j'étais ado que les autres découvrent que j'étais très attiré par les garçons etc.
Cette homosexualité m'a tellement impacté dans ma vie, qu'il est bein de mon point de vue de me reconnaitre enfin pleinement homosexuel.
Ce n'était pas juste des fantasmes homo-érotiques que j'avais, mais mon homosexualité est une partie importante de mon identité depuis ma plus jeune enfance.

J'ai fini par en prendre conscience en psychothérapie, je ne dois pas taire mon homosexualité, parce que c'est moi, et j'ai aussi les mêmes droits qu'une personne hétérosexuelle à ne pas cacher mon orientation sexuelle aux autres !

QUand tu dis :
Par ailleurs, il y a tellement de type d’homosexualité, certaines avec lesquelles je me sens tellement étranger que cette idée d’appartenance a ses limites. En revanche je perçois et comprends mieux les gays « de mon type ».
Je suis d'accord, chacun a son propre parcours et sa façon de vivre son homosexualité.
Certains ont besoin de vivre dans la communauté "gay" et ne plus en sortir.
Certaines personnes refusent aussi d'avoir des amis hétéro (c'est extrême) mais ayant tellement vécu dans le rejet, il y a un fort ressenti envers le reste de la société.
D'autres vont s'investir dans des associations lgbt etc.
D'autres vivent très bien en étant gay/lesbienne en dehors de toute communauté gay. C'est mon cas.

Quand tu dis :
J’ai commencé comme titus une psychothérapie pour sortir de mes mensonges. Le mensonge principal étant cette sublimisation ( qui n’est pas la sublimation de Freud) qui enferme des personnes généreuses dans des altruismes mortifères.
C'est une bonne chose, la psychothérapie peut t'aider à comprendre qui tu es réellement au fond de toi et aussi t'aider grandement et petit à petit à vivre avec ton homosexualité pour finir par comprendre que l'homosexualité est tout aussi naturel que l'hétérosexualité.

Moi aujourd'hui, je suis bien dans ma peau de garçon homosexuel, si c'etait à refaire, je voudrais être à nouveau homosexuel mais cette fois ci en m'acceptant dès ma pré-adolescence.

Aujourd'hui, je préfère être homosexuel qu'être hétérosexuel, pour moi, je ne peux plus imaginer que ma personnalité puisse correspondre à celle d'une personne hétérosexuelle. J'ai appris à aimer ma personnalité et ma personnalité est tellement mieux et plus belle à mes yeux en version homosexuelle qu'en version hétérosexuelle.

En conclusion, de l'homosexualité, il peut émerger de très belles personnalités.
Je n'aurais jamais penser pouvoir dire ça un jour tellement j'ai été dans le rejet de mon homosexualité dans le passé.

Bonne continuation pour la suite.

bluerodger
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Inscription : 28 janv. 2024 13:51

Re: Une vie de placard

Message par bluerodger »

Merci beaucoup Titus,
Ça m’encourage beaucoup pour poursuivre mon coming-in comme tu dis. Je n’ai que 3 ou 4 personnes qui sont au courant pour moi, car le coming-out ruinerait beaucoup de choses pour moi. La société est plus ouverte heureusement mais il y a encore de sacrées poches de résistance.

Parfois je me demande même si l’acte sexuel a tout à fait le même rôle pour nous que pour un couple qui n’a pas vécu dès son enfance cette négation profonde de soi.

En lisant divers témoignages ici, j’ai l’impression en effet que mon attrait des garçons était antérieur à ce que je pensais. Étant également tombé plusieurs fois amoureux de filles et depuis la maternelle , je n’arrivais pas à voir que ma facilité plus grande d’être avec des garçons, surtout à l’adolescence, venait en fait d’une attirance d’un autre type que l’affinité masculine si commune à cet âge.

C’est la première année de ma vie que je commence à ne pas prendre cette condition pour une malédiction mais… comme tu dis, pour une identité.


Une dernière question : si je devais partir loin faire un break pour me retrouver, qu’est-ce que tu conseillerais comme destination et comme type d’activité. J’y pense de plus en plus.

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