Homo des villes, homo des champs (Mon histoire)
Publié : 09 déc. 2009 23:20
Je n'aime pas particulièrement étaler ma vie privée, mais je me lance cependant dans un petit exercice autobiographique pour expliquer mon parcours car chaque expérience décrite est une pierre de plus qui pourra peut-être en aider d'autres à comprendre, à s'accepter, à se faire accepter.
Je suis l'unique enfant d'un petit couple très modeste vivant à la campagne dans un patelin de 4000 âmes. Comme si ça ne suffisait pas, il a fallu en plus que je tombe dans une famille homophobe et raciste. Bref tous les ingrédients idéaux pour rendre la vie d'un jeune homosexuel vraiment merdique.
Je me suis aperçu de mon attirance pour les garçons vers 8 ans. A l'époque, n'ayant pas vraiment conscience de ma différence, je ne me suis pas inquiété outre mesure.
C'est en arrivant à l'adolescence, en entendant tous mes camarades masculins parler de filles, de drague que j'ai commencé à prendre conscience que quelque chose "clochait" chez moi.
J'ai d'abord nié l'évidence, je refusait d'être "un sale pédé", d'une part parce que j'avais été éduqué dans la haine de la différence, et d'autre part parce que je ne concevais pas de vivre rejeté ni de ne pouvoir fonder un foyer.
je suis donc allé à contre courant de ce que me dictait mon coeur, je suis sorti avec des filles jusqu'à même me forcer à avoir mes premiers rapports sexuels avec elles ce qui s'est bien évidemment mal passé vu que je ne ressentais pas d'attirance particulière.
Toute mon adolescence s'est construite dans le mensonge, la souffrance, la honte, le deni de ma propre identité.
Mes pulsions m'écoeuraient, je les refusais et j'ai même voulu me suicider mais je n'ai jamais trouvé la force de passer à l'acte.
A 18 ans, je suis parti étudier à Lyon. Lors de mes soirées, j'ai croisé des homosexuels qui s'assumaient, affichant librement leur orientation. D'abord dégouté, le naturel a fini par prendre le dessus et m'a incité à leur parler. Toute mon éducation sociale s'est faite. j'ai appris à apprécier l'autre dans sa différence. Je n'avais plus cette haine envers l'étranger, ni envers l'homosexuel. Au contraire, je me suis nourri de ces différences et j'ai commencé à me construire petit à petit.
Il m'a tout de même fallu du temps, je n'ai accepté mon homosexualité que vers 21 ans, age de mes premiers rapports gays.
Dans mon coeur, il n'y avait plus de doute, il ne servait à rien de lutter, j'étais gay et je ne pouvais rien y faire. Il m'a fallu encore du chemin après ça pour m'accepter complètement. Ce n'est qu'en arrivant sur paris vers 23 ans ou je me suis finalement décidé à vivre ma vie. J'ai commencé à avoir des relations plus sérieuses et découvert que la vie de couple m'était possible. j'ai beaucoup souffert à cause de mes partenaires qui ne s'assumaient pas tous pleinement et il n'a pas été simple de trouver quelqu'un qui ait envie de construire quelquechose.
Je ne regrette pas cette vie, c'est elle qui m'a fait tel que je suis aujourd'hui: tolérant, altruiste, généreux et surtout construit. Je ne suis pas particulièrement fier d'être gay, il m'arrive encore parfois de regretter de ne pas être hétérosexuel mais je n'ai pas honte pour autant de ce que je suis. Je ne cache pas mon orientation (exception faite pour mon père et mes collègues) et je vis pleinement ma vie en couple.
Si je dois passer un message aux gens dans tout ça, ce serait qu'ils admettent qu'on a jamais fait le choix d'être homo. Qui serait assez con pour décider de suivre une vie de souffrance à l'encontre des "normes" de cette société?! Etre homo est un parcours complexe car contrairement aux hétéro, on doit commencer par s'accepter soi-même. Ca parait peut-être absurde pour certains qui doivent se dire "ben si cette vie te plait pas, soit hétéro et arrête de faire chier ton monde" mais au fond de nous, la vérité est bien différente.
Après s'être accepté, il reste le long et souvent chaotique parcours de l'acceptation par l'autre. Nos parents, nos amis, nos collègues. Autant de personnes à convaincre pour se construire et finalement parvenir à mener une vie "normale".
