Un peu perdue

Exprimez vous ici, nos échanges d'expérience peuvent parfois faire avancer les choses...

Modérateur : Contact - Equipe de modération

OkayOkay
Messages : 2
Inscription : 09 juil. 2021 17:45

Un peu perdue

Message par OkayOkay »

Je ne sais pas trop pourquoi j'écris ça, j'ai l'impression de jeter une bouteille à la mer mais peut être qu'au fond j'ai besoin d'en parler...

Cela fait maintenant quelques années que je me pose des questions sur ma sexualité mais aujourd'hui c'est devenu plus "oppressant", plus présent, plus réel...
Je pense qu'au fond je sais que j'aime les filles mais comment en être sûr? Comment être sûr de ne pas se tromper? Comment assumer au final?
Par moment j'ai comme envie de le crier pour me "libérer" et a d'autre moment j'espère au fond me tromper et être "normale", comme tout le monde. Je sais que la normalité n'existe pas et que ça devrait être vu comme quelque chose de normal mais j'aimerai juste me fondre dans la masse... Ne pas avoir à faire tout ça, ne pas avoir besoin de me torturer l'esprit pour tout mettre en ordre...
J'ai l'impression qu'a chaque fois que je fais un pas en avant peu de temps après je reviens en arrière... C'est infernal.
Mercredi il y avait une permanence d'une association LGBT, j'ai ressenti le besoin d'y aller mais arriver face au portail je me suis figée et je n'ai pas réussi à rentrer...
Enfaite je ne sais pas quoi faire pour avancer, ça tourne en boucle dans ma tête.

Je ressens des choses que je ne comprends pas, je vis des choses que les autres ne peuvent pas comprendre, j'y pense souvent. Quand on parle de mecs avec mes copines je suis toujours mal à l'aise parce que j'ai l'impression de ne pas être moi même et j'en fais des tonnes a chaque fois peut-être parce que je ne veux pas qu'elles posent de questions... J'évite les discussions sur le sujet.
En plus de ça j'ai l'impression de rentrer dans les stéréotype lesbiens et je n'aime pas ça du tout. C'est vrai ça peut paraître bête...

J'aimerai tellement que tout soit clair dans ma tête ça serait tellement plus simple! Certains jours je sais, je suis sur de moi mais d'autre c'est le chaos complet et je ne veux pas être comme ça...

Je ne sais pas ce que j'attends de ce message, juste poser des mots sur ce que je ressens peut être.
Je ne sais pas si quelqu'un lira ceci, je ne sais pas si ça changera quelque chose mais au mois j'aurai essayé...

Itsok
Messages : 10
Inscription : 15 juil. 2021 16:33

Re: Un peu perdue

Message par Itsok »

Hello,

J'ai probablement l'âge d'être ta mère mais quand je te lis j'ai l'impression de me voir depuis ... trop d'années. A l'époque le monde était séparé en 2 : homo/straight. Pas de bol, je suis probablement (ok je le suis mais difficile de l'assumer) bi.
Juste avant mon mariage (avec la personne qui je pense est vraiment la personne de ma vie) mes parents ont eu cette jolie phrase: on est soulagé que tu te marie on croyait que tu étais homo (véridique ;-)

Il y a un an, à 40 ans, une goutte d'eau à fait craquer le personnage que je m'étais si durement construit. Et les questions qui ne m'ont jamais lâchées, pendant toutes ces années, cette envie de me libérer enfin d'assumer. Cette honte tellement grande et puis après tout pourquoi le dire ?
Alors j'ai pris mon courage et j'en ai parlé à mon mari qui est ... cool avec ça. Alors j'assumerai vis à vis de mes enfants (mon aînée nous en avons parlé) parce que je n'ai pas envie de leur mentir, le reste non je ne peux pas en parlé à d'autres, mais cela est mon chemin.

Le tiens est plein d'avenir, et en parler mettre des mots sur tes ressentis, tes peurs c'est tellement libérateur. De mon côté tout ça se fait avec une thérapeute (j'ai pas le même âge et j'ai une enfance un peu merdique à digérer aussi :)
Toi tu es à une époque où l'on peut trouver des lignes d'écoutes, des forums, des gens qui te reçoivent qui que tu sois.
Tu es une belle personne et tu as réellement le droit d'aimer qui tu veux, tu es normale ou si tu ne vois pas comme ça dit toi que tu es exceptionnelle car tu essaie de trouver ce qui te rend libre et heureuse. BRAVO !
Courage, ne reste pas seule si tu le peux : c'est lourd à porter seule je le sais que trop. Tu vas y arriver et petit à petit tes questions trouverons naturellement leurs réponses.

OkayOkay
Messages : 2
Inscription : 09 juil. 2021 17:45

Re: Un peu perdue

Message par OkayOkay »

Mais comment savoir qui j'aime alors que je n'ai jamais eu de relation avec aucun des deux sexes?
Comment savoir que j'aime telle ou telle chose ou qu'au contre je n'aime pas telle chose si je n'y ai jamais "goûter"?
Au fond comment être sûr?

