Malaise avec l'entourage amical

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ibiblue
Messages : 9
Inscription : 31 mars 2009 17:27

Malaise avec l'entourage amical

Message par ibiblue »

bonjour,

je suis la maman d'une jeune fille lesbienne de 21 ans bientôt. Notre fille a fait son coming out il y a deux ans. Pour nous, cela ne pose aucun problème, ainsi que pour les membres de la famille capable d'entendre cette révélation et ses amis et nos amis les plus proches.

Par contre, je suis toujours mal à l'aise lorsque des amis moins proches ou de simples relations, me demandent si elle a un petit copain. J'élude. Je n'ai pas le courage de dire tout simplement, oui elle a une petite copine. Je me dis que je ne pourrai pas continuer à éluder ainsi longtemps, que c'est comme si je n'acceptais pas totalement son homosexualité, comme si je voulais la nier. Le vrai courage serait de répondre simplement et franchement.

En fait, je me rends bien compte, que j'ai un peu de mal à accepter cette homosexualité, parce que je suis inquiète pour elle, j'ai peur que cela soit difficile, qu'elle soit malheureuse. Pour l'instant, elle a du mal à avoir une relation stable comme elle le souhaiterait.

D'autre part, elle nous tient à l'écart de ses amies, de son milieu gay, comme si nous étions trop ringards et je souffre de cela, je pense qu'elle nous sous-estime, j'ai peur qu'elle considère que son "milieu" est une sorte d'élite et que nous ne sommes pas dignes de le connaître. Je pense que cette attitude est immature et malsaine.

J'aimerais savoir comment vous autres parents, réagissaient aux questions de votre entourage, etes vous tout à fait à l'aise avec l'homosexualité de votre enfant, face aux questions qu'on vous pose sur la vie affective de votre enfant ?

Eliane

domi1315
Messages : 23
Inscription : 04 août 2009 14:35

Message par domi1315 »

Bonsoir,

Je comprends assez bien votre malaise, en particulier pour tout ce qui concerne les difficultés futures que nous envisageons dans la vie de nos enfants.

Malheureusement, même si çà évolue, notre société n'est pas vraiment prête à les accepter et à les regarder sereinement.

Quoi qu'il en soit, je préfère voir mon fils heureux en vivant son homosexualité au grand jour que ce qu'il a vécu auparavant, dans l'ombre et dans le mensonge, dont il souffrait énormément.

Votre fille est jeune, qu'elle n'ait pas encore de relation véritablement stable n'est pas inquiétant en soi. Les jeunes hétéros du même âge sont également dans cette situation et faut il leur souhaiter de "se caser" au plus tôt ???

C'est vrai que nous avons toujours un peu peur , tant qu'ils ne sont pas en couple, de ce qu'ils peuvent vivre dans leur "milieu" . Nous sommes nourris de fantasmes sur le milieu gay et ses pratiques, une sexualité débridée et j'en ^passe ...
Personnellement, je ne tiens pas absolument à ce que mon fils me mêle à ses amis, c'est sa vie, ses connaissances, il m'en présente certains homos ou hétéros, à l'occasion, j'en rencontre chez lui mais çà s'arrête là .
Pour moi c'est normal . Mon autre fils est un fan de moto, il a aussi son propre cercle d'amis motards . Et bien , je me fiche un peu qu'il me les présente .

Nos enfants font leur vie propre , c'est eux qui décident ce qu'ils nous font partager ou pas .
C'est cette autonomie, cette distance qui leur permet de se détacher de nous et de devenir des adultes à part entière .
D'ailleurs, vous mêmes avez certainement des amis que vos enfants ne connaissent pas et vous ne voyez pas l'intérêt de les leur présenter .

Pour en venir enfin à votre question "comment répondre quand on nous demande des choses sur la vie privée de nos enfants ?" je dirai que (s'ils sont d'accord bien sûr) il est de notre devoir de présenter les choses de la façon la plus naturelle possible .
Ce combat contre l'homophobie ambiante nous devons également le mener avec eux et pour eux tous . Nous n'avons pas à nous sentir mal à l'aise, au contraire, c'est en général le malaise de l'interlocuteur qui me fait toujours sourire (et parfois même rire quand je vois sa tête et que je sens qu'il se dit intérieurement "mais pourquoi donc ai-je posé cette foutue question ?")

:D

ibiblue
Messages : 9
Inscription : 31 mars 2009 17:27

merci de votre réponse

Message par ibiblue »

je viens de lire votre réponse, que je trouve extrêmement sensée, intelligente, réconfortante. Vous avez tout à fait raison, sur l'attitude à avoir sur les relations de ma fille. Ce qui nous fait toujours du mal à nous parents, c'est de comparer nos enfants, et nos relations avec eux, avec ce qui existent dans d'autres familles. Moi même je dis à mes amis, de prendre leurs enfants comme ils sont.

Quant à l'attitude vis à vis des questions, je veux arriver à cette attitude, je dois me préparer à cela, je voudrais venir rencontrer des personnnes à l'association contact à Paris, prochainement, afin de me booster un peu.

Merci encore

Eliane

bikounet38

Message par bikounet38 »

Bonsoir Eliane.

