La difficulté de vivre...

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JB
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La difficulté de vivre...

Message par JB »

C'est le témoignage de Benoît qui me pousse à témoigner aussi. Je me suis tellement reconnu dans son histoire que je me jette à l'eau et je parle de la mienne (un peu longue peut-être), de mon homosexualité et mon mal-être.

Mon premier souvenir et mon premier émoi se prénommait J...M... J'avais 12 ou 13 ans. J'étais en vacances à la montagne avec mes parents. Il habitait la ferme au dessus de la maison que nous louions. Nous avons été copain de suite, construit une cabane où nous jouions. Mes sentiments allaient-ils au delà d'une simple amitié?... En tout cas ils étaient très forts, à tel point qu'il aurait voulu à la rentrée s'inscrire dans le lycée où je me trouvais. Cela ne s'est pas fait car nous étions des gamins et nos parents étaient de milieux tellement différents! Mais j'ai souffert de ne plus le revoir et lui aussi... peut-être.

Puis, beaucoup plus tard, à la suite de l'échec d'une relation amoureuse avec la première fille que j'ai connue je me suis lié d'amitié avec N..., un copain asiatique. J'avais 22 ans. Je crois que mes sentiments envers lui allaient plus loin que la simple amitié, mais je n'ai jamais osé me l'avouer et encore davantage le lui avouer. C'est l'époque où la famille, la société, les amis font pression sur vous pour que vous commenciez "une vie normale", c'est à dire que vous ayez une épouse et une vie de famille. Je me suis donc marié et mon copain a été témoin à mon mariage (quand j'y repense cela me fait mal). Mon épouse était -est toujours- une femme dont j'aime les grandes qualités humaines. L'ai je "aimée d'amour"? Difficile de répondre à cette question. En tout cas nous avons vécu ensemble pendant 40 ans, fondé une famille, eu deux enfants. Pour moi, cela prouve seulement qu'un homosexuel peut avoir une vie normale d'hétérosexuel rangé. Mais dès le début de note mariage, j'ai fantasmé sur les gars. Lorsque je rencontrais un bel homme tout de suite je pensais avoir une relation avec lui... et peut-être me construire une autre vie. Je me souvenais de mon copain asiatique et pleurais sur une autre vie possible que j'avais irrémédiablement manquée. J'ai eu cependant de très bons moments dans ma vie d'hétéro. Ai-je connu ce d'aucuns appellent le bonheur? Probablement car cela n'aurait pas duré aussi longtemps.
Mes pulsions homosexuelles sont devenues plus fortes et mes fantasmes plus fréquents au fur et à mesure que je vieillissais. A tel point que ma femme n'éveillait plus aucun désir en moi et nous avons cessé toutes relations sexuelles depuis de nombreuses années. Par contre je suis allé sur des sites de dialogue et rendez-vous pour gays sur Internet. Et là j'ai pu enfin m'exprimer; ne serait ce que parler à un autre homme qui a les mêmes préférences sexuelles que vous: c'est déjà énorme. Puis j'ai "chaté" en webcam, je suis même allé jusqu'à avoir des relations sexuelles virtuelles. On trouve un nombre incroyable d'hommes mariés sur ces sites! Merci P..., F..., J... et les autres... J'ai passé des moments inoubliables en votre compagnie.

Puis un jour j'ai sauté le pas: j'ai pris des rendez-vous. J'en ai eu plusieurs. Trois seulement ont abouti à une relation, unique chaque fois. Mais j'en garde encore un très agréable souvenir. Merci P... et merci Y.... Malheureusement après la troisième relation...catastrophe! J'ai culpabilisé au point d'entamer une grave dépression et j'ai eu envie de mourir. J'ai tout avoué à ma femme et à mes deux enfants. Ils ont été admirables! Ils m'ont soutenu, aidé et pardonné (?). "On n'efface pas 30 ans de bonheur à cause d'une bêtise", furent les paroles d'un de mes enfants. Et la vie a repris son cours normal. En apparence. En fait, était-ce une "bêtise" ou l'expression de ma vraie nature? Je garde un désir violent d'avoir des relations avec un homme. Pendant mes recherches, j'avais rencontré A..., un homme jeune, d'emblée sympathique. Nous avions parlé, bu un café, et avant de nous séparer nous nous étions serrés très fort, nos mains s'étaient jointes et nous avions échangé un baiser. Tout cela n'a duré que quelques secondes, mais cet instant a été si intense et le sentiment que j'ai éprouvé si fort que j'y pense encore souvent et regrette amèrement de n'avoir pas eu le temps et surtout le courage d'aller plus loin.

