Mes 2 enfants sont homos, je le vis moyen bien

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Piou34000
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Mes 2 enfants sont homos, je le vis moyen bien

Message par Piou34000 »

Bonjour,
Bon, maintenant que j’ai sagement rempli le questionnaire maison je vais tenter d’expliquer les raisons qui m’amènent ici. Pardon, par avance, si je suis un peu longue.
Je me prénomme Christine, j’habite Montpellier, j’ai 46 ans, et j’ai la chance d’avoir deux enfants : un fils de 19 ans et une fille de 17 ans, tous deux étudiants.
Je suis divorcée depuis 11 ans. J’ai vécu avec mes enfants, seule dans un premier temps (le papa a refait sa vie et disparu dans la nature), puis je les ai élevés en compagnie de mon nouveau chéri (avec qui je vis depuis 7 ans).
Mon fils étudie à Paris. Ma fille vit toujours sous notre toit.
J’ai toujours fréquenté des homos (enfin pas toujours, depuis la fac quoi). Ma meilleure amie est homo. Elle est la marraine de ma fille. Ceci pour préciser qu’en découvrant l’homosexualité de mes enfants, je ne débarquais pas en planète inconnue, loin de là. En revanche, je n’ai RIEN vu venir et j’étais à 100 000 lieux de me douter de quoi que ce soit concernant l’orientation sexuelle de mes enfants. J’ignore si je faisais inconsciemment l’autruche. Je n’en ai pas l’impression.
Il y a quelques mois, à l’occasion d’un petit moment mère/fille privilégié (soirée tranquillou à deux), ma fille m’a annoncé qu’elle préférait les filles… Soit, soit. J’ai dû faire grave « gloup » intérieurement, mais comme je la sentais désireuse de s’épancher, je n’en ai rien montré. J’ai prononcé la phrase que prononcent, de tout cœur, les parents dans ces cas-là : « tu es ma fille, je t’aime et je t’aimerai toujours, ça ne change rien. » Puis, nous en avons discuté assez longuement et plutôt joyeusement. Quoi que légèrement marrie (car intérieurement assaillie de réflexions à 2 balles du style : pourquoi moi ? Ma fille n’aura jamais d’enfants ! Qu’est-ce que j’ai fait -ou pas- pour que ma fille soit homo ?... et j’en passe, et de plus niaises -ou de plus justifiées, du style : Oh mon Dieu, s’il le faut ma fille a souffert de sa différence en silence et je n’ai rien vu …), j’ai tout de même réussi à ne pas marquer mon désarroi du moment. Bien m’en a pris car j’ai l’impression que, du coup, ma grande a pu dire librement tout ce qu’elle souhaitait me confier et que ça lui a fait du bien. En fin de conversation, juste avant d’aller se coucher, elle m’a dit avoir parlé de son homosexualité à son frère aîné, et que je pouvais donc en discuter au téléphone avec lui si je le souhaitais. Donc, sitôt qu’elle a eu le dos tourné, j'ai foncé sur le téléphone : « Allo, je viens de discuter avec ta sœur, tu savais qu’elle était homo ??? !!!! » Réponse de mon fils : « ben oui mais, entre nous, ce n’est pas la seule. » Moi sur le mode légèrement hystérique : « Franchement, les autres homos, je m’en cogne ! Je te parle de ta sœur là ! » Et mon grand : « Oui, mais MOI, je te parle de moi là. J’ai un copain depuis quelques mois… mais je n’ai pas le temps de t’en parler maintenant parce que j’allais sortir. Bisous ma petite maman chérie bye ! » Raccrochage. Et… fais avec Maman chérie ! Deux enfants homos pour le prix d’un en l’espace de quelques heures… euh… comment dire ? Arggglll arggggllll arggglllllll ! J’ai pleuré comme une perdue, sans même savoir exactement sur quoi. Je l’ai mal vécu. Bon dieu que je l’ai mal vécu : culpabilité (2 sur 2, eh oh ! ça ne peut venir que de moi ! Au passage, comme si l’homosexualité était une tare !!! Mais bon, quand je me mêle d’être conne, je ne fais pas les choses à moitié.) ; Sentiment d’être la mère la plus Out de la terre : et si mes petits avaient souffert ? Alors je n’en aurais rien vu ?; Sentiment de nullité absolue sur toute la ligne : comment pouvais-je prendre les choses si mal, moi qui avais toujours fréquenté des homos ? Devais-je en déduire que l’homosexualité ne me posait aucun problème à condition que ce soit en dehors de chez moi ? Serais-je serrée dans ma tête à ce point-là ? Bref, ce que j’ai appris à l’occasion du coming-out de mes enfants, ce sont surtout des choses pas très jolies-jolies sur moi, et ça je ne me le pardonne pas.
Autre chose que je ne parviens pas à dépasser : sans parvenir à m’expliquer pourquoi, je vis plus mal l’homosexualité de mon fils que celle de ma fille. Est-ce parce qu’elle a choisi un moment privilégié pour me l’annoncer ? Est-ce parce qu’elle m’en parle librement, et ne semble pas du tout mal dans sa peau (bien au contraire, elle ne m’a jamais semblée mieux que depuis que les choses ont été dites. J'ai même l'impression que nous nous sommes rapprochées)? Est-ce parce que mon fils, dont j’ai toujours été particulièrement proche, semble à l’inverse plus distant depuis LA grande annonce? J’ai bien tenté de tendre quelques perches lors des vacances d’été, dans le but de le mettre à l’aise, de vérifier qu’il n’était pas en souffrance et de le rassurer sur mes sentiments. Mais comme c’est délicat de le faire sans virer à la grosse lourde et sans empiéter sur sa vie de jeune homme ! Entendons-nous bien, je ne tiens pas du tout à ce qu’il me fasse des confidences (sauf s’il y tient bien sûr), mais s’il pouvait seulement me dire : « je suis en couple, je suis amoureux, ou bien tout simplement : je suis heureux », comme je serais rassurée. Mais bon, les enfants ne sont pas là pour rassurer les parents.
Parents, avez-vous traversé des moments similaires ? Et si oui, comment avez-vous vécu et dépassé tout ceci ?
Jeunes gens homos –et moins jeunes, d’abord j’espère ne pas vous avoir heurtés en vous montrant mes facettes les moins brillantes, ensuite avez-vous des conseils à me donner pour m’éviter de grosses maladresses avec mes enfants?
Par avance merci à tous

