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vivi
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Inscription : 17 août 2022 16:08

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Message par vivi »

Je suis la Maman d’un enfant jeune majeur qui engage un parcours de transition F to M.
L’annonce m’a été faite il y a 8 mois maintenant, quelques semaines après ses 18 ans, par sms. Ce fut pour moi un véritable tsunami, un total effondrement psychique...
Pourtant, j’aurai dû m’en douter, elle adopte depuis plusieurs années une tenue vestimentaire très androgyne, ne prenait pas soin de son apparence corporelle (de mon point de vue) laissant les poils pousser sur ses jambes et ses aisselles (ce qui me questionnait par rapport aux soins et aux apparences d’autres adolescentes autour de nous). L’entrée dans la puberté avec le changement de corps et l’arrivée des règles a été très mal accepté mais je pensais que c’était lié à l’étrangeté de ce nouveau corps et de ses tracas qui était au cœur de ce problème et que ça passerait…
Depuis son entrée au lycée, elle prend soin de choisir des vêtements au style très « dandy » mais, là encore, j’imaginais qu’il s’agissait d’une passade liée à l’adolescence ou à goût vestimentaire singulier. De plus, elle a une passion pour le cosplay et choisit de se costumer en incarnant des personnages tantôt féminins et hyper sexy tantôt masculins.
Lorsqu’elle était petite, elle ne montrait effectivement aucun goût pour les jeux typiquement genrés filles ou d’imitation et était attirée par les jeux de construction ou éducatifs mixtes. Mais là encore, je n’aurai pas imaginé qu’elle ne se sentait pas en adéquation avec son corps biologique. Pour nous, ses parents c’était une appétence plus centrée sur ce type de jeux. Elle n’était pas non plus « garçon manqué ». J’ai su, après son « coming out » qu’elle s’était sentie « la poupée, l’objet de ses parents » et qu’elle avait subi cette éducation de petite fille. Beaucoup de reproches envers ses parents dans son récit et dans sa souffrance.
Mais après avoir beaucoup culpabilisé, je me dis que ce n’est pas notre faute, que nous lui avons donné l’éducation telle que notre culture occidentale nous l’a montrée et que nous ne pouvions pas deviner….
Je passe les détails car il y aurait beaucoup à décrire et je ne vais pas étaler là toute notre intimité familiale…
Son frère de 15 ans est au courant et accepte plutôt bien cette décision de vie et est prêt à la nommer par le prénom qu’elle a choisi et qu’elle veut déclarer à l’état civil : William. Moi, avec beaucoup de travail sur moi-même et un accompagnement psy, je commence à être dans une démarche d’acceptation mais ne parvient pas à la genrer au masculin ni la nommer par ce prénom.
Mon mari est dans le déni total. Au début, mon enfant ne souhaitait pas que j’en parle ni à son père ni à d’autres proches. Elle m’a autorisée à le faire il y a peu de temps, en avril pour son père, cet été pour d’autres proches. J’avoue que cela a été un soulagement de ne plus avoir à porter ce « secret » toute seule (hormis avec mon psy !)
Elle dit m’en avoir parlé seulement pour que je l’aide dans ses démarches. Il faut savoir qu’elle vit encore à la maison, est étudiante et n’est pas autonome financièrement. Egalement, elle souffre de troubles de la relation accompagnés d’un mutisme sélectif extra familial, d’anxiété sociale et généralisée, de scarifications et d’un état dépressif. Elle a été diagnostiquée TSA de type Asperger très léger. Elle a également vécu un fort harcèlement scolaire depuis l’école primaire et a une vie sociale très limitée. Pour toutes ces raisons, faire les démarches qu’impose une transition, toute seule par ses propres moyens, reste très complexe pour elle-même si elle est très brillante.
Ainsi, je l’ai accompagné vers le service de dysphorie de genre de l’hôpital public de notre ville. Ce service étant débordé l’a mis sur liste d’attente et n’ai pas revenu vers elle depuis plus de 6 mois. Je me suis rapprochée de T-Time, que j’ai rencontré une seule fois…Grâce aux bénévoles, j’ai pu prendre connaissance des difficultés liées au parcours public et les attentes très lourdes demandées dans ce type de service pourtant « spécialisé » mais aussi défaire les préjugés et représentations que j’avais de la population transgenre et déculpabiliser un peu….
Mon enfant de son côté, ne comprenant pas qu’on ne pouvait pas prendre en compte sa demande dans l’urgence a fait des recherches et trouvé des noms de praticiens libéraux (psychiatres, endocrinologues, chirurgiens). Afin de pouvoir bénéficier d’une prise en charge des soins par la sécurité sociale, elle rencontre un psy ( avec lequel elle parle très peu) depuis quelques mois pour obtenir un certificat médical et va se rendre dans une association LGBT pour entamer un traitement hormonal, elle a rdv aussi avec une chirurgienne. Tout ceci avec mon aide pour servir d’intermédiaire à la prise de rdv…, pour introduire la demande….
Tout ceci est très lourd à assumer pour moi. A la fois, je ne peux pas faire autrement que de l’accompagner car elle dit ne plus supporter cette situation et vouloir mourir depuis des années, à la fois j’ai l’impression de tromper mon mari car je ne lui parle pas de toutes ces démarches et suis aussi très mal à l’aise car je me sens complice d’un changement que, dans mon for intérieur, je refuse.
Il est au courant car je lui en ai parlé de façon très inadaptée (mais comme j’ai pu) lui disant que sa fille souffrait de son genre, ce à quoi il a répondu que « ce n’était pas nouveau » et qu’elle voulait entamer une transition à la fois sur l’état civil mais aussi médicalement, il a répondu « ah… » laconiquement.
Je n’en ai plus reparlé, ne sachant pas comment ré aborder le sujet tout en étant bien consciente qu’il n’était pas prêt à en discuter…
Toutefois, avant l’été je lui ai dit que notre enfant souhaitait se faire appeler W et changer à l’état civil. Il a répondu devant elle, froidement « elle s’appellera W quand elle ne vivra plus sous ce toit » cela a été d’une extrême violence pour elle (sentiment de rejet, d’abandon) et pour moi aussi car j’aimerais qu’on partage ensemble cette souffrance et qu’on avance ensemble… Depuis, tout le monde marche sur des œufs… Son frère essaie de l’appeler W mais estime que s’il ne peut pas le faire librement au quotidien, c’est trop difficile….

Voilà, mes soucis ne sont peut-être que très légers par rapports à d’autres et en particulier la personne directement concernée mais il est difficile d’accompagner et de soutenir quand on se sent impuissant et fragilisé dans sa cellule familiale, dans son couple… C’est un petit deuil (pas physique mais le deuil d’une fille, de son prénom, des projections, de toutes ces années partagées…).
J’ai aussi parfois un sentiment de honte, de dégoût pour iel et je peux parfois me dire que je suis la mère d’un monstre, et ça aussi ça me fait honte… Ne me jetez pas la pierre, je suis honnête et mets mes émotions à nu… Pourtant je l’aime inconditionnellement…
J’ai peur que son père le rejette et que mon couple explose, que mon fils( son frère) finisse par souffrir de cette situation…
Néanmoins j’écris sur ce forum car j’ai besoin du partage d’expérience de parents, proches d’un jeune qui va transitionner. Merci de m’avoir lue...

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