J'ai besoin de savoir qui je suis je n'arrive pas à passer au dessus, a faire comme si de rien n'était j'ai besoin de me mettre une étiquette...

J'en ai marre de tout le temps y penser c'est trop. Je n'ai pas choisi!
Un matin je me réveille et je l'accepte et le lendemain je suis en colère contre tout, contre les autres, mais aussi contre moi. En colère d'être comme ça, en colère de rendre tout aussi compliquer, en colère de ne pas être accepter, en colère contre notre société !

Merci pour cette réponse et félicitations à toi de commencer à t'assumer!

Itsok
Messages : 10
Inscription : 15 juil. 2021 16:33

Re: Un peu perdue

Message par Itsok »

Bonjour,

J'ai un peu de temps ce matin, j'en aurai moins ces prochains jours, mais n'hésite pas si cela t'aide d'écrire je répondrai avec ce que je peux de mon expérience.

Cette question qui revient tout le temps tout le temps, ce calme puis cette colère si tu savais comme je l'ai connu et comme parfois je connais encore.
Cette soif d'enfin dire et savoir qui je suis et cette peur d'être ce que je suis en même temps. Cette immense honte et peur du rejet aussi.
Alors comment savoir ? difficile comme question.
Je vais juste en toute honnêteté te parler de mon vécu.
J'ai toujours été ressenti que j'étais un petit garçon et une petite fille, et mon enfance se passait très bien comme ça (à part le côté merdique mais ce n'est pas du tout lié à ça). Finalement j'étais bien acceptée car j'étais aussi une petite fille qui aime plus jouer avec des garçons mais je ne me sentais pas un garçon non plus. Bref j'ai quelques amies filles dont je pense une assez forte mais cette copine change d'école et je suis enfant je ne mets pas de mot sur cette admiration que j'ai pour elle. En parallèle j'ai de très fortes amitiés avec des garçons.
Ado les choses se compliquent, impossible d'être "les 2" je vais tout faire pour enfouir une certaine attirance que je juge tellement honteuse, et ça fonctionne. Je suis pas très à l'aise dans ma peau, mais je joue bien, je suis amoureuse des bx gosses de l'époque (et je fais tout pour gommer ce qui pourrait laisser penser que je suis pas comme les autres filles: ça marche pas terrible je crois :)
A 18 ans premier petit copain et puis à 19-21 ans une très belle histoire d'amour avec un garçon, très ouvert. Par contre, j'habite le Marais à Paris (oui y'a quand même des signes involontaires ;-) et je sais que j'ai une attirance aussi pour les filles, ça devient de plus en plus présent, je tremble quand je passe devant certains bars lesbiens, j'ai hyper peur que ça se voit. J'ai aussi pour la première fois des super amies je me sens bien dans ma peau alors j'essaie de cacher ça le plus possible, je lis elle et des magazines féminin (c'est bête), vais faire les boutiques avec des copines etc (tu verrai des photos de moi à l'époque, je crois que ça n'a jamais été aussi visible qu'à ce moment là paradoxalement, car je me mets a avoir les cheveux très courts) . Mon histoire se fini avec mon copain. Les questions sont encore plus là (je suis célib' et ça tourne en rond toujours) Je ne suis pas attirée par mes amies qui sont mes amies mais la question est toujours là.
Et puis je vais rencontrer une fille, une fille qui pour des raisons que je garde, n'est absolument pas atteignable, et là je vais être amoureuse (je ne me l'avoue pas du tout c'est assez horrible, je stress quand je la vois, je l'admire beaucoup pour ce qu'elle est, fait bref je peux te dire aujourd'hui que j'en étais amoureuse à l'époque j'aurai nié farouchement.
Je suis paumée, je comprends pas: j'ai aimé mes copains très sincerement, et pourtant j'ai cette attirance, certains rêves aussi. Je suis vraiment mal mais encore une fois je cache ça (je connais pas la bisexualité, personne ne m'en a jamais parlé).
Le temps passe, je rencontre celui qui deviendra mon mari, un être qui semble banal mais qui est d'une ouverture dingue. Ce n'est pas le coup de foudre, c'est juste une jolie très jolie histoire que nous écrivons ensemble.
Depuis très longtemps (encore une fois peut être un signe) je suis révoltée par l'homophobie et toute forme d'intolérance, mon mari va me suivre et nous élevons nos enfants dans ce sens.
Pourtant toujours la question (et cette jolie remarque de mes parents qui me blesse au plus profond : ils ont vu quelque chose, ils savent et ils jugent ça mauvais). Encore une fois, on a une capacité à faire semblant incroyable, j'enfouie cette honte mais le sentiment est là.
Je suis prof en supérieur et l'année la plus difficile à été lorsque certains de mes étudiants m'ont comparé à Caroline Fourest ou à Christine (and the queens) en toute bienveillance car nous généralement le courant passe bien entre les étudiants et moi. Ces remarques alors qu'ils savent que j'ai des enfants m'ont fait totalement paniqué : punaise ils ont vu ?