Récemment j'ai croisé un autre homme et un regard a suffit; je l'ai suivi, il s'est assuré discrètement que je le suivais... mais je me suis éloigné en pensant à ma femme, et mes enfants! Le feu brûle donc toujours. Je le combats. Mais je suis fatigué de ce combat sans issue. Soit je reste dans la situation où je suis et je continue de souffrir, soit je vais vivre ma vie et je fais souffrir mes proches. Comment sortir de cette impasse?

Lecteur, si tu as eu la patience d'aller jusqu'au bout de mon récit, tes commentaires, avis et conseils , positifs ou négatifs seront les bienvenus. Je me sentirai moins seul face à mes questions et ces avis m'éclaireront peut-être sur le chemin à suivre...
Merci d'avance.
JB

Benoit38120
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Reponse au post de JB "difficulté à vivre"

Message par Benoit38120 »

Salut JB
D’abord merci de ton témoignage. Visiblement nous ne sommes pas les seuls à vivre cela !... Je me retrouve complètement dans ton histoire !...
Je voudrais bien te conseiller, t’aider, mais d’abord je suis mal placé pour le faire étant aujourd’hui en recherche d’une issue pour moi-même. Je ne peux donc que témoigner et écouter. Surtout je ne veux pas te donner des solutions qui seraient valables pour moi et certainement pas pour toi. Chacun doit faire sa propre route, mais il n’est pas interdit de cheminer avec quelqu’un formé à cela.
Pour ma part, je discute pas mal avec quelques amis homo rencontrés au hasard des rencontres ou des chats. Je le fais évidement hors contexte familial et hors "plan" !... mais au moins, je peux parler et cela est un ballon d’oxygène. Après, ils ne sont pas à ma place et me proposent des issues qui ne me correspondent pas … nos vécus sont différents et surtout ils ne sont pas à ma place !...
Tu parles de culpabilité, effectivement il difficile de faire avec. Je me demande si nous avons étés trop bien (ou mal) éduqués ! ou formatés ? L’engagement pris auprès de ma femme et devant la communauté pèse très fort aussi !... C’est probablement que j’accorde beaucoup de sens à l’engagement ? Quand je vois les couples qui se défont aussi facilement qu’ils se sont unis, cela me pose question sur pourquoi je reste ? par confort ? par habitude ? par paresse ? par lâcheté ? je ne sais pas !... La dessus la question de ma propre liberté en tant qu’adulte et autrefois comme jeune adulte me hante, comme ai-je pu m’empêtrer dans cette situation ? pourquoi ?
Tout comme toi, je relis mon positionnement face aux hommes, je me rends compte n’avoir jamais regardé qu’eux. Seuls les mecs m’attirent et je n’ai jamais vraiment été attiré par les femmes. De ce fait, mon mariage ressemble à rôle que j’aurais sagement joué pour être « normal ». Quand je dis « jouer un rôle » c’est de plus en plus ce que je ressens. Pour illustrer cela, il y a 3 semaines environ, j’étais au téléphone avec Benjamin, de contact, je lui ai dit ce que je vis en ce moment et cela a été très difficile pour moi tellement j’étais retourné, c’était le vendredi soir vers 18h30, je rentrais chez moi… il a fallu que je rassemble toute mon énergie pour montrer bonne figure à ma famille alors que je n’avais qu’une envie, pleurer un bon coup !... C’est très souvent comme cela et pas plus tard qu’aujourd’hui, à l’office du dimanche je pensais à ces personnes qui militent contre le mariage pour tous, là encore je me sens en décalage face à ces personnes bien pensantes mais aussi très intolérantes !... En ce moment, tout me touche et la question de ma propre homosexualité mets tout en cause, je me sens en décalage dans tout ce qui fait ma vie…
Pour ce qui est de changer, j’ai longtemps cru que je pouvais changer, entrer dans le rang, et je vois que tu en es au même point. Comme toi je vais sur les sites et je me sens mal de le faire. Comme toi je lutte et après 20 ans de mariage, je me rends compte que je ne peux pas changer. Comme je l’ai dit au médecin du CEDAG, « je suis comme ça » ! Et elle m’a renvoyé dans mes buts ? « Comme ça » ? Hé oui je suis homo, plus cela va, plus je me le dis, et j’arrive enfin à le dire à un tiers !... Je conclus de ces années qu’il est inutile de lutter contre ce que je suis, je n’ai pas choisi et il est grand temps d’assumer !... Je mets même cela en terme de vie !... Je veux vivre en accord avec moi-même sans me trahir.
Je suis tombé sur une vidéo qui m’a fait du bien, en effet, le propos est de démontrer que les hétéros n’ont pas à se justifier pour ce qu’ils sont ou font alors que lorsqu’on est homo on doit « dire » qu’on l’est par exemple en faisant son coming out !... c’est un regard intéressant qui pointe certains points !... Je te fais passer le lien. http://www.dailymotion.com/video/xio06m ... ite_webcam
Bref, si je devais te passer un message, ce serait déjà de ne pas rester seul à ruminer ta difficulté (pas facile dans notre situation, je sais), de se dire que tu ne peux rien changer à ce que tu es au plus profond de toi, que nous devons donc avancer et pour cela, se faire aider me semble une bonne solution (au travers de contact ou d’un pro)
Je t’embrasse et pense bien à toi
Bon courage pour avancer sur ce chemin.
Benoit