Voilà, ce témoignage est peut-être un peu long. Merci de l'avoir lu jusqu'au bout. J'espère qu'il apportera des éléments de réponses à ceux qui essaient d'y voir plus clair.
Bises
Je suis l'unique enfant d'un petit couple très modeste vivant à la campagne dans un patelin de 4000 âmes. Comme si ça ne suffisait pas, il a fallu en plus que je tombe dans une famille homophobe et raciste. Bref tous les ingrédients idéaux pour rendre la vie d'un jeune homosexuel vraiment merdique.
Je me suis aperçu de mon attirance pour les garçons vers 8 ans. A l'époque, n'ayant pas vraiment conscience de ma différence, je ne me suis pas inquiété outre mesure.
C'est en arrivant à l'adolescence, en entendant tous mes camarades masculins parler de filles, de drague que j'ai commencé à prendre conscience que quelque chose "clochait" chez moi.
J'ai d'abord nié l'évidence, je refusait d'être "un sale pédé", d'une part parce que j'avais été éduqué dans la haine de la différence, et d'autre part parce que je ne concevais pas de vivre rejeté ni de ne pouvoir fonder un foyer.
je suis donc allé à contre courant de ce que me dictait mon coeur, je suis sorti avec des filles jusqu'à même me forcer à avoir mes premiers rapports sexuels avec elles ce qui s'est bien évidemment mal passé vu que je ne ressentais pas d'attirance particulière.
Toute mon adolescence s'est construite dans le mensonge, la souffrance, la honte, le deni de ma propre identité.
Mes pulsions m'écoeuraient, je les refusais et j'ai même voulu me suicider mais je n'ai jamais trouvé la force de passer à l'acte.
A 18 ans, je suis parti étudier à Lyon. Lors de mes soirées, j'ai croisé des homosexuels qui s'assumaient, affichant librement leur orientation. D'abord dégouté, le naturel a fini par prendre le dessus et m'a incité à leur parler. Toute mon éducation sociale s'est faite. j'ai appris à apprécier l'autre dans sa différence. Je n'avais plus cette haine envers l'étranger, ni envers l'homosexuel. Au contraire, je me suis nourri de ces différences et j'ai commencé à me construire petit à petit.
Il m'a tout de même fallu du temps, je n'ai accepté mon homosexualité que vers 21 ans, age de mes premiers rapports gays.
Dans mon coeur, il n'y avait plus de doute, il ne servait à rien de lutter, j'étais gay et je ne pouvais rien y faire. Il m'a fallu encore du chemin après ça pour m'accepter complètement. Ce n'est qu'en arrivant sur paris vers 23 ans ou je me suis finalement décidé à vivre ma vie. J'ai commencé à avoir des relations plus sérieuses et découvert que la vie de couple m'était possible. j'ai beaucoup souffert à cause de mes partenaires qui ne s'assumaient pas tous pleinement et il n'a pas été simple de trouver quelqu'un qui ait envie de construire quelquechose.
Je ne regrette pas cette vie, c'est elle qui m'a fait tel que je suis aujourd'hui: tolérant, altruiste, généreux et surtout construit. Je ne suis pas particulièrement fier d'être gay, il m'arrive encore parfois de regretter de ne pas être hétérosexuel mais je n'ai pas honte pour autant de ce que je suis. Je ne cache pas mon orientation (exception faite pour mon père et mes collègues) et je vis pleinement ma vie en couple.
Si je dois passer un message aux gens dans tout ça, ce serait qu'ils admettent qu'on a jamais fait le choix d'être homo. Qui serait assez con pour décider de suivre une vie de souffrance à l'encontre des "normes" de cette société?! Etre homo est un parcours complexe car contrairement aux hétéro, on doit commencer par s'accepter soi-même. Ca parait peut-être absurde pour certains qui doivent se dire "ben si cette vie te plait pas, soit hétéro et arrête de faire chier ton monde" mais au fond de nous, la vérité est bien différente.
Après s'être accepté, il reste le long et souvent chaotique parcours de l'acceptation par l'autre. Nos parents, nos amis, nos collègues. Autant de personnes à convaincre pour se construire et finalement parvenir à mener une vie "normale".
Voilà, ce témoignage est peut-être un peu long. Merci de l'avoir lu jusqu'au bout. J'espère qu'il apportera des éléments de réponses à ceux qui essaient d'y voir plus clair.
Bises