Steph
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Message par Steph »

Bonjour :D

Je ne suis pas parent d'homo, juste gay mais largement en âge de comprendre ce que vous pouvez ressentir (45 ans au mois de novembre 2011 ).
Au passage, votre témoignage est très bien écrit (humour, auto-critique ... ).

Vous pouvez recueillir dans les semaines et mois qui viennent le témoignage d'autres parents mais ils vous diront qu'ils ont vécu la même chose que vous, voire souvent qu'ils l'ont moins bien vécu. Sans doute que ce genre de témoignages vous fera du bien. Il vous diront aussi qu'il faut du temps mais ça vous le savez déjà. Concernant la question des "petits enfants" (que se pose la plupart des parents), même si ce n'est pas simple, les homos parviennent à avoir des enfants s'ils le souhaitent vraiment. Concernant "votre responsabilité dans le fait que vos enfants soient homos", on vous répondra généralement que vous n'en avez aucune et c'est très bien comme ça car se culpabiliser ne servirait pas à grand chose, sauf si vous vouliez en avoir un troisième ? Mais je ne pense pas que ce soit le cas ? ;) Concernant votre fils, sans doute que l'annonce de son homosexualité s'est avérée brutale ? Vous l'expliquez très bien vous même. Ensuite, peut-être que l'homosexualité masculine vous parait encore plus "mystérieuse" que l'homosexualité féminine ?
Si vous avez besoin de vous rassurer sur ce qu'il vit, peut être que le mieux, c'est de lui demander ?

;)

schandmaul
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Message par schandmaul »

Bonjour,

Votre témoignage m'a beaucoup touché. Je pense que vous n'avez pas à vous en vouloir, je ne pense pas que ça vienne des parents. Et quand bien même, si vos enfants le vivent bien, il n'y a pas de quoi s'en vouloir.

Ce que vous appelez vos "réflexions à deux balles" me paraissent tout à fait normales. Je ne suis pas parent mais je pense que ce sont des questions normales, et elles le resteront tant que l'homosexualité restera une sorte de tabou.