JB
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Message par JB »

Bonsoir Benoît,
Tout d'abord merci mille fois de m'avoir lu avec attention et de m'avoir répondu: cela fait chaud au cœur. Se sentir écouté, sinon compris, fait que dans l'isolement et la déprime on est tout à coup moins seul et on reprend un peu espoir.
On a un parcours tellement semblable que j'ai l'impression d'avoir trouvé un ami.
Je reviens un peu (en désordre) sur ta réponse. La culpabilité est vraiment le fruit de notre éducation et des tabous infligés par notre morale et notre société; et, à ce propos le film dont tu m'as donné le lien est particulièrement intéressant quoiqu'un peu déroutant au début mais on comprend très vite qu'il faut remplacer le mot hétérosexuel par le mot homosexuel. Tu poses aussi une question fondamentale: pourquoi je reste? Ce qui me fait très peur et me renvoie de moi une image très négative c'est que le confort, la paresse, la passivité sont peut-être des motivations plus fortes que l'attachement ou l'engagement...même si c'est ce que l'on se donne pour raison principale. Une prison dorée (ma vie actuelle) vaut-elle mieux qu'une liberté pleine que difficultés et de questions? A la différence de toi j'ai fait un (petit) coming-out dans des conditions dramatiques mais ceci ne m'a pas aidé et ne m'a pas empêché d'être obligé de suivre un traitement lourd (heureusement terminé aujourd'hui!). Le regard des autres (je parle des proches) hostile, ou peut-être pire compatissant, n'est d'aucun secours dans le situation où nous nous trouvons. Il faut continuer à "ramer" en cherchant une issue.
Mais la discussion avec toi sur ce site me sort un peu du fond où je suis: quelqu'un quelque part a les mêmes problèmes et les mêmes questions que moi; il lutte aussi pour essayer de trouver son chemin. C'est un pas énorme.
Merci encore Benoît. On reste en contact et on écrit à nouveau sur ce site dès qu'un évènement nouveau nous fait progresser ou nous met en difficulté... ou même sans évènement particulier. Je t'envoie un mot sur ton mail de façon à ce que tu aies le mien.
Je t'embrasse. Très fort. Et j'espère te lire à nouveau.
JB

francophone
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Un peu d'écoute pour Benoit et JB