Soyez humble envers vous meme : vouloir défendre une cause, c'est très charitable, très louable.
Mais, çà demande souvent du temps : pour être complétement à l'aise avec le sujet.

Ma mère a attendu une année avant d'en parler avec ses amies : je ne lui demande pas çà d'ailleurs ; juste qu'elle m'accepte comme je suis, qu'elle accueille mon futur compagnon.
Après, si vous avez envie d'en faire plus, c'est bien, mais il faut que çà parte de votre envie propre.

domi1315
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Inscription : 04 août 2009 14:35

Message par domi1315 »

bikounet38 a écrit :Bonsoir Eliane.

Soyez humble envers vous meme : vouloir défendre une cause, c'est très charitable, très louable.
Mais, çà demande souvent du temps : pour être complétement à l'aise avec le sujet.

Ma mère a attendu une année avant d'en parler avec ses amies : je ne lui demande pas çà d'ailleurs ; juste qu'elle m'accepte comme je suis, qu'elle accueille mon futur compagnon.
Après, si vous avez envie d'en faire plus, c'est bien, mais il faut que çà parte de votre envie propre.
Oui, je crois que vous avez raison Bikounet, j'ai parfois du mal à envisager que le chemin soit plus long et plus difficile pour certain(e)s que pour d'autres.
J'ai tendance à pousser vers l'avant et à ruer dans les brancards, c'est mon côté réfractaire je crois .

Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'on ne doit pas faire les choses si on ne les sent pas encore, pendant un temps il faut peut être se contenter de contourner l'obstacle en éludant la question .

Mais je me suis toujours dit que lorsqu'on est au pied du mur, il vaut mieux y aller que reculer pour mieux sauter, parce que ce malaise qu'on entretient nous mine aussi de l'intérieur, nous les parents .
Une fois qu'on a mis cartes sur tables , on respire mieux et on se sent plus légers . :)

ibiblue
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Inscription : 31 mars 2009 17:27

engagement,

Message par ibiblue »

pour vous répondre,

quand je parle d'engagement, je me suis mal exprimée, je veux dire, sortir de ma "propre" marginalité, rencontrer d'autres jeunes gays et d'autres parents, afin de me sentir moins marginale et trouver le courage d'assumer l'homosexualité de ma fille, vis à vis de mon entourage.

Je me dis aussi que cela peut améliorer mes relations avec ma fille, qui ne sont pas mauvaises, loin de là, et elle me parle tout à fait librement de ses amies, du milieu gay, sans craindre de me choquer. Mais par moments, elle se ferme, mais c'est sans doute normal, elle a sa vie maintenant. C'est plus une question de caractère que d'orientation sexuelle.

Non je crois que je veux avoir ce poids en moins et faire quelque chose à mon niveau, individuel, pour banaliser l'homosexualité.

Merci de vos réponses qui me font déjà avancer.

Eliane

cybèle
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Inscription : 08 oct. 2009 08:56

Message par cybèle »

je trouve ça chouette de lire ça.

Personnellement, j'apprécie énormément les efforts de ma mère à ce sujet. Je sais que mes parents n'ont pas compris tout de suite, et moi non plus, on s'est très mal compris pendant des années, et la voir désormais au courant de tout niveau homosexualité (lois, etc.) ça me fait vraiment du bien.
Je sais qu'elle a beaucoup réfléchi, et désormais, elle en parle librement, et ça aussi, ça me fait beaucoup de bien, savoir que ça ne lui fait plus honte. D'une certaine manière, c'est un piliers supplémentaire qui m'aide à supporter l'homophobie dont nous sommes parfois victimes.

Bon, j'ai 30 ans, et ça remonte à 12/13 ans, ça fait désormais quelques années que ça va vraiment mieux, ça ne s'est pas fait en un jour :)

Je partage les avis des autres, on ne partage pas forcément tous ses milieux avec tout le monde, d'autant plus avec ses parents à cet âge...
Je ne parle jamais non plus d'ailleurs du milieu, que je fréquente actuellement peu mais qui m'a fait énormément de bien à l'époque où je l'ai fréquenté. Je n'en vois pas l'utilité, et je suis sûre que les gens qui ne connaissent pas "le milieu" ont de gros fantasmes qui ne correspondent pas du tout à ce qui m'intéresse moi.

Nous avons un chemin à nous faire, qui est difficile, ce chemin est personnel, il s'agit d'avoir du soutien, de la part des proches, parce que l'homophobie existe, oui, et elle est difficile à vivre parfois, et avec ce soutien, c'est vraiment bien plus facile. C'est ça qui est paradoxal : parfois on se fait rejeter (plus ou moins violemment) de notre famille à cause de ça, parce que la famille s'imagine que c'est trop dur, qu'il y a de l'homophobie... Mais c'est justement parce qu'il y a de l'homophobie, parce que ce n'est pas tous les jours si rose bonbon qu'on a besoin de la famille :s

Et la stabilité, c'est clair que beaucoup d'hétéros changent de partenaire aussi très rapidement, à cet âge, c'est parfois difficile d'être stable, et parfois même après pour certains ^^

Bref, bravo pour votre démarche, je suis certaine qu'en rencontrant d'autres parents, ça vous fera énormément de bien et vous fera avancer !
Bonne continuation

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