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Bulle
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Message par Bulle »

Le difficile aveu de son homosexualité à ses parents
LE MONDE | 15.05.10 | 14h40 • Mis à jour le 17.05.10 | 15h34


évéler son homosexualité à ses parents est une épreuve difficile pour un adolescent. L'accepter est souvent vécu douloureusement par la famille. Mathilde Besson, 20 ans, étudiante en deuxième année de médecine, estime avoir eu beaucoup de chance. "Mes parents me soutiennent, et c'est très important pour moi." Vers 12-13 ans, la jeune fille interpellait souvent ses parents sur le sujet. Connaissaient-ils des homosexuels ? Comment réagiraient-ils si un de leurs enfants l'était ? "Ma mère était gay friendly, mon père moins conciliant, mais ça ne le gênait pas fondamentalement."


Ce n'est que vers 15 ans qu'elle a pris conscience de sa différence. "Je suis sortie en seconde avec un garçon dont j'étais très amoureuse, mais pour qui je n'éprouvais pas de désir physique." Cette attirance troublante, elle l'a ressentie en prenant une amie dans ses bras. En début de terminale, elle a fait son coming out auprès de ses camarades. "D'un seul coup, je me suis dit que j'en avais marre de me mentir. Personne n'a été vraiment surpris." L'annonce à sa mère s'est faite plus tard, en première année de fac. "J'aimais une fille et je me confiais à ma mère en la faisant passer pour un garçon. Quand j'ai rompu, ma mère m'a dit, pour me consoler, que les garçons étaient immatures. Alors je lui ai dit que ce n'était pas "il", mais "elle"." Il a fallu deux semaines à la mère de Mathilde pour accepter la nouvelle. Elle s'est sentie coupable, s'est inquiétée pour sa fille avant de l'accepter pleinement. Mathilde n'a pas osé en parler à son père. Ce dernier, informé par son épouse, est allé vers sa fille, six mois plus tard, et lui en a parlé de lui-même, très naturellement.

Pour Félix, 20 ans, qui préfère ne donner que son prénom, l'annonce à ses parents a pris la tournure "d'un drame antique". Ils étaient attablés tous les trois à l'occasion de l'anniversaire de sa mère - son frère était absent. "Mon aveu a eu un effet dévastateur. Il y a eu un silence de mort. Le ciel s'est écroulé sur leur tête." Sa mère l'a questionné d'un ton agressif, s'est mise à pleurer, lui a même proposé les services d'un psychiatre mettant son homosexualité sur le compte des troubles de l'adolescence.

Trois ans plus tard, Félix a toujours le sentiment que ses parents espèrent qu'il changera. "J'ai compris que je ne pouvais pas m'appuyer sur eux et cela a creusé un fossé." Ses parents ont tendance à occulter le sujet, ce qui est insupportable pour le jeune homme. "Ma mère a un cortège de représentations très négatives sur les homosexuels. Elle pense que je risque d'avoir le sida, que je vais peut-être changer de sexe, elle associe homosexualité et pédophilie, craint que je me prostitue auprès de vieillards." Pour tenir, Félix est passé dans une "logique guerrière" et est devenu "férocement antihomophobe".

Difficile, l'aveu de son homosexualité s'accompagne souvent d'un vif soulagement quand l'entourage est bienveillant. Romain, 22 ans, qui requiert aussi l'anonymat, a pensé, dans ses périodes les plus noires, à mettre fin à ses jours. "J'ai fait une bonne dépression à 17 ans, se souvient-il. J'ai vu un psy pendant plusieurs mois mais je n'ai pas osé lui parler de mon homosexualité." L'annonce de son orientation sexuelle à ses parents lui a ôté un poids énorme. "J'ai de la reconnaissance pour eux de m'avoir accepté comme je suis. Ç'a été un immense coup de pouce. Je sais qu'ils me défendront toujours."

Selon l'étude du Dr Marc Shelly (Aremedia-Inserm), les jeunes hommes homosexuels ont treize fois plus de risques de faire une tentative de suicide que les jeunes hétéros. L'isolement, le sentiment de solitude, la peur d'être rejeté du fait de stéréotypes négatifs associés à l'homosexualité, notamment à l'école, expliquent en partie cette fragilité. A l'inverse, le soutien des camarades et de la famille constitue une aide précieuse.

Selon une étude menée par Caitlin Ryan, de l'université de San Francisco, publiée dans la revue américaine Pediatrics en janvier 2009, les jeunes gays et lesbiennes qui subissent, adolescents, des comportements de rejet de la part de leur famille auraient 8,4 fois plus de risques de faire une tentative de suicide, 6 fois plus de risques de faire une dépression et 3,4 fois plus de risques de se droguer, comparés aux homosexuels dont les parents sont plus compréhensifs.

Jean-Claude Pinchon préside pour l'Ile-de-France l'association Contact. Avec des groupes de parole, cette union d'associations départementales aide les familles et amis à accepter l'orientation sexuelle de leurs proches et les jeunes homosexuels à communiquer avec leur entourage.

De l'acceptation à la tolérance, en passant par la condamnation ou le dégoût, les réactions des familles sont multiples. "Souvent, le père et la mère ne réagissent pas de la même façon. L'un peut éprouver un sentiment de rejet, d'incompréhension", explique-t-il. Qu'ai-je fait pour avoir un enfant homosexuel ? L'ai-je trop protégé ou pas assez ? Est-ce ma faute ? "Pour certains, il faut des mois, voire même des années pour accepter l'orientation sexuelle de leur enfant. D'autres n'y parviendront jamais", analyse M. Pinchon. Aux jeunes qui veulent le dire à leurs parents, il conseille d'abord de préparer le terrain en ayant une discussion générale sur le thème de l'homosexualité pour voir quelles réactions le sujet suscite. "Si le milieu familial est franchement homophobe, je leur conseille de ne pas en parler", explique-t-il.

Même les parents les plus ouverts peuvent éprouver de la tristesse : tristesse d'imaginer qu'ils ne seront pas grands-parents - même si cela peut être faux -, tristesse pour la vie de leur enfant dont ils craignent qu'elle soit difficile. "En discutant avec les familles, j'ai compris qu'avant d'accepter pleinement l'homosexualité de leur enfant, de nombreux parents devaient faire le deuil de leurs projections parentales et que ce deuil était marqué par toute une série d'étapes", analyse Elisabeth Thorens-Gaud, auteur du livre remarquable Adolescents homosexuels. Des préjugés à l'acceptation (Favre, 2009). Et mieux les parents les soutiendront, plus leurs enfants auront de chances d'être heureux.


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Ligne Azur information et écoute, notamment pour les jeunes face à leurs questionnements sur leur orientation sexuelle : 0810-20-30- 40 (prix d'un appel local). Asso-contact.org


Martine Laronche

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La banalisation des insultes homophobes



A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, le 17 mai, le Caelif, Collectif des associations étudiantes LGBT (lesbienne, gay, bi, trans) d'Ile-de-France, lance une campagne d'affichage pour lutter contre la banalisation des mots à caractère homophobe. Pour deux étudiants sur trois, les insultes comme "enculé, pédé, tapette, gouine, camionneuse" ne sont pas systématiquement homophobes, selon une enquête du Caelif et de SOS-Homophobie auprès de 4 000 étudiants. En 2009, SOS-Homophobie a reçu 1 259 appels et courriels faisant état de manifestations homophobes : des chiffres qui restent stables depuis cinq ans.




Article paru dans l'édition du 16.05.10
Le plus grand des chênes a un jour été un gland.

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