Message par francophone »

Bonjour à vous deux.
Bénévole à l'association CONTACT depuis 15 ans, c'est la première fois que je viens sur le forum du site. Ce n'est pas mon rôle au sein de l'association d'animer ce forum ni de répondre mais je ne peux pas m’empêcher de vous dire quelques mots à titre personnel.
Je vous comprends, je vous comprends... vous ne savez pas à quel point. Peut-être on vous l'a déjà dit et vous vous êtes dit. Oui... il crois nous comprendre mais il n'est pas à ma place. Vous avez bien raison mais pour avoir la prétention de penser que mes paroles peuvent vous être utiles, il faut bien que je pense vous comprendre.
Je ne vous raconterai pas mon parcours, en tout cas dans un premier cas, c'est le votre qui est important. Je vous raconterai plus tard si vous le désirez. Sachez tout de même que j'ai vécu avec une femme que j'ai aimé avec laquelle je me suis battu pour avoir des enfants y compris par l'adoption. Je me suis posé les même questions que vous. Le dire? pas le dire? Que va il se passer après? pourquoi je suis comme ça? Pourquoi ne pas l'avoir fait avant? On pourrait faire la liste ensemble, on arriverai aux même questions et une page ne suffirait pas pour étaler toutes les questions.
Me concernant, et pour vous mettre plus en confiance, je vous dirais que dans le cadre de mon travail (en dehors de Contact) Je fréquente et écoute depuis des années des hommes dans de situations très semblables aux vôtres: Mariage, enfants, culpabilité, dépression, et j'en passe. Je me pense donc un minimum légitime pour essayer de partager avec vous les enseignements de ces rencontres.
Ne prenez pas me paroles comme des conseils de thérapeute. Je ne le suis pas et ça ne vous serait pas très utile. Prenez les juste comme des éléments de réflexion . Chemin faisant, ces réflexions risquent de vous amener sur des chemins différents ce soir, ou demain, ou dans 6 jours. Peu importe. Ce qui est important est que vous soyez sur un chemin. Pas à l’arrêt, pas dans l'impasse. Aucune décision est à prendre dans votre cas dans l'urgence. Laissez vous aller à réfléchir et à échanger surtout sur votre présent et votre avenir plutôt qu'à essayer de comprendre le pourquoi du comment de ce qui vous a amené à aujourd'hui.
Vous ne trouverez jamais assez de justificatifs pour vous ou vos proches capables de justifier parfaitement vos désirs, vos actes passés ou les influences qui ont pu vous pousser sur des chemins qui vous semblent aujourd'hui comme "pas bons"
AIMEZ VOUS comme vous êtes. Vous n’êtes pas obligés de mettre des mots "homo", "gay", "bi" Vous êtes VOUS! Homme, père, mari, mais aussi un individu avec de besoins, des envies.
Pour être bons avec vos proches et donc envisager la possibilité de vivre pleinement en jour qui vous êtes tout en gardant de bons liens (Lesquelles? Vous verrez plus tard) avec votre famille et amis, il vous faut d'abord être en confiance avec vous même.
L'amour est plus fort que tout! Posez vous la question: Ai-je donné à ma femme et surtout à mes enfants tout l'amour dont j'étais capable en tant qu'individu, et donc imparfait? Si oui, vos proches sauront le voir le jour venu. On ne dit pas merde à un père que à donné tout l'amour possible et qu'on aime. On peux être choqué dans un premier temps, en questionnement (ça ne dure jamais longtemps) mais on ne dit pas merde! comme ça à son père. Surtout si on comprends à quel point il a fallu qu'il prenne sur lui toute une vie pour que les difficultés de vivre son homosexualité ne perturbent pas la stabilité familiale.
Sur les dizaines des cas de maris-pères ayant fini pas dire (On n'avoue pas son attirance, ce n'est pas une tare ni une honte) que j'ai rencontré, quelques doigts d'une main me suffisent pour compter ceux qui se sont vu rejetés par leurs enfants. Au contraire, la plupart étaient fiers de voir leur père enfin assumer et faire confiance aux siens.
On ne rejette pas un père qui a le courage de dire, la force d'assumer, la fierté d'être passé à travers tout ce que vous savez. Au contraire. Les enfants seront fières à leur tour. Je sais que vous n'en êtres pas encore là, demain vous n'y serez pas nonplus, mais c'est devant qu'il faut regarder pour que le jour J arrive.
Vous n'avez rien à vous reprochez. Cherchez le positif qui est en vous et le positif que vous avez fait autour de vous.
J'ai vu des hommes de 60, 65, 74 ans sortir du placard après de décennies de mariage avec des enfants. Ils ont tous trouvé, chacun à sa manière, la façon d'aller de l'avant avec leur vie en respectant celles des leurs familles. Les liens se sont renforcés après ça.
J'en ai vu aussi des hommes avec des parcours similaires aux vôtres, vivre de longues années dans la difficulté de la dépression,
du mal être, parfois avec de problèmes addiction... Et qui n'ont pas pu ou su trouver de l'aide. Ceux là, se fond du mal et font du mal à leurs familles et amis du fait de ne pas être bien. Vous savez trop bien la difficulté de se sentir bien avec les siens quand on n'est pas bien soi même.
N’hésitez pas à parler, à échanger, à sortir de l'isolement. Cherchez de l'aide partout où elle est accessible. Ne prenez pas tous vos amis ou proches pour de cons ou des incapables de la compréhension. En cherchant, vous trouverez peut-être quelqu’un à qui vous pourrez vous confier. En suite vous verrez ce que vous en faites de ses "conseils" mais le pire est de rester à tourner en rond avec de questions.
Utilisez votre énergie pour vous imaginez heureux dans l'avenir, plutôt que pour comprendre pourquoi vous aimez les hommes ou pourquoi vous vous êtes marié.
Voila sans prétentions et en vrac ce qui me viens ce soir.
Si vous le désirez, on pourra peut-être aller plus loin la prochaine fois en fonction de vos questionnement respectifs.
Prenez soin de vous. Aimez vous comme vous êtres.
Excusez les fautes.