Concernant votre fils, je rejoins la réponse précédente. Je pense que c'est plus la manière dont elle a été annoncée que l'homosexualité elle-même qui vous perturbe. Elle semble avoir été brutale sans vous laisser la possibilité d'en parler, de savoir comment va votre fils, comment il le vit, etc. et je pense que c'est essentiel.

Enfin, vous semblez vous en vouloir d'avoir mal accepté les coming-out de vos enfants, mais vous ne devriez pas. Je pense que c'est une situation qui évoluera avec le temps, ça me semble difficile de bien prendre le coming out (simultané ou non) de ses deux enfants. Je trouve que vous l'avez particulièrement bien pris : vous avez accepté vos deux enfants et ne souhaitez que leur bonheur malgré tout, ce n'est pas le cas de tous les parents.

Vous souhaitez parler à votre fils, et je pense que c'est essentiel en effet. vous avez besoin d'être rassurée et je pense qu'il peut le comprendre. Mais s'il le vit mal, il risque d'avoir du mal à accepter d'en parler. Pour éviter de le braquer, vous pouvez par exemple essayer de lui envoyer un courrier/mail/etc. pour lui dire simplement que vous êtes prête à l'écouter s'il en a besoin ou envie, que vous l'aimez, bref ce que vous avez sur le cœur sans devenir "lourde". Quelque chose de court, une invitation, une porte ouverte, mais pas une obligation.

J'espère que vous vous rassurerez avec le temps sur votre ouverture d'esprit. Vous semblez largement assez ouverte pour accepter la situation. Faire la démarche d'en parler ici est déjà une belle preuve d'ouverture.

Piou34000
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Message par Piou34000 »

