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Modérateur : Contact - Equipe de modération

vivi
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Message par vivi »

Je suis la Maman d’un enfant jeune majeur qui engage un parcours de transition F to M.
L’annonce m’a été faite il y a 8 mois maintenant, quelques semaines après ses 18 ans, par sms. Ce fut pour moi un véritable tsunami, un total effondrement psychique...
Pourtant, j’aurai dû m’en douter, elle adopte depuis plusieurs années une tenue vestimentaire très androgyne, ne prenait pas soin de son apparence corporelle (de mon point de vue) laissant les poils pousser sur ses jambes et ses aisselles (ce qui me questionnait par rapport aux soins et aux apparences d’autres adolescentes autour de nous). L’entrée dans la puberté avec le changement de corps et l’arrivée des règles a été très mal accepté mais je pensais que c’était lié à l’étrangeté de ce nouveau corps et de ses tracas qui était au cœur de ce problème et que ça passerait…
Depuis son entrée au lycée, elle prend soin de choisir des vêtements au style très « dandy » mais, là encore, j’imaginais qu’il s’agissait d’une passade liée à l’adolescence ou à goût vestimentaire singulier. De plus, elle a une passion pour le cosplay et choisit de se costumer en incarnant des personnages tantôt féminins et hyper sexy tantôt masculins.
Lorsqu’elle était petite, elle ne montrait effectivement aucun goût pour les jeux typiquement genrés filles ou d’imitation et était attirée par les jeux de construction ou éducatifs mixtes. Mais là encore, je n’aurai pas imaginé qu’elle ne se sentait pas en adéquation avec son corps biologique. Pour nous, ses parents c’était une appétence plus centrée sur ce type de jeux. Elle n’était pas non plus « garçon manqué ». J’ai su, après son « coming out » qu’elle s’était sentie « la poupée, l’objet de ses parents » et qu’elle avait subi cette éducation de petite fille. Beaucoup de reproches envers ses parents dans son récit et dans sa souffrance.
Mais après avoir beaucoup culpabilisé, je me dis que ce n’est pas notre faute, que nous lui avons donné l’éducation telle que notre culture occidentale nous l’a montrée et que nous ne pouvions pas deviner….
Je passe les détails car il y aurait beaucoup à décrire et je ne vais pas étaler là toute notre intimité familiale…
Son frère de 15 ans est au courant et accepte plutôt bien cette décision de vie et est prêt à la nommer par le prénom qu’elle a choisi et qu’elle veut déclarer à l’état civil : William. Moi, avec beaucoup de travail sur moi-même et un accompagnement psy, je commence à être dans une démarche d’acceptation mais ne parvient pas à la genrer au masculin ni la nommer par ce prénom.
Mon mari est dans le déni total. Au début, mon enfant ne souhaitait pas que j’en parle ni à son père ni à d’autres proches. Elle m’a autorisée à le faire il y a peu de temps, en avril pour son père, cet été pour d’autres proches. J’avoue que cela a été un soulagement de ne plus avoir à porter ce « secret » toute seule (hormis avec mon psy !)
Elle dit m’en avoir parlé seulement pour que je l’aide dans ses démarches. Il faut savoir qu’elle vit encore à la maison, est étudiante et n’est pas autonome financièrement. Egalement, elle souffre de troubles de la relation accompagnés d’un mutisme sélectif extra familial, d’anxiété sociale et généralisée, de scarifications et d’un état dépressif. Elle a été diagnostiquée TSA de type Asperger très léger. Elle a également vécu un fort harcèlement scolaire depuis l’école primaire et a une vie sociale très limitée. Pour toutes ces raisons, faire les démarches qu’impose une transition, toute seule par ses propres moyens, reste très complexe pour elle-même si elle est très brillante.
Ainsi, je l’ai accompagné vers le service de dysphorie de genre de l’hôpital public de notre ville. Ce service étant débordé l’a mis sur liste d’attente et n’ai pas revenu vers elle depuis plus de 6 mois. Je me suis rapprochée de T-Time, que j’ai rencontré une seule fois…Grâce aux bénévoles, j’ai pu prendre connaissance des difficultés liées au parcours public et les attentes très lourdes demandées dans ce type de service pourtant « spécialisé » mais aussi défaire les préjugés et représentations que j’avais de la population transgenre et déculpabiliser un peu….
Mon enfant de son côté, ne comprenant pas qu’on ne pouvait pas prendre en compte sa demande dans l’urgence a fait des recherches et trouvé des noms de praticiens libéraux (psychiatres, endocrinologues, chirurgiens). Afin de pouvoir bénéficier d’une prise en charge des soins par la sécurité sociale, elle rencontre un psy ( avec lequel elle parle très peu) depuis quelques mois pour obtenir un certificat médical et va se rendre dans une association LGBT pour entamer un traitement hormonal, elle a rdv aussi avec une chirurgienne. Tout ceci avec mon aide pour servir d’intermédiaire à la prise de rdv…, pour introduire la demande….
Tout ceci est très lourd à assumer pour moi. A la fois, je ne peux pas faire autrement que de l’accompagner car elle dit ne plus supporter cette situation et vouloir mourir depuis des années, à la fois j’ai l’impression de tromper mon mari car je ne lui parle pas de toutes ces démarches et suis aussi très mal à l’aise car je me sens complice d’un changement que, dans mon for intérieur, je refuse.
Il est au courant car je lui en ai parlé de façon très inadaptée (mais comme j’ai pu) lui disant que sa fille souffrait de son genre, ce à quoi il a répondu que « ce n’était pas nouveau » et qu’elle voulait entamer une transition à la fois sur l’état civil mais aussi médicalement, il a répondu « ah… » laconiquement.
Je n’en ai plus reparlé, ne sachant pas comment ré aborder le sujet tout en étant bien consciente qu’il n’était pas prêt à en discuter…
Toutefois, avant l’été je lui ai dit que notre enfant souhaitait se faire appeler W et changer à l’état civil. Il a répondu devant elle, froidement « elle s’appellera W quand elle ne vivra plus sous ce toit » cela a été d’une extrême violence pour elle (sentiment de rejet, d’abandon) et pour moi aussi car j’aimerais qu’on partage ensemble cette souffrance et qu’on avance ensemble… Depuis, tout le monde marche sur des œufs… Son frère essaie de l’appeler W mais estime que s’il ne peut pas le faire librement au quotidien, c’est trop difficile….