:oops: :oops:
Bénévole de l'association CONTACT

Benoit38120
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Un peu d'écoute pour Benoit et JB

Message par Benoit38120 »

Bonjour à toi

D’abord je veux te remercier de ce très long message en forme de témoignage et de message. Il m’a énormément touché. Je ne voulais pas te répondre à chaud mais en prenant le temps. Je t’ai lu mardi soir peu après que tu l’aie publié et à nouveau ce mercredi matin, au bureau (seul endroit où je peux le faire tranquillement). Les larmes me sont montées aux yeux tellement cela m’a touché et j’ai du quitter mon bureau pour cacher mon trouble.

Ton message résonne en moi car je me suis mis en route. Cette alerte IST qui m’a fait « flipper un max » et qui a démontré que je suis clean, m’a fait prendre conscience de ma situation et a eu pour bienfait de me mettre en route en terme de réflexion et surtout d’accompagnement.

Ma situation d’homme marié et père m’isole grandement, je ne peux simplement pas aborder le sujet de l’homosexualité à la maison, aussi je vis tout cela dans le secret. « Cela » ce sont les consultations au centre de dépistage, ce sont les discussions que j’ai sur le sujets avec des amis homos et j’en passe. Je rêve d’aller à une permanence de contact mais je n’en ai pas la possibilité en terme de temps et de liberté de mouvement (je me vois mal dire à mon épouse, je vais à contact).