Bonsoir Steph et Schandmaul,

Merci pour vos réponses. Elles m’ont touchée et fait du bien (mais, maintenant, on se dit « tu », hein ?).
J’ai fort heureusement déjà dépassé la plupart de mes questionnements bébêtes du début. Concernant notamment la « question des petits-enfants ».
Je ne vois d’ailleurs carrément pas pourquoi c’est la première qui m’est venue à l’esprit ! Petit a/ Je ne sais pas tricoter (et je sens que c’est une activité qui me foutrait les nerfs en pelotes).
Petit b/ Il y a dans mon entourage très proche au moins trois couples homos (mais que des filles) qui ont des gosses et tout se passe à merveille. Donc ? Mystère de l’insondable connerie de mon cerveau lorsqu’il est en état de choc !
Concernant la question de ma culpabilité, elle réside bien plus dans ma réaction initiale, que je qualifierais de drôlement primaire (pour ne pas dire conne à pleurer, d’ailleurs, qu’est-ce que j’ai pu pleurer !!! Bref, c’était la totale loose intellectuelle). Je sais, bien entendu, que pas plus que mes enfants ne le sont, je ne suis responsable de leurs orientations sexuelles. C’est comme ça, bast (et au passage, il n’y a pas de quoi non plus pondre une pendule format Big Ben).
Concernant ta question, Stef, sur mon souhait d’avoir d’autres enfants :) … J’adorerais ! Et je monterais une grande communauté Gay… Et qu’est-ce qu’on rigolerait à chaque coming out !!!!
Je ne sais pas si, comme tu le dis,« l'homosexualité masculine me parait encore plus "mystérieuse" que l'homosexualité féminine », mais ce qui est certain, c’est que je vois ma fille le vivre mieux que mon fils, et qu’elle semble plus épanouie que lui.
J’ai déjà tenté de dialoguer avec mon fils bien sûr. Mais il ne semble pas trop prêt, alors je ne fais pas de forcing (du coup je reste avec des points d’interrogation plein ma tête, et l’idée qu’il puisse être mal à chier sans pouvoir l’aider me crève le cœur). En gros, les fois où j’ai tenté une approche il m’a répondu de façon assez revêche : « Oh, c’est bon maman, c’est pas parce que je suis avec un mec que je suis pédé, donc il n’y a pas plus à dire. D’ailleurs, si ça peut te rassurer, je ne peux pas encaisser les pédés ! » Fin de converse et de non-recevoir. Euhhh… je dois dire que ces propos ne me rassurent pas vraiment. Je ne sais pas quelle mouche a piqué mon grand, mais je le trouve drôlement agressif et intolérant, ce à quoi il ne nous avait vraiment pas habitués. Il traite sa sœur de « grosse goudou» (sic, le délicieux chéri…), lui fait savoir fort délicatement qu’elle « n’a pas intérêt à virer grosse camionneuse », affirme qu’il « ne peut pas saquer les folles »… Bref, chose inédite pour moi, je découvre un homo homophobe (ou follophobe, si vous préférez). J’imagine qu’il n’y en a qu’un seul modèle au monde et… il se trouve que c’est mon fils. Ma joie est grande ! Ça me met tellement mal à l’aise (honte – HONTE !) que je n’ai même pas osé en parler à mes amis homos… Mais bon Dieu que ça me pèse ! Là, j’ai vraiment l’impression d’avoir décroché le pompon et merdoyé un truc dans son éducation. Mais je ne comprends vraiment pas à quel stade…
L’homosexualité n’a jamais été un sujet tabou à la maison. Une bonne partie de mes potes étant homos, mes enfants ont, dès leur naissance, été amenés à rencontrer des filles qui vivaient avec des filles, et des garçons qui aimaient des garçons, des filles qui aimaient des garçons aussi bien sûr (et inversement !). Nous n’en parlions pas plus que cela. C’était comme ça, point barre. J’ai bien le souvenir de mon fils me demandant à l’âge de 4 ans « Ta copine « P », c’est une fille ou c’est un garçon ? ». Moi : « Ben, c’est une fille. D’ailleurs, si tu dis « copine » c’est que tu le sais ». Lui : « Oui, mais pourquoi elle embrasse une fille alors ? » Moi : parce qu’elles s’aiment. » Mon gamin : « Ah oui, c’est vrai ». (A l’attention de parents qui pourraient être choqués par ce mode d’éducation, quelques précisions : n’allez pas imaginer que ma maison était un lieu de stupre. Bref, inutile de foncer sur vos plus beaux téléphones pour alerter les services sociaux : mes gamins ont dû voir, une fois ou deux, des filles se faisant un bisou hyper soft ou des garçons débarquant à la maison bras dessus / bras dessous, comme n’importe quel couple d’amoureux quoi…) Au passage, bordel, ce qu’il y a de chiant avec l’homosexualité, c’est qu’on a tout le temps le sentiment de devoir se justifier, c’est d’un pénible !!! Du coup, qu’est-ce que je suis contente d’être hétéro !
Mais revenons au sujet qui me préoccupe : avez-vous déjà entendu parler d’un homo homophobe ?
Sachant que mon fils n’est pas plus con qu’un autre. En toute objectivité –de mère…- c’est même tout le contraire : c’est un type brillant (enfin d’ordinaire, quand il ne casse pas verbalement du pédé… le con !)
Bref, help, help : je suis dans le flou le plus total.

schandmaul
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Message par schandmaul »

Je crois que l'homophobie (ou une certaine forme) n'est pas si rare parmi les homosexuels. Et pour être honnête avec toi, moi-même j'ai beaucoup de mal avec les gay trop clichés. Mais ça peut aussi être dû à une mauvaise acceptation de sa situation. Il a beau être avec un homme, il n'accepte peut-être pas son homosexualité malgré tout. C'est difficile de savoir d'où peut venir sa réaction. C'est difficile, mais je pense qu'il n'y a guère d'autre possibilité que d'attendre qu'il fasse le pas.

Par ailleurs, s'il refuse d'être catégorisé comme "gay", je pense qu'il vaut mieux éviter de le renvoyer systématiquement à cette image. Pour un certain nombre d'homo, être avec un homme ne signifie pas être homo. Ça peut paraître étrange, mais finalement, on n'aime pas "les" hommes, on en aime un, tout comme les hétéro n'aiment pas "les" hommes/femmes mais un/e seul/e.
Et ce qui joue aussi, c'est que "homo" (ou "gay") renvoie à une image qui ne nous correspond pas toujours. C'est un terme qui renvoie souvent au cliché de l'homosexuel hyper-extraverti (tu sais, celui du marais qui parcourt les boîtes de nuits), très efféminé, somme toute très "folle", d'où un refus de ces termes de la part d'un certain nombre de personnes.