Voilà je peux pas te dire comment en être sûr, je peux juste te dire qu'en parler comme je peux le faire avec ma thérapeute, évoquer les questions qu'on a en tête, les sentiments qui nous traverse, les attirances aussi, aide beaucoup à commencer à y voir clair. J'aurai adoré que quelqu'un à ton âge me dise que c'était OK de ressentir tout ça, que ce n'était pas honteux, que c'était normal. Ca peut être une phase ou non et cela n'a aucune importance car c'est tout à fait normale. Pe-tre un jour j'aurai le courage de franchir la porte d'une association pour échanger en vrai, assumer en vrai mais j'attends que mes enfants soient plus grands.
A ton âge j'aurai commencé par appeler une association pour en parler de façon anonyme, pour sortir ma colère, mes peurs, et puis la joie aussi d'enfin pouvoir dire qui l'on pense être sans être jugé.
En parler à mon mari m'a un peu libéré. J'ai une soif de ne plus le cacher et une grande peur (j'ai 40 ans ça me semble être un tsunami de l'assumer) pourtant je ne veux pas que mes enfants vivent les attirances, les coups de coeur qu'ils pourraient avoir comme une honte, c'est beau d'aimer, d'avoir le coeur qui bat pour qui que ce soit.
Oui la société n'est pas toujours prête et c'est pour ça qu'il ne faut pas rester seule si c'est possible. Commence ton chemin doucement, ne te juge pas trop sévèrement. Des mains vont se tendre petit à petit, certaines vont te blesser peut être mais elles ne seront pas majoritaires.
Courage et n'hésite pas si ça t'aide d'écrire (moi tu m'aides aussi :)

J-Lyon
Messages : 163
Inscription : 23 avr. 2020 22:01

Re: Un peu perdue

Message par J-Lyon »

Hello OkayOkay et Itsok !

Ca va être difficile de ne pas se perdre dans les pseudos mais je vais essayer de ne pas me tromper.

Je vais tenter d'apporter quelques informations complémentaires à OkayOkay, avec dejà de bonnes bases liées à ton expérience Itsok. Merci en tout cas de t'être livrée un peu sur toi pour aider OkayOkay.

Tu dis te poser des questions sur ta sexualité, et notamment avoir la sensation d'être attirée par les filles. Et tu ajoutes "comment être sûr de ne pas se tromper".
Cette dernière phrase est intéressante car est ce qu'on se "trompe" ?

L'attirance, l'amour, c'est une alchimie complexe et propre à chacun.e.
Dans tous les cas, si une personne te plait, ce n'est pas le genre qui compte, c'est la personne. Mais parfois les choses sont plus ou moins tranchées: plutot les hommes, plutot les femmes, carrément les hommes, carrément les femmes, les 2... Dans tous les cas tu ne feras jamais d'erreur. Dans une relation quelqu'elles soient, tu peux aimer, etre attirée, et un jour quelque chose ne va plus. Et ce n'est pas parce que tu t'es trompée d'orientation, mais juste que ça n'a pas fonctionné sur le long terme avec la personne.

Donc pour l'instant je pense que ce n'est pas la question de te tromper sur ton orientation, mais c'est surtout assumer ton orientation.
Tu mentionnes plusieurs fois les "stéréotypes" lesbiens. Tu dis ne pas aimer. tout d'abord, ce qui nous "rassemble", c'est une orientation sexuelle, ou plutot une communauté (si j'étends à la communauté LGBT). Ca ne fait pas de nous une personne unique. C'est comme le reste de la société, il y a des personnes timides, excentriques, avenantes, insociables... Je me rappelle que comme toi, quand j'avais du mal a assumer, j'avais une attitude critique envers les personnes qui me renvoyaient une image que je n'arrivais pas a assumer moi même. Aujourd'hui je trouve tellement intéressant la diversité des personnes. Les "stéréotypes" ou "clichés" ne sont que dans la tête et malheureusement dans la bouche de ceux qui n'acceptent pas les autres, ceux que ça dérange pour des raisons diverses et variées.
Tu n'as pas a être comme les autres ou a ressembler à qui que ce soit. Tu restes toi même. Et on trouve toujours quelqu'un qui nous correspond un jour ou l'autre.

Voila donc quelques informations qui j'espère pourront t'aider. En résumé :
- Reste toi même
- Fais selon tes envies et tes attirances, sans te préoccuper des autres - Fais en fonction de toi, ta recherche du bonheur, pas pour faire plaisir aux autres
- Assumer c'est une étape supplémentaire, c'est pas toujours facile car le poids vient des autres autour de toi, mais ce sera plus facile quand tu te connaitras mieux

J'espère que cela t'aidera un peu.
N'hésite pas si tu as des questions.

A bientot.

Répondre