Mais j’ai compris que rester seul dans cette situation est dangereux, aussi je discute avec des amis homos de ma situation, certains l’ont vécue, d’autre non. Ce ne sont pas des thérapeutes et je ne veux pas non plus que nos conversations ne soient que cela, mais en même temps j’ai du mal à m’en abstraire. Je vois le psy du centre de dépistage qui va probablement me proposer un suivi au long cours avec un professionnel. Je chemine donc…

Au début je voulais tout dire, tellement j’allais mal, le doc du centre de dépistage m’en a dissuadé. De toute manière j’en aurais été incapable. Aujourd’hui je ne suis pas encore prêt à le faire et j’ai besoin de temps pour avancer. J’ai dis à l’infirmière que j’aurais aimé qu’un tiers m’aide à le dire. Cela je l’ai enfin compris. Se laisser le temps de cheminer, même si la route est parfois un peu longue… je voudrais tellement brûler les étapes !

Suite aux discussions que j’ai eues avec la médecin et avec une thérapeute, j’ai aussi compris qu’il fallait que je sois en paix avec moi-même. Le fait que tu dises dans ton message « aimez vous » a pris un sens particulier et tu mets le doigts sur l’essentiel. J’ajouterais aussi, faites connaissance avec vous-même, j’ai l’impression d’avoir été amputé d’une partie de moi-même pendant trop longtemps, de m’être perdu en cours de route, alors oui me réconcilier c’est aussi me retrouver. J’en ai pleuré lorsque j’ai compris cela. Pour ce qui est de s’aimer, j’ai beaucoup de travail à faire, je n’ai jamais été en paix avec moi-même…

Je te remercie également pour ce que tu dis de la famille, cela rejoint mon questionnement, je sais au plus profond de moi qu’ils m’aiment et qu’ils me sont tout acquis. Il n’empêche que j’ai peur de briser quelque chose. Là encore j’ai besoin de temps pour parler et pour assumer. Ma femme sera probablement anéantie, j’ai essayé de lui dire avant notre mariage, « je crois que je suis homo », elle m’a répondu « pourquoi dis tu cela ? » je me suis tût, elle a ajouté « si tu me trompe avec un homme » je me sentirai doublement trahie »

Oui je veux être heureux, pleurer sur soi est inutile et destructeur, c’est pourquoi j’avance à ma manière.

J’ai également compris que ma situation, entre 2 chaises n’est purement pas tenable, rester en ne disant rien revient à continuer de vivre en secret et amputé d’une part de moi-même. Je suis incapable de rester en couple en m’interdisant de vivre mon homosexualité, j’ai longtemps pensé « changer » j’ai enfin compris que je ne peux aller contre ce que je suis. Je l’accepte enfin.

Tu parles d’addictions, je me rends compte que devant cette difficulté la pente est glissante, je me suis réfugié dans le sport mais la bouteille descend parfois un peu vite, je me sens parfois en complet décalage avec ce qui constitue ma vie, mes amis catho coincés qui soutiennent les actions contre le mariage pour tous, l’Eglise catho qui rejette les homos sans les accueillir, les scouts qui rejettent un chef homo sous prétexte que les parents peuvent avoir peur qu’il aime les petits garçons (amalgame tellement courant). Je suis écœuré et en colère, cela me touche.

Au moment où j’écris, comme à chaque fois où je mets des mots sur ma situation, je suis boulversé. J’ai peur, peur de tout perdre et cela me freine pour avancer, mais bon, je compte beaucoup sur les espaces de paroles qui me sont offerts, c’est une chance que je veuxme donner. J’ai très envie de partager avec des hommes qui sont passés par là mais chacun est différent avec son histoire propre. Il est impossible de transposer.

MERCI pour ces pistes que tu donnes, MERCI pour ton soutien, souhaite-moi bonne route. Je veux vivre enfin pleinement, je suis pressé…

Tu parles de « poursuivre » à quoi pensais tu ? J’aimerais continuer à échanger avec toi.

Benoit

PS : Pour JB, nous avons échangé en dehors du forum, je le sens très mal en point, bloqué dans le silence, coincé dans la relation avec son épouse.

JB
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Message par JB »

Merci francophone, merci Benoît.
J'ai été absent longtemps du forum car j'avais à nouveau des problèmes avec mon épouse. Ca se calme? J'accepte mon homosexualité... je m'aime (?) comme ça. Mais je ne peux toujours pas la vivre. Difficile! Merci encore pour votre aide. Je vous embrasse.

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