Voilà, mes soucis ne sont peut-être que très légers par rapports à d’autres et en particulier la personne directement concernée mais il est difficile d’accompagner et de soutenir quand on se sent impuissant et fragilisé dans sa cellule familiale, dans son couple… C’est un petit deuil (pas physique mais le deuil d’une fille, de son prénom, des projections, de toutes ces années partagées…).
J’ai aussi parfois un sentiment de honte, de dégoût pour iel et je peux parfois me dire que je suis la mère d’un monstre, et ça aussi ça me fait honte… Ne me jetez pas la pierre, je suis honnête et mets mes émotions à nu… Pourtant je l’aime inconditionnellement…
J’ai peur que son père le rejette et que mon couple explose, que mon fils( son frère) finisse par souffrir de cette situation…
Néanmoins j’écris sur ce forum car j’ai besoin du partage d’expérience de parents, proches d’un jeune qui va transitionner. Merci de m’avoir lue...

Titus
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Inscription : 16 juin 2022 22:34

Re: présentation

Message par Titus »

Bonjour Vivi

Tout d'abord la philosophie de l'association contact est d'apporter de l'aide et la solidarité aux personnes lgbt et et à leur famille avec bienveillance sans aucun jugement moral et de valeur, le but étant d'aider les familles sur les problématiques lgbt qui peuvent être douloureuses à vivre psychologiquement pour la personne lgbt et son entourage familial. Donc ne vous inquiétez pas en parlant ici, je pense que vous avez surtout un grand besoin de parler.

Ensuite dans votre témoignage je ressens beaucoup d'amour pour votre enfant et je vois bien que vous faites tout votre possible pour aider votre enfant, je le tenais à vous le souligner car je ressens beaucoup de culpabilité de votre part. Votre enfant n'est pas devenu transgenre, il est transgenre et c'est comme ça. Il est normal de l'avoir élevé en tant que fille cisgenre, tous les parents du monde entier élève leur enfant en leur donnant une éducation genrée en fonction de son sexe biologique, aucun parent ne fait le contraire.
Il faut savoir que enfants même si un enfant peut savoir très tôt qu'il est lgbt il ne sera probablement pas capable de le verbaliser clairement ou de l'exprimer tout court durant l'enfance, souvent ce n'est qu'à l'adolescence sera capable de véritablement verbaliser clairement son mal être.
C'est ce qu'explique bien le pédopsychiatre Xavier Pommereau à ce sujet dans une de ses interviews. Et donc il ne faut pas vous culpabiliser pour n'avoir rien vu durant son enfance.

