questionnement de maman d'un jeune enfant peut être non binaire

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laowyn
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Inscription : 09 mars 2023 10:13

questionnement de maman d'un jeune enfant peut être non binaire

Message par laowyn »

Bonjour

merci pour votre accueil.

Voilà mon fils de presque 9 ans est un grand "petit" homme épanoui qui ne se pose nullement de question sur qui il est contrairement à moi sa petite maman...

Avec son papa nous l'avons toujours élevé dans un esprit ouvert où tous les garçons et les filles peuvent s'habiller, se comporter et jouer à tout sans restrictions liées au genre. Cela a été très important pour nous mais cela a été aussi accentué par le fait que notre fils est très attiré par les standards féminins depuis tout petit: chaussures à paillettes, vêtements colorés, cheveux long... nous l'avons suivi dans ses attentes et émotions. Nous lui avons expliqué la différence entre la déclaration à la naissance liée à la génétique et qui on est.
Nous lui avons expliqué que certaines personnes attendent des choses d'un garçon et d'autres choses des filles... qu'il pouvait être qui il voulait mais que les différences des standards étaient difficiles pour certains à accepter (moqueries....)
Dans la rue beaucoup de personne parle de lui genré au féminin (grand, élancé, cheveux long, beaux comme un dieu en toute modestie lol). Cela l'indiffère complètement car il se définit de lui même comme étant ni garçon ni fille par moment, ou les deux à la fois par d'autres ou l'un ou l'autre.
Pour ma part, cela est compliqué à entendre et difficile pour moi de ne pas reprendre les personnes. Je culpabilise d'ailleurs de cela, de ce manque d'ouverture d'esprit de ma part...
A l'école primaire il vit ouvertement et pleinement qui il est. Il y a eu un incident avec moqueries et jeux maladroits du fait qu'il ait exprimé ouvertement "vouloir apprendre à être une fille pour avoir leur manière et leur souplesse" (ne me demandez pas pourquoi selon lui une fille est plus maniérée et plus souple qu'un garçon;),) J'ai interpellé les parents qui pour la plupart n'avait jamais abordé ce qu'était le genre d'une personne, différent de la biologie d'une personne.

Je me pose 1001 questions sur lui et son avenir et ce que je lui transmets:
peut on être non binaire ou queer fluide à 9 ans? (je ne sais pas si j'emploie le bon vocabulaire)
Dois je reprendre les personnes qui le genre au féminin si cela me dérange même si lui cela ne le dérange pas? En faisant cela, ne vais je pas le pousser malgré lui à finir par se genrer au masculin? (quand je lui en parle de cela, il me dit: mais maman toi aussi tu peux être qui tu veux et si ça te dérange tu peux dire que je suis un garçon : il est extrêmement voir trop empathique pour son âge depuis longtemps d'ailleurs )
est ce normal que ce soit si difficile pour moi de le suivre dans sa fluidité?
comment va être son futur avec directement ce type de complication par la société?
pour moi il reste mon petit homme (petit surnom depuis longtemps), mais dois je trouver autre chose ou dois je attendre que ça vienne de lui ( ce qui fera que le changement sera d'autant plus difficile s'il y a changement bien sur)

dans l'idéal nous aimerions rencontrer des jeunes et des parents qui se questionnent ou se sont questionnés sur le genre ou non genre de leur enfant, mais nous n'avons rien trouvé en association près de Thonon ou Evian

bref des questionnements de maman dont l'enfant a déjà souffert de sa différence par moment et d'autres moment non....

merci d'avance pour vos retours

Titus
Messages : 252
Inscription : 16 juin 2022 22:34

Re: questionnement de maman d'un jeune enfant peut être non binaire

Message par Titus »

Bonjour
Alors pour la majorité des enfants l'identité de genre va de soi avec leur sexe biologique et ne se poseront jamais de questions.
En revanche une minorité d'enfants vont traverser des difficultés à s'identifier dans le genre attribué à leur naissance.
Je ne pourrais pas dire pourquoi et aucune étude scientifique n'est encore capable d'expliquer pourquoi.
Moi à 5 ans j'avais très peur d'être une fille et j'ai eu beaucoup de mal à me situer entre filles et garçons à ne pas être sur d'être un garçon et j'étais parfois identifié comme fille par les autres.
Contrairement à votre enfant j'avais très honte de ne pas faire garçon, ma personnalité étant perçue par les autres enfants plus féminine que masculine. Et ca m'a totalement bloqué dans l'exploration de moi même et de ma future sexualité à l'adolescence.
Pour répondre à votre questionnement oui c'est tout à fait possible d'être non binaire ou genderfluid des l'enfance parce que l'on ne devient pas on nait comme ca.
Le meilleur exemple étant les enfants intersexes pour qui le médecin choisit le sexe à la naissance.
On aboutit souvent a des drames malgré une éducation dans le sens du genre assigné un certain nombre d'enfants intersexes vont se sentir dans le gennre opposé.

En fait d'après mes lectures sur le sujet parce que j'ai eu peur d'être trans parce que enfant et ado t j'avais eu régulièrement le fantasme d'être une fille, l'identité de genre ressenti est avant tout un phénomène neurobiologique non influençable par l'éducation ou par l'extérieur.
Après il se peut que tout se regle à l'adolescence.
Personnellement je pense que vous devriez laisser évoluer votre enfant librement et le laisser totalement libre d'explorer son identité pour qu'à l'adolescence il sait où il habite et il soit totalement épanoui.

