- Coming out d'un homo de 16 ans - indispensable ?
Publié : 09 juil. 2008 14:04
C'est la première fois que je témoigne dans un tel forum... j'avoue que je suis intimidé et assez gêné. Je n'ai pas osé - une fois de plus - appeler au numéro de CONTACT... je préfère écrire que parler de vive voix à des inconnus - qui pourtant sont là pour m'aider. Je me sens plus sûr de moi.
Alors voilà, c'est bien simple, depuis la 6ème j'ai progressivement découvert ma préférence pour les garçons. Je me suis tout de suite mis à "jouer à l'hétéro" (petite amie et compagnie), mon père m'ayant bien fait comprendre que l'amour entre deux hommes, ça n'existe pas, qu'il n'y a que le désir (et ma mère qui enfonce d'avantage le clou malgré elle en affirmant qu'il n'y a que l'amour qui compte)... Après une histoire d'amour platonique avec une fille rencontrée sur le net [elle s'est terminée par un aveu impérieux : 'je ne suis pas attiré par toi sexuellement'], une autre a failli démarrer mais j'ai fini par l'avouer. Et à partir de là mon homosexualité a commencé peu à peu à devenir une réalité, soutenu par mes meilleures amies.
Cela n'empêche que j'ai traversé une période pleurnichard, une autre amorphe, et une autre carrément suicidaire. Grâce à mes amies, à mon psy et à l'infirmière de mon lycée j'ai réussi à m'en sortir ; et c'est alors que je me suis dit qu'il était temps de faire cette chose obligatoire est impérieuse : mon coming out.
Désormais j'ai réussi à l'avouer à mes parents. Ça a été un véritable choc pour mon père ; mais mes parents étant extrêmement bons et ouverts, ça c'est bien passé. Mise à part la fin : "Es tu attiré par un garçon de ta classe ?". J'ai répondu "non" (c'était la stricte vérité ; certains ne sont pas désagréables à regarder mais sans plus). Et le décisif 'Alors ça va' a terminé la discussion par cette conclusion : "Si tu es attiré par un garçon de ta classe, alors ça ne va pas".
Depuis ils ne veulent pas que je le dise à tout le monde, et déjà le fait qu'une grande partie de la classe soit au courant ne l'ont pas vraiment réjouis. Je n'ai pas vraiment parlé de mon homosexualité à mon père, du moins quand on en a parlé il a dérivé le sujet sur le sida, puis sur les maladies sexuellement transmissibles, et puis sur la drogue, le tabac... bref je vois bien que l'homosexualité est un gros tabou pour mes parents.
J'en ai d'avantage parlé à ma mère, en qui j'ai découvert de nombreux principes homophobes : "Pourquoi tu dis ça ? C'est normal que tu sois un peu attiré par les garçons ; sache que les attirances à ton âge ça veut rien dire, ça va évoluer... Comme en Inde, ils se gênent pas eux là bas, ils ont des relations homosexuelles qui deviennent peu à peu hétérosexuelle... Ne te juge pas, chaque jour on est différent... Tu sais un jour tu vas te trouver..." En bref, elle était persuadée que l'homosexualité n'est qu'une phase dans l'évolution de l'hétérosexualité. Original non ?
Mon psychologue a fini par la convaincre qu'elle a tort, et elle a achevé la discussion par : "De toute façon, la seule chose que je désire c'est que mon fils soit heureux et qu'il comprenne que seul l'amour compte" La dernière fois qu'on en a parlé, elle m'a dit : "Je te connais mieux que personne, c'est moi qui t'ai fait, alors tu découvriras la personne que tu aimeras pas avant tes vingts ans". J'ai répondu : "Ah oui ? Pourquoi, avec papa vous avez choisi ma marque de fabrique ? Vous avez rempli une lettre de commande pour avoir un enfant selon vos critères de sélection ? Vous m'avez programmé pour ?". Elle a souris et a dit : "Tu es comme ta sur, comme ton père, comme moi, tu trouveras le bon "oiseau rare" dans longtemps, mais j'ignore quel sera son sexe..." Et sur ce elle me rabâche quand même que "Non, n'invite pas de fille à dormir, c'est dangereux... tout peut arriver tu sais... je n'ai pas envie que tu provoques une grossesse non désirée"... [MAMAN JE NE SUIS PAS ATTIRE PAR LES FILLES TOI COMPRENDRE LE FRANCAIS ?]. Rien à faire elle est sûre et certaine que je me trompe, je n'ai jamais vraiment aimé de fille ni de garçon, comment pouvais-je en être sûr ?... Je crois que je vais devoir subir ce "les attirances à ton âge ne veut rien dire" en boucle jusqu'à ce que je trouve un garçon qui m'aime pour ce que je suis.
Ainsi elle semble avoir décidé d'ignorer mon orientation sexuelle, tout comme mon père d'ailleurs. Ainsi jai limpression que tout ce que jai traversé na servi à rien et que subitement je suis revenu à la case départ mais avec en plus des sourires compatissants mais muets donc inutiles.