Pour le sentiment de honte et de dégoût ça peut être normal de ressentir ce type de sentiments dans un premier temps. Je suis gay et j'ai ressenti ce type de sentiments pour ma propre homosexualité. En fait vous ressentez ce type de sentiments à cause des préjugés négatifs transphobes véhiculés par la société que vous avez intériorisé sans vous rendre compte en vous même Avec le temps je pense que ce sentiment devrait passer , l'important c'est d'en avoir conscience en ayant eu le courage de le dire, ce qui vous permettra de faire disparaître ces sentiments négatifs peu à peu.

Vous souhaitez échanger avec des parents dans la même situation que vous, je vous invite à participer aux groupes de parole lgbt organisés par l'association, il y a souvent des parents d'enfants trans et des personnes trans présentes.

J'espère que vous aurez d'autres réponses que la mienne.
En tout cas gardez espoir vous faites déjà beaucoup pour votre enfant en ayant cette démarche.

Bon courage à vous.

Flo.26
Bénévole écoutant
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Re: présentation

Message par Flo.26 »

Bonjour,

Je suis également mère de 2 enfants, 1 garçon et 1 fille, tous deux homosexuels. J'ai dû garder le secret de l'homosexualité de mon fils pendant plusieurs années car il ne souhaitait pas que j'en parle à son père (d'autres membres de la famille et des amis.es étaient au courant). Je comprends donc très bien ce poids de ne pas pouvoir discuter avec la personne avec qui on vit. J'ai malgré tout accepter cette situation pour le bien-être de mon enfant. J'ai ressenti de l'hypocrisie mais c'était nécessaire car je savais que ce serait provisoire. Lorsque mon fils a fait son coming-out auprès de son père, il y a 4 ans, ça a été très difficile. Mon mari n'approuvant pas "les choix" de notre fils. Comme s'il s'agissait de choix!!!! Mon fils en a été très blessé... Par contre, quand notre fille a fait son coming-out 2 mois plus tard, c'est passé comme une lettre à la poste.

Depuis 4 ans, mon mari n'est toujours pas à l'aise avec ça. Cependant, ma fille, mes amis.es, ma mère, ont toujours agit avec naturel. Le compagnon de mon fils est intégré dans la famille. Sauf auprès de mon mari qui refuse de le rencontrer... Je me suis aussi rendue compte que même certains membres de la famille de mon mari ont un discours d'acceptation concernant l'homosexualité. Bref, tout ça pour dire que je suis persuadée que mon mari constate qu'il devient minoritaire dans son attitude. Comme le vôtre, il est très laconique et élude le sujet.

Dans votre témoignage je lis que vous êtes prête à accompagner votre enfant dans sa transition. C'est chouette même si cela vous coûte beaucoup. C'est légitime. En effet, pour vous, l'annonce de la transidentité est très récente. Vous avez besoin de temps. Et chaque personne a son propre rythme. C'est ce que j'ai appris à Contact où j'ai trouvé du soutien et du réconfort. J'ai persévéré dans mon acceptation de mon fils tel qu'il est, tout en laissant mon mari à la traine. Tant pis pour lui! Il ne veut pas être présent aux fêtes de famille où est présent son gendre? Tant pis pour lui! Comme vous le dites, ce n'est pas facile de se sentir seule dans le couple. Mais le plus important pour moi c'est que mes enfants (qui sont adultes) soient heureux. Dans ce chemin, je navigue à vue.

Vous pouvez aussi procéder par étape. Par exemple, vous pouvez proposer que, vous et votre autre fils utilisiez le prénom W et le genrer au masculin en l'absence votre mari. Cela pourrait permettre de soulager W et de se sentir soutenu tout en évitant un conflit de couple. Vous pouvez aussi en parler avec des personnes proches de vous, amis.es ou famille, en qui vous avez une totale confiance. Ces personnes seront des alliées précieuses et un soutien indispensable.

