J'adore penser que...

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Lamarque
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J'adore penser que...

Message par Lamarque »

J'aime les hommes. Je ne suis attiré que par eux. J'aime leurs corps. J'aime surtout la façon dont ils animent mon univers, presque entièrement. Je suis de ces homosexuels qui ont un besoin incontournable de l'homme, de leur homme, sans rejet du reste, dans un évident et délicieux équilibre.

Sous les feux d'artifice du 14 juillet, c'est avec lui que j'aime m'émerveiller. C'est avec lui que j'aime essayer vingt voitures pour remplacer notre vieux Scénic. C'est avec lui que je veux être à Chaumont-sur-Loire, pour le festival des jardins et pour le coucher de soleil derrière les falaises de tuffeau, derrière le grand fleuve. C'est à côté de lui que j'aime m'étendre nu, sur le sable blond au bord des rivières des départements voisins. Quand mon dos me tiraille, j'aime la douceur de ses massages et de ses encouragements.

J'aime la vie et encore plus avec lui. Mon homme. Celui avec qui la sexualité est libre et réjouissante parce que nous la savons sacrée et qu'elle s'exprime pleinement, dans la confiance et l'intimité.

13 ans de relation avec mon premier compagnon. 7 ans de partages avec mon deuxième partenaire. Et des périodes de célibat nourries, entre autre, de rencontres. Encore. Toujours. Nécessaires. Parce que seules ces interactions m'offrent l'opportunité d'avancer, de me libérer, de mieux me connaître, de mieux savoir ce que je veux et ce que je ne veux pas, de me sentir dans la vie.

J'ai approché quelques hommes mariés. Des François, des Pierre, des Paul, qui ne pouvaient faire d'autres choix que de réduire leurs envies à quelques centimètres carrés de nos peaux. Je savais qu'ils auraient voulu plus, je l'ai vu au fond de leurs regards, même s'ils ont tenté de les détourner de ce nous mirifique. Et je savais qu'ils savaient que je savais.

J'ai aussi toujours su que ces relations n'autorisaient presque rien. Alors je demandais peu et dans ces petits espaces, mes espoirs me faisaient accepter beaucoup, y compris de n'être que l'instrument de leurs existences rêvées auxquelles notre deuxième cinq-à-sept avait pourtant déjà mis fin. Et lorsqu'elle se matérialisait un peu plus pour moi, je leur demandais de sortir de ma vie. Je ne voulais plus être dans la leur. Ils y retournaient donc encore plus mélancoliques. Mais c'était la leur. Ils avaient été avant moi. Ils seraient après moi. Quelle que fut la forme, ils en avaient la responsabilité.

J'en ai rencontré un qui pourtant a fait la différence. Je vais l'appeler Alexandre, pour la grandeur de son âme. Je veux lui rendre hommage en particulier.

Un petit quinquagénaire touchant et attachant. La première fois, nous avons pris un verre. Il m'a tout de suite plu. Plus que ça : il est entré dans mon cœur, naturellement.

Déjà, je l'avais senti loin de lui-même. Il avait avant tout répondu aux demandes des autres. Il avait été un fils fidèle, un bon époux, un père présent, un collaborateur discipliné. Mais il n'était nulle part pour lui.

Inévitablement, j'ai voulu chassé cet amant de ma vie. Il s'est accroché. Ça m'a touché. Et nous avons pu nous proposer autre chose. Chacun est devenu, à sa façon, une présence dans la vie de l'autre.

Je me suis même permis de lui avouer mon amour pour lui. Il était d'autant plus précieux qu'il était libre et sans attente. A son tour, il a osé et s'est confié : sa profonde solitude, son désarroi, sa tristesse, sa colère, ses envies, ses doutes, ses craintes…

Je l'ai entendu un jour pleurer au téléphone. Il ne pouvait plus continuer ainsi. Alors timidement, il a commencé à s'offrir de vouloir devenir lui-même, sans détour. Il ne pourrait plus en faire de toute façon et il le savait.

Il est d'une volonté remarquable. Il est courageux. Je le vois. Il me fait le témoin de cela. C'est chez moi, à moi, qu'il vient parler de son cheminement. Et comme je ne lui demande rien et que je n'attends rien de lui, tout devient réellement possible.

Peut-être y-aura-t-il un jour où il posera son acte, où tout le monde saura, pour lui, pour moi, pour nous ? Ça me semble inéluctable. Je ne sais si je deviendrai son homme, comme il a besoin d'en avoir un, comme j'ai besoin d'en avoir un. J'espère en tout cas qu'il restera ce merveilleux compagnon, ce délicieux partenaire qu'il a toujours été. Avant tout, je lui souhaite de devenir un homme libre, comme il a besoin d'en être un, comme j'ai besoin d'en être un.

La vie continue dans tous les cas.

Puisqu'il est temps de renouveler nos vœux, je veux rendre hommage à tous ces hommes qui, en serrant leurs femmes dans leurs bras, pensent à leurs hommes dans les bras desquels ils aimeraient se blottir. Je vous souhaite le meilleur, quelle que soit sa forme pour se manifester. Je vous souhaite d'être heureux et d'avoir le courage de vous donner les moyens de l'être pleinement.

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