C'est pas dur de faire semblant d'être hétérosexuel, d'autant plus que lorsqu'on est dans une famille pudique, la sexualité fait rarement partie de nos sujets de discussions. Cela dit je n'ai jamais affirmé à personne que j'étais hétérosexuel, mais bon, mon homosexualité est loin d'être flagrante tout de même. Quand je l'ai dit à ma cousine, elle s'est explosé de rire, croyant que je blaguais...
A force de parler des belles fleurs qui poussent dans le jardin, des souvenirs d'enfance sous le soleil d'été, des mésaventures de marraine yvonne... me voilà entrain de faire la gueule 24h/24, exaspéré par le moindre mot prononcé par mes proches hétérosexuels, dont le sourire crispé et la joie superficielle et forcée ne cessent d'assombrir mon regard.
Mes nerfs semblent être tendus comme des cordes, et dès qu'on parle d'homosexualité, ce changement de regard parmi mes proches semblent les infecter d'avantage.
Côté amis, je n'ai pas de véritable copain, et je ne connais pas d'homosexuel. Je n'ai jamais rien partagé d'intime avec un garçon ; aussi ai-je un manque d'affection masculine et aussi de repère. Si j'arrive les trois quart du temps à vivre normalement sans le dire, j'ai l'impression que ça s'aggrave en moi, qu'une fureur et une tristesse entremêlées me rongent l'âme. Me noyant dans des divertissements en tout genre et cherchant de bons moments d'amitié "de secours" auprès de ma meilleure amie, j'arrive à ne pas craquer... Mis à part le jour où j'ai croqué dans mon verre à pleine dents malgré moi, mes vacances sont magnifiquement illuminées par le beau soleil de l'ignorance.
Je trouve ça injuste de ne pas pouvoir vivre mon orientation sexuelle au même titre que mes amis hétérosexuels... le problème étant que je me sens impuissant et voué à des regards de haine. Je préfère vivre, frustré et exaspéré, des moments de bonheurs sans réfléchir... mais d'un côté j'aimerais quand même assumer mon homosexualité officiellement... et l'avouer avec le sourire. Mon coming out est indispensable... ? Je pense que oui, mais ayant localisé des regards gravement homophobes parmi mes proches, ça me fait peur. Je suis trop jeune ?... c'est ça ?...
On m'a conseillé de tchatcher dans des chat gay... Est-ce une bonne idée ?
Je n'ai pas trop le temps de développer ce lot de craintes, de plaintes et de déprimes qui rythme ce beau mois de juillet, donc j'achève mon témoignage sans plus tarder par ces questions : pouvez-vous me donner quelques conseils... ? Vos avis ? Je sens que j'en ai besoin, maintenant plus que jamais...
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Alors voilà, c'est bien simple, depuis la 6ème j'ai progressivement découvert ma préférence pour les garçons. Je me suis tout de suite mis à "jouer à l'hétéro" (petite amie et compagnie), mon père m'ayant bien fait comprendre que l'amour entre deux hommes, ça n'existe pas, qu'il n'y a que le désir (et ma mère qui enfonce d'avantage le clou malgré elle en affirmant qu'il n'y a que l'amour qui compte)... Après une histoire d'amour platonique avec une fille rencontrée sur le net [elle s'est terminée par un aveu impérieux : 'je ne suis pas attiré par toi sexuellement'], une autre a failli démarrer mais j'ai fini par l'avouer. Et à partir de là mon homosexualité a commencé peu à peu à devenir une réalité, soutenu par mes meilleures amies.
Cela n'empêche que j'ai traversé une période pleurnichard, une autre amorphe, et une autre carrément suicidaire. Grâce à mes amies, à mon psy et à l'infirmière de mon lycée j'ai réussi à m'en sortir ; et c'est alors que je me suis dit qu'il était temps de faire cette chose obligatoire est impérieuse : mon coming out.
Désormais j'ai réussi à l'avouer à mes parents. Ça a été un véritable choc pour mon père ; mais mes parents étant extrêmement bons et ouverts, ça c'est bien passé. Mise à part la fin : "Es tu attiré par un garçon de ta classe ?". J'ai répondu "non" (c'était la stricte vérité ; certains ne sont pas désagréables à regarder mais sans plus). Et le décisif 'Alors ça va' a terminé la discussion par cette conclusion : "Si tu es attiré par un garçon de ta classe, alors ça ne va pas".
Depuis ils ne veulent pas que je le dise à tout le monde, et déjà le fait qu'une grande partie de la classe soit au courant ne l'ont pas vraiment réjouis. Je n'ai pas vraiment parlé de mon homosexualité à mon père, du moins quand on en a parlé il a dérivé le sujet sur le sida, puis sur les maladies sexuellement transmissibles, et puis sur la drogue, le tabac... bref je vois bien que l'homosexualité est un gros tabou pour mes parents.