Je pense que tu n'as rien raté niveau éducation pour tes enfants. Ils ont été confrontés à la réalité de l'homosexualité dès leur enfance, mais en douceur. Tu as fait, je pense, de ton mieux de ce point de vue.

Je ne sais pas quoi te dire de plus pour t'aider... N'étant pas parent moi-même, c'est difficile pour moi de te conseiller (notamment point de vue éducation). Je pense que tu ne peux pas grand chose face à la réaction de ton fils. Le mieux est peut-être de faire comme si de rien n'était, même si c'est assez difficile pour toi. Attends qu'il vienne vers toi, il finira bien par le faire, tout en l'assurant que tu as confiance en lui, que tu l'aimes, bref que tu es une mère! Et quand il sera prêt, il viendra vers toi.
Je suis conscient que c'est difficile pour une mère de se dire que peut-être que son fils souffre sans pouvoir rien faire pour lui, mais l'acceptation de l'homosexualité est un parcours personnel. Il n'y a pas grand monde qui peut nous aider à accepter notre situation. C'est un développement personnel.

Voilà pour ce que je peux te dire. Pas bien encourageant j'en suis conscient, mais bon... Tiens bon, je pense que c'est juste une mauvaise passe.
Courage! Et donne-nous des nouvelles!

Piou34000
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Message par Piou34000 »

Coucou Schandmaul (et tous les autres, of course !),

Suis stupéfaite (et rassurée ?) d’apprendre que mon fils n’est pas le seul homo à pratiquer une certaine forme d’homophobie…
Ceci étant, à la réflexion (et là, tu vas voir que tu m’as déjà bien aidée à avancer), je peux comprendre que de jeunes hommes qui se découvrent une sexualité « différente » puissent être dérangés par l’image renvoyée par certains gays trop « clichés ».
J’admets également volontiers qu’ils n’aient pas envie d’être associés, dans l’esprit des gens, à l’image de « tata Philippe» ou, si tu préfères, à celle de la grande folle du Marais (qu’au passage je trouve très amusante et plutôt sympathique, mais bon, peut-être un peu voyante effectivement…)
Je me doute que le rejet de mon fils (super violent tout de même à mon goût : eh ! oh ! tout le monde a le droit de vivre, non ?) est probablement lié à un profond malaise. Tout ça, je peux l’entendre -si toutefois il souhaite un jour en parler (et si pas, tant pis).
En revanche, je ne peux PAS l’entendre traiter sa sœur de « sale goudou » ou tenir des propos plus que limites sur les homos et applaudir non plus !
Je te rassure, les quelques fois (4 tout au plus) où j’ai tenté d’entraîner mon fils sur la pente –visiblement encore un peu glissante à ses yeux- d’une conversation au sujet de l’homosexualité, je n’ai pas dit : « Viens par ici mon biquet, maman voudrait que tu lui expliques pourquoi tu es gay » !!! Bref, je ne tiens pas à enfermer mon garçon (ce grand cornichon !) dans un quelconque bocal avec une étiquette bien définitive. 1/Suis bien trop bordélique pour m’imposer ce type de grand rangement de Printemps…
2/Je sens bien qu’il a encore du cheminement à faire avant de se ranger lui-même, s’il en éprouve le besoin, dans une quelconque catégorie. Ce qu’il ne manquera pas de faire un jour ou l’autre, car il est autrement ordonné que sa mère !
Le bonheur, c’est que comme mon garçon a toujours été un peu lent (là encore, il ne tient pas de moi), le cheminement promet d’être longuet…
En parallèle, comme de mon côté la patience n’est pas à proprement parler ma vertu première, je commence légèrement à piaffer et j’ai envie de hurler : « Rendez-moi mon fils, le VRAI ! Le Rigolo ! Le TRES gentil garçon fou de sa maman -et pas d’un enfoiré de merde !!!! … (Oui, oui, nous avons réglé tous nos problèmes œdipiens depuis fort longtemps, mon fils et moi…). Qu’il soit amoureux, d’une fille, d’un garçon ou d’un chimpanzé, je m’en cogne. Rendez-moi le fils merveilleux que je connais !
Maintenant… et si je ne connaissais pas VRAIMENT mon fils ?...
Houlà, je vais m’arrêter là pour ce matin, parce que ça donne un peu le tournis, tout ça, non ?

valériepseudo
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Message par valériepseudo »

Bonjour Piou,

Franchement je crois que beaucoup d'enfants gagneraient à avoir une maman comme toi. Qui s'interroge, capable d'autocritique, qui respecte ses enfants comme tu le fais.
Tu ressens peut-être des choses parfois qui te gênent mais tu protèges malgré cela tes enfants au maximum de ton propre ressenti.
Quelle plus belle preuve d'amour ?
Que demande le peuple !???

courage à toi !