Par ailleurs, vous dites, " C’est un petit deuil (pas physique mais le deuil d’une fille, de son prénom, des projections, de toutes ces années partagées…)." En tant que parents, on a à faire des deuils. Ce que vous dites est juste. C'est faire le deuil des projections qu'on a faites sur l'enfant idéal, que ce soit au niveau du métier, du choix du ou de la partenaire, de la ville d'habitation, etc, etc, etc... Cependant, tout ce que vous avez vécu avec votre enfant est acquis. Cela l'a construit, fait grandir, fait devenir ce qu'il est aujourd'hui. Vous pouvez .en être fière! Maintenant, il deviendra la personne qu'il souhaite devenir. Vos "années partagées" vous appartiennent et demeureront des souvenirs communs.

Votre situation demande du courage mais vous n'êtes pas seule. N'hésitez pas à écrire sur ce forum, à lire les témoignages, à aller à des groupes d'écoute et de parole seule ou avec votre enfant, ou appeler la ligne d'écoute de Contact. Bref, à profiter de toutes les occasions d'échanger!

Bien à vous.

Flo26

vivi
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Inscription : 17 août 2022 16:08

Re: présentation

Message par vivi »

Bonjour Flo,
je vous remercie de votre réponse, je pense que je vais mettre mon post sur "témoignages", j'aurai sans doute plus de partage d'expériences.
Vous avez raison le besoin de parler est essentiel…
je me sens moins seule depuis que W m'a autorisée à en parler à quelques proches, sa tante paternelle et sa Marraine, qui est aussi ma meilleure amie. Elles ont accueilli cette nouvelle avec surprise mais avec beaucoup de bienveillance, elles ont pu échanger avec lui via sms et mail( car il est en difficulté avec le téléphone et la relation directe) et lui assurer que leur affection et leur présence seraient indéfectibles. Elles sont précieuses pour moi dans les échanges et pur accueillir mes affects qui ne sont pas toujours bienveillants envers lui… Elles me pondèrent ..
Les grand-mères ne sont pas au courant même si l'une d'entre elle semble l'avoir deviné…
J'aimerais juste que mon mari ne vive pas comme une trahison le fait que j'accompagne W chez l'endocrino et le chirurgien, qu'il ne le vive pas comme une complicité et une bénédiction de ma part. Il ne s'agit pas de ça...j'accompagne W car il a besoin de moi et est très handicapé dans la relation verbale à l'Autre et souffre beaucoup de sa condition et du coup je souffre de le sentir aussi mal… et pas parce que j'adhère à ce changement physique. (Ces modifications corporelles et mutilations font que pour moi c'est encore plus dur qu'une orientation sexuelle que j'aurai acceptée, sans jugement). je vais dire naïvement que si j'avais une baguette magique, je ferais disparaitre tout ça et j'espère souvent me réveiller et me dire que tout ceci est un mauvais cauchemar…
Votre idée de procéder par étape pour la nomination et le "genrage" est super, mais j'avoue que je pense ne pas être encore prête de mon côté, ça va beaucoup trop vite et le temps de mon enfant n'est pas le même que le mien...Cela fait 8 mois que je suis au courant et la digestion est très lente… Je travaille à avancer mais c'est un accouchement très difficile! d'ailleurs je ne sais pas si j'arriverai à me sentir la mère de ce W...
A bientôt peut-être...

vivi
Messages : 6
Inscription : 17 août 2022 16:08

Re: présentation

Message par vivi »

Bonjour Titus,


merci de votre réponse et de votre bienveillance.
Bonne route à vous!

Flo.26
Bénévole écoutant
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Inscription : 22 mai 2020 14:29
Localisation : Valence

Re: présentation

Message par Flo.26 »

Re-bonjour Vivi,

J'espère que vous allez bien.

Je voulais juste vous proposer d'aller lire la conversation lancée par Melben34 dans "Vos témoignages" au titre "Sentiment de deuil a l’annonce de la transidentité de mon enfant". En lisant j'ai moi-même été très touchée car la parole de ces mamans est d'une grande intégrité et sincérité.

Bien à vous.

Flo26

vivi
Messages : 6
Inscription : 17 août 2022 16:08

Re: présentation

Message par vivi »

bonjour,


merci, je suis allée consulter plusieurs discussions dont celles-ci.

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