J'en ai d'avantage parlé à ma mère, en qui j'ai découvert de nombreux principes homophobes : "Pourquoi tu dis ça ? C'est normal que tu sois un peu attiré par les garçons ; sache que les attirances à ton âge ça veut rien dire, ça va évoluer... Comme en Inde, ils se gênent pas eux là bas, ils ont des relations homosexuelles qui deviennent peu à peu hétérosexuelle... Ne te juge pas, chaque jour on est différent... Tu sais un jour tu vas te trouver..." En bref, elle était persuadée que l'homosexualité n'est qu'une phase dans l'évolution de l'hétérosexualité. Original non ?
Mon psychologue a fini par la convaincre qu'elle a tort, et elle a achevé la discussion par : "De toute façon, la seule chose que je désire c'est que mon fils soit heureux et qu'il comprenne que seul l'amour compte" La dernière fois qu'on en a parlé, elle m'a dit : "Je te connais mieux que personne, c'est moi qui t'ai fait, alors tu découvriras la personne que tu aimeras pas avant tes vingts ans". J'ai répondu : "Ah oui ? Pourquoi, avec papa vous avez choisi ma marque de fabrique ? Vous avez rempli une lettre de commande pour avoir un enfant selon vos critères de sélection ? Vous m'avez programmé pour ?". Elle a souris et a dit : "Tu es comme ta sur, comme ton père, comme moi, tu trouveras le bon "oiseau rare" dans longtemps, mais j'ignore quel sera son sexe..." Et sur ce elle me rabâche quand même que "Non, n'invite pas de fille à dormir, c'est dangereux... tout peut arriver tu sais... je n'ai pas envie que tu provoques une grossesse non désirée"... [MAMAN JE NE SUIS PAS ATTIRE PAR LES FILLES TOI COMPRENDRE LE FRANCAIS ?]. Rien à faire elle est sûre et certaine que je me trompe, je n'ai jamais vraiment aimé de fille ni de garçon, comment pouvais-je en être sûr ?... Je crois que je vais devoir subir ce "les attirances à ton âge ne veut rien dire" en boucle jusqu'à ce que je trouve un garçon qui m'aime pour ce que je suis.
Ainsi elle semble avoir décidé d'ignorer mon orientation sexuelle, tout comme mon père d'ailleurs. Ainsi jai limpression que tout ce que jai traversé na servi à rien et que subitement je suis revenu à la case départ mais avec en plus des sourires compatissants mais muets donc inutiles.
C'est pas dur de faire semblant d'être hétérosexuel, d'autant plus que lorsqu'on est dans une famille pudique, la sexualité fait rarement partie de nos sujets de discussions. Cela dit je n'ai jamais affirmé à personne que j'étais hétérosexuel, mais bon, mon homosexualité est loin d'être flagrante tout de même. Quand je l'ai dit à ma cousine, elle s'est explosé de rire, croyant que je blaguais...
A force de parler des belles fleurs qui poussent dans le jardin, des souvenirs d'enfance sous le soleil d'été, des mésaventures de marraine yvonne... me voilà entrain de faire la gueule 24h/24, exaspéré par le moindre mot prononcé par mes proches hétérosexuels, dont le sourire crispé et la joie superficielle et forcée ne cessent d'assombrir mon regard.
Mes nerfs semblent être tendus comme des cordes, et dès qu'on parle d'homosexualité, ce changement de regard parmi mes proches semblent les infecter d'avantage.
Côté amis, je n'ai pas de véritable copain, et je ne connais pas d'homosexuel. Je n'ai jamais rien partagé d'intime avec un garçon ; aussi ai-je un manque d'affection masculine et aussi de repère. Si j'arrive les trois quart du temps à vivre normalement sans le dire, j'ai l'impression que ça s'aggrave en moi, qu'une fureur et une tristesse entremêlées me rongent l'âme. Me noyant dans des divertissements en tout genre et cherchant de bons moments d'amitié "de secours" auprès de ma meilleure amie, j'arrive à ne pas craquer... Mis à part le jour où j'ai croqué dans mon verre à pleine dents malgré moi, mes vacances sont magnifiquement illuminées par le beau soleil de l'ignorance.
Je trouve ça injuste de ne pas pouvoir vivre mon orientation sexuelle au même titre que mes amis hétérosexuels... le problème étant que je me sens impuissant et voué à des regards de haine. Je préfère vivre, frustré et exaspéré, des moments de bonheurs sans réfléchir... mais d'un côté j'aimerais quand même assumer mon homosexualité officiellement... et l'avouer avec le sourire. Mon coming out est indispensable... ? Je pense que oui, mais ayant localisé des regards gravement homophobes parmi mes proches, ça me fait peur. Je suis trop jeune ?... c'est ça ?...
On m'a conseillé de tchatcher dans des chat gay... Est-ce une bonne idée ?
Je n'ai pas trop le temps de développer ce lot de craintes, de plaintes et de déprimes qui rythme ce beau mois de juillet, donc j'achève mon témoignage sans plus tarder par ces questions : pouvez-vous me donner quelques conseils... ? Vos avis ? Je sens que j'en ai besoin, maintenant plus que jamais...
Merci d'avoir pris le temps de me lire.