Une autre maman solidaire.

Piou34000
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Message par Piou34000 »

Coucou Valérie,
Merci pour ton adorable message. Je tiens toutefois à préciser que, pas de méprise : je suis très, très loin d’être LA maman idéale. Au passage, tant mieux ! Car, entre nous, quoi de plus chiant qu’une personne sans défauts?
Oui, je me suis efforcée de ne pas mettre en avant mon propre ressenti, et j’y suis parvenue... parce que je n’avais pas le choix : j’imagine à quel point un coming-out auprès des parents doit être culpabilisant, car l’exercice consiste tout de même à dire, en gros : « Maman, je n’aurais jamais la vie dont tu rêvais peut-être pour moi (couple « classique », enfants, etc…), bref j’ai peur de te décevoir. » Alors, rajouter une louche de culpabilité en me roulant par terre et en bramant : « Oh mon Dieu ! Comme je suis déçue ! Bouhouhou !!! », franchement, je n’en voyais pas bien l’intérêt- si ce n’est de soulager mes petits nerfs sur le coup, bien sûr !
Je ne juge pas du tout les mamans qui ont fait voir leurs larmes et qui ont marqué leur désarroi. J’aurais fonctionné exactement comme elles, si je n’avais pas eu l’avantage d’avoir des amis homos. La plupart m’avaient raconté leur propre coming-out auprès de leurs parents, et dans l’ensemble, souffrance, souffrance… Dieu merci, j’avais ça dans un coin de ma tête quand ma fille a choisi de me parler, et je dois dire que ça m’a bien aidée à calmer toute velléité de débordement lacrymal (qui auraient pu nous emmener drôlement loin, car je suis latine et équipée du tempérament en conséquence !)
Note bien, aujourd’hui je suis bien couillonnée car, moi qui me suis toujours efforcée d’être honnête avec mes enfants, ces temps-ci, j’ai l’impression de leur cacher quelque chose.
Pas non plus très à l’aise avec mon compagnon, âgé de 15 ans de plus que moi, qui est dans un total déni de la réalité façon : « C’est un phénomène de mode, ça leur passera !!! » Comme je ne sais plus quel discours lui tenir pour lui remettre les yeux en face des trous, et que ras le bol de m’énerver, j’ai téléchargé et imprimé le document proposé par Contact à l’intention des parents (très bien conçu au passage), et je l’ai collé sur sa table de nuit. Ce matin, j’ai vu qu’il avait un peu bougé (pas lui dans sa tête, le document je veux dire), donc laissons lui faire son chemin à son rythme.
A part cela, j’ai lu ton témoignage qui m’a serré le cœur (notamment le passage où tu expliques que cette fille qui avait suscité tant d’émois chez toi, te battait froid… Avez-vous pu en reparler, elle et toi depuis ?). Je n’ai même pas osé te mettre un petit mot d’encouragement, car n’ayant jamais traversé de situation similaire, j’ai trop peur de n’avoir que quelques pauvretés à te servir, or le dossier semble un peu trop chaud pour cela. J’espère que des personnes plus compétentes que moi viendront très vite t’aider à éclairer ton chemin. Mais là je dois dire que je commence à douter un peu, façon : es-tu sûre que nous ne soyons pas seules ici, toi et moi ? C’est moyen réactif comme forum, non ? En même temps, je ne voudrais pas critiquer, ce qui est toujours bien facile. D’autant que la lecture des nombreux témoignages postés ici m’aident pas mal à avancer, et c’est déjà ça !
Courage à toi. J’irai te lire pour savoir où tu en es.

valériepseudo
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Message par valériepseudo »