Moi à l'adolescence l'homophobie m'a beaucoup bloqué et pendant longtemps j'ai ressenti de gros doute sur mon identité de genre jusqu'à penser que je pouvais être transgenre. Mais finalement je suis homosexuel et j'ai commencé à totalement l'accepter, de l'autre côté je ressens de moins en moins de doute sur ce que je suis, je pense etre un homme qui se situe entre les 2 genres de par ma personnalité, entre filles et garçons.

Il y a d'ailleurs des études psychologiques qui semblent démontrer que plus on bloque un enfant pour explorer son identité de genre et/ou son orientation sexuelle et plus il risque de faire de la dysphorie de genre.
Il y a bien sur des transgenres qui font de la dysphorie de genre mais il y a aussi un pourcentage d'enfants qui vont se découvrir homosexuel, gay ou lesbienne à leur adolescence qui vont faire de la dysphorie de genre durant leur enfance qui peut perdurer jusqu'à l'âge adulte et pour ces derniers leur dysphorie de genre disparaîtra avec l'acceptation de leur propre homosexualité (je suis dans ce dernier cas et ado j'avais parfois envie de devenir une fille car l'homosexualité c'était pas possible pour moi mais j'étais trop attiré par les garçons donc je ne vivais plus )
Attention je ne dis pas que votre enfant est gay ou transgenre, car il y a aussi des enfants qui sont hétéro cisgenre à l'adolescence qui font aussi de la dysphorie de genre.
Donc c'est compliqué et il n'y a pas d'explication à tous ca.
En tout cas, aujourd'hui il est conseillé d'accompagner votre enfant et de le laisser totalement libre sur ce qu'il ressent et comment il veut être perçu.
S'il est non binaire et/ou genderfluid, rien ne le pourra le faire changer et puis c'est très bien il y a des hommes et des femmes (dont moi) qui le vivent très bien.

moana
Messages : 11
Inscription : 24 janv. 2023 19:59

Re: questionnement de maman d'un jeune enfant peut être non binaire

Message par moana »

Bonjour Laowyn,
Bravo pour le soutien que votre mari et vous apportez à votre enfant.

Je suis convaincu.e qu'une approche plus féministe de l'éducation peut permettre de faire reculer la misogynie, les privilèges masculins non questionnés et l'ensemble des comportements dénoncés sous l'expression « toxicité masculine ». A ce titre, déconstruire chez soi certains allants de soi présents dans notre société peut permettre de ne pas les transmettre malgré soi à son enfant.

Pour vous répondre, on peut, dès un très jeune âge, éprouver des ressentis se rapportant au spectre du genre et à la manière dont on s'y situe. Laisser explicitement à son enfant la liberté de se définir est un choix éducatif admirable, de mon point de vue. Lorsqu'elle n'est pas inhibée par des mécanismes comme la honte dont a fait mention Titus, la fluidité peut faire partie de ce processus et l'adolescence apportera ensuite également son lot de questions et de réponses identitaires.

Concernant la manière dont votre enfant perçoit le fait que vous repreniez quelqu'un l'ayant genré.e au féminin, iel semble interpréter que c'est vous qui en avez besoin pour vous-même ! Si cela lui pose un jour problème, je pense qu'iel aura l'espace pour vous le signifier.
Quant au surnom que vous lui donnez, là encore, c'est votre enfant qui sera votre boussole et qui vous signifiera lorsqu'iel souhaitera être appelé.e différemment, à mon avis.

J'ai 36 ans et j'ai reçu une éducation relativement non genrée pour l'époque, parce que les valeurs de mes parents ne cadraient pas avec le stéréotype de genre masculin qui infusait dans l'éducation de mes camarades garçons (ils étaient contre la compétition, les jeux mimant la violence, l'inégalité entre homme et femme). Au sein du foyer c'était mon père qui me faisait à manger, faisait le ménage et la lessive, me lisait des histoires pour m'endormir, me veillait quand j'étais malade, tandis que ma mère incarnait l'autorité et la sociabilité. Même si tout cela était implicite et n'était jamais discuté ouvertement, j'avais tout de même un espace pour exprimer une performance de genre féminine à la maison et par extension dans les autres sphères.

La performance de genre est un apprentissage qui commence très jeune. Chaque enfant expérimente la performance avec laquelle iel se sent à l'aise, en fonction bien sûr de la liberté qu'on lui laisse ou non dans cette exploration, des feedbacks, des modèles à sa dispositions...

J'ai été harcelé.e au collège et au lycée du fait de ma différence et j'ai durablement pâti de ces années de ma scolarité. Je me rend compte à posteriori que je me suis malheureusement persuadé que mes harceleurs avaient raison, que quelque chose chez moi n'était pas digne d'être respecté. Dans mon cas, l'une des raisons de l'intériorisation du stigma est que je me sentais isolé.e face à un monde perçu à tord comme uniformément cis-hétéro-normatif (et en l'occurrence, hostile) auquel je me croyais contraint.e de me conformer au point d'adopter la grille de lecture de mes camarades oppresseurs. Il me paraît essentiel qu'un jeune puisse construire si possible un référentiel qui lui corresponde et se constituer un entourage allié afin d'être en mesure de ne pas se laisser assigner durablement par le discours dévalorisant auquel toute personne différente est exposée.

Ma croyance est qu'il est contreproductif d'essayer de faire entrer un enfant différent dans un moule en pensant que renier sa différence peut faciliter son adaptation à une société cis-hétéro-normative. Cela a le plus souvent l'effet inverse, provoquant la honte par l’intériorisation d'un discours dévalorisant. Au contraire, je crois qu'il vaut mieux l'encourager à développer un référentiel alternatif positif qui lui corresponde.

Bon courage dans la poursuite de votre questionnement.
Au plaisir de vous lire.

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