Bonjour Piou,

Même sentiment que toi en effet... peu de monde sur le forum. Personne ne m'a répondu en fait avant toi.
Mais je me demande aussi si il n'est pas plus réservé aux parents et familles d'homos.
Et puis peut-être y a t'il tout simplement peu de monde concerné par ces questions..? Je me demande.
Je suis ravie d'apprendre que tu n'es pas une mère parfaite. Bienvenue au club, et franchement c'est bien plus sympas comme ça je suis d'accord avec toi.
De toute façon être maman c'est pas toujours une partie de plaisir, faut juste le savoir un point c'est tout. Le principal c'est d'agir pas amour même quand on se plante. On peut toujours rectifier le tir après !
Et être une maman "suffisament bonne" comme le disait copain Winnicot, ça n'a jamais voulu dire ne jamais rien ressentir de négatif envers ses enfants. Mais juste assumer son ressenti, et faire avec au mieux !
Tu décris avec beaucoup d'humour et de lucidité la situation compliquée que tu vis avec tes enfants, et c'est vraiment touchant au final. On sent derrière tes paroles une personne qui a la finesse et le recul nécessaires pour gérer même cette situation difficile. Et tu as tout à fait le droit aussi d'être inquiète, déçue d'avoir parfois mal aux tripes c'est le lot des mamans.

Sinon que dire de mon côté...
Au sujet de celle que j'ai aimée. Et bien elle ne me donne plus de nouvelles et à vrai dire pour l'instant je préfère ne pas en avoir.
Son attitude envers moi a été très froide. Je ne sais pas ce qu'elle ressent. Si elle a été choquée. Si elle est homophobe (ce que je crains un peu). Si elle n'est pas claire dans ses sentiments. Pour moi ça a été un double rateau. Le premier parce que mes sentiments ne sont pas réciproques. Mais ça on s'en remet toujours. Le second un rateau d'amitié parce que je pensais réellement que nous étions suffisament amies pour qu'elle puisse réagir plus humainement que cela envers moi. Et c'est surtout ça le coup dur pour moi. Mais en même temps ben ça va m'aider à faire le deuil. Je me dis que je n'ai rien à regretter. Que je l'ai aimée comme je n'avais jamais aimé personne dans ma vie. Que ça a été une belle rencontre pour moi. Que je ne veux garder que le bon, les belles choses qu'elle m'a apportées. Et surtout qu'elle est celle qui a révélé cette part de moi. Cette part que j'ignorais complètement. A présent je me retrouve face à cela. Ne sachant pas trop bien si je suis une homo totalement refoulée depuis toujours, ou bien si j'aime autant les femmes que les hommes. Mais je n'ai pas besoin de certitudes. Juste de poursuivre ma route au mieux. Tout cela ne se fait pas en un jour surtout qunad on se réveille du jour au lendemein à presque 40 balais pour se dire "mais merde, je suis peut être lesbienne en fait !!"
Le plus douloureux pour moi ce sont toutes les questions que cela vient poser sur la table en ce qui concerne mon foyer. Mon mari. J'aime mon mari. J'aime ce qu'on a construit. Notre complicité, notre petite équipe du tonnerre pour être parents, nos rigolades, nos moments partagés. On est soudés lui et moi. On s'est toujours soutenus l'un et l'autre en tout et pour tout.
Mais mon désir, ce trouble que je ressens pour les femmes.... je ne peux pas le nier à présent. Alors bon je ne vais rien m'interdire. Je vais aussi aller rencontrer des associations je pense, pour ne pas rester seule avec ça. Parce que par moments c'est trop dur. Je vis dans un monde qui ne se doute pas une seule seconde de celle que je suis réellement. Bon voilà où j'en suis en gros...
merci en tout cas Piou à toi aussi pour ta solidarité.

Piou34000
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Message par Piou34000 »

Coucou Val,

J’imagine à quel point le coup du double râteau a été compliqué à encaisser ! Et je te rejoins sur un point : le plus violent à digérer a probablement été celui de l’amitié...
Maintenant, je trouve sage de te protéger comme tu le fais en te disant que tu n’as peut être pas grand-chose à regretter.
Je dois également dire que je salue ton attitude positive. Ce double râteau fait de toi une belle jardinière. En t’ouvrant les yeux sur une autre partie de toi (enfouie, nouvelle, après tout peu importe…) il semble t’avoir donné envie de cultiver cette petite différence. Aussi pourquoi ne pas effectivement tenter une expérience pour savoir ce qu’il en est ? Ce ne sont pas les fleurs à butiner qui manquent ! Je te souhaite juste plus de chance –et de sagesse- dans tes choix. Bref, plus de pelles que de râteaux à l’avenir! Et une fleur sans trop d’épines aussi.
Concernant ton couple et ta petite famille, je comprends parfaitement ta douleur. Mais, serrer les dents et fermer les yeux pour les protéger, bref, vivre dans une sorte de grand mensonge aurait probablement été plus douloureux pour tout le monde à l’arrivée.
Je suis sûre que plein d’autres que toi ont traversé ce cap difficile à gérer. J’espère bien qu’ils vont se manifester. Eh oh ! Les gens ! Vous êtes quelque part sur ce forum d’échanges ? Je veux dire les gens AUTRES que les journalistes qui nous contactent en MP !! Si oui, allez répondre à ma copine Valérie qui a besoin de vos lumières… et moi aussi… un peu quand même! :(

valériepseudo
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Message par valériepseudo »

(rire !!) oui c'est vrai ils sont passés où...???
bon c'est pas grave Piou de toute façon je pense vraiment que les forums ça ne remplace pas les vraies rencontres !
J'aime bien l'expression "belle jardinière". C'est vrai à force de se prendre des rateaux on finit par devenir plus expert peut-être... Je l'espère.
Une chose est sûre je suis quelqu'un qui ne peut de toute façon pas se nier, ou étouffer sciemment son "moi" authentique. Impossible ça. Tant que c'était pas conscient oui. Mais maintenant que j'en sais un peu plus sur moi je ne peux pas faire machine arrière.
Alors on verra bien.....

Steph
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Message par Steph »

valériepseudo a écrit :Bonjour Piou,

Même sentiment que toi en effet... peu de monde sur le forum. Personne ne m'a répondu en fait avant toi.
Mais je me demande aussi si il n'est pas plus réservé aux parents et familles d'homos.
Et puis peut-être y a t'il tout simplement peu de monde concerné par ces questions..? Je me demande.
Il y a surtout moins de membres de l'association pour répondre qu'il y en avait avant. Les personnes qui témoignent délaissent un jour le forum lorsqu'elles ont trouvé des solutions et/ou des explications à "leur problème".
Pour "se sentir moins seul", il faut donc souvent aller voir les témoignages de celles et ceux qui ont témoignés avant nous ^^.
Lorsqu'on a lu des kilomètres de témoignages (comme j'ai pu le faire ^^), on s'aperçoit que toutes les parents se posent à peu près les mêmes questions, que les LGBT se posent aussi les mêmes questions. D'où l'intérêt de lire les brochures de CONTACT et/ou de prendre contact avec l'une des antennes de l'association (même si, là aussi, les bénévoles désertent parfois ... ).

Steph
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Message par Steph »

Re-bonjour Piou,

Comme cela t'a déjà été répondu, l'intolérance (ou l'homophobie, si tu préfères ^^) est très présente chez les homos (filles ou garçons).
Si ton fils est homo, il ne se démarque donc pas des autres. Il est possible aussi qu'il "se cherche" ? Ce qui est légitime à cet âge là, d'autant qu'il n'y a a priori pas d'âge pour "se chercher" ;) ?
S'il n'a pas envie d'aborder le sujet de l'homosexualité, c'est peut-être parce qu'il faudrait lui parler de toi et non lui parler de lui ?
Tu peux lui dire en effet comment tu vis les choses toi ? Sans lui demander nécessairement où il en est lui ?

;)

valériepseudo
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Message par valériepseudo »

merci steph pour ta réponse.
En fait je vais aller moi aussi rencontrer une association, car je crois qu'il n'y a rien de tel qu'un réel échange et des rencontres avec des gens.
De mon côté j'ai aussi besoin de me sentir moins seule. Même si j'ai parlé de ce que je vis à certains proches, et qu'ils ont pris la chose très très sereinement et avec bienveillance envers moi aucun ne connait ce type de situation. J'ai besoin de rencontrer des personnes qui ont vécu ou vivent des questionnements sur leur orientation sexuelle avec tout ce que ça comporte aussi de difficulté au regard de la société terriblement normative dans laquelle on vit, et qui à mon avis n'est pas si ouverte qu'elle veut bien le faire croire sur les questions de sexualité au sens large...

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