Bienvenue Laeticia,
J'espère que tu ne seras jamais "sous l'emprise" d'hormones haha. Plus sérieusement, concernant ton coming-out, est-ce que tu as des ami-e-s au courant déjà ? Ou d'autres membres de ta famille ? Histoire que tu puisses avoir du soutien si jamais ça se passait mal avec ta mère.
C'est souvent compliqué de faire un coming-out trans à ses parents, on peut perdre gros, et la méconnaissance est encore la norme... Après, là comme tu le dis, ta mère ne comprend pas ce qui se passe. Peut-être qu'une fois que tu lui auras expliqué, cela fera enfin sens pour elle (ou pas. Mais c'est une possibilité).
Ce que je peux te conseiller, tu pioches ce qui te parle, tu jette le reste :
- utiliser le moyen avec lequel tu es le plus à l'aise pour t'exprimer : discussion de vive voix, par téléphone, à l'écrit (lettre, email...), une lettre suivie d'une discussion, une vidéo, ...
- rester simple (théâtraliser, en faire des caisses ou toute une cérémonie ne sert à rien, au contraire) et ne pas forcément chercher à trop en dire d'un coup (ta mère n'a pas besoin de savoir tout ce que tu envisages par exemple, du moins pas au moment du coming-out)
- exposer les choses avec assurance et en étant positive : si tu en parles comme si c'était le pire truc du monde, forcément en face tu imagines qu'il y aura de la peur, du stress, des préjugés et tout cela augmente les risques de rejet :/). Si au contraire tu montres à ta mère que c'est positif pour toi etc, que tu sais où tu vas, ça a tendance à être plus rassurant.
- rassurer un peu : ce n'est pas ton job en soi, mais ça ne fait pas de mal pour favoriser une réaction positive de contrer les pensées automatiques
et les idées reçues qui ont parfois la vie dure :
- ce n'est pas sa faute (pas plus que ce serait sa faute si tu étais cisgenre haha...) et c'est pas un soucis qu'elle "ne s'en soit pas rendu compte"
- ce n'est pas un choix, une maladie, un trouble, un problème, une déviance ou je ne sais quoi
- les personnes trans ont généralement une vie comme tout le monde, ça ne t'empêchera pas d'avoir une vie amoureuse, professionnelle, sociale etc, elle a surement déjà croisé plein de personnes trans dans sa vie, sans le savoir...
- ça n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle ou les stéréotypes genrés (les goûts, etc)
- tu restes la même personne, tu ne deviens pas quelqu'un d'autre, tu es déjà une femme, même si les autres ne le voient pas
- tu sais ce vers quoi tu t'engages, tu es adulte et tu sais prendre des décisions dans ta vie (il est très très courant d'être infantilisé-e lorsqu'on envisage des démarches de transitions ou tout simplement que l'on parle de notre genre...)
- pour la peur du "regret", c'est une question de confiance : qu'elle te fasse confiance. Tu sais ce qui est bien pour toi et tu es la seule à pouvoir le déterminer. Il n'y a quasiment rien d'irréversible dans les démarches médicales et tu auras amplement le temps de voir venir, et d'arrêter d'en prendre si ça ne te convient pas.
- préciser que tu ne fais que l'informer, que tu ne demandes pas son accord (t'es majeure et elle n'a pas à être ou non d'accord, on demande pas à ses parents "hey tu serais d'accord que je sois lesbienne ?" :/) : demander un accord ça laisse du pouvoir à l'autre sur nos vies, et c'est plus risqué qu'autre chose.... ça montre aussi que bah tu fais ta vie en fait, que ça te regarde, que ce n'est pas sujet à débat. Tout ce que tu demandes au final c'est juste qu'elle respecte ton genre, qu'elle continue de t'aimer et qu'elle soit là pour toi. Je me trompe ?
Par contre :
Margot a écrit : ↑05 juin 2020 16:11
Dis lui que ce n'est pas un choix et que dans le corps actuel tu souffres. Tu ressens un malaise car tu as du mal à te projeter dans ce corps qui ne convient pas à ce que tu es réellement. Tu ne peux pas faire autrement. Il ne s'agit pas d'un caprice. Tu as besoin d'être en harmonie avec toi-même. Dis lui que tu souffres d'avoir un physique qui ne correspond pas à ce que tu es. Si tu parles de ta souffrance, ça sera mieux compris. Tu as besoin d'exister, tout simplement.
Elle ne sera pas d'accord au début mais ensuite ça va changer. Une fois l'annonce faite, tu te sentiras mieux et ça deviendra plus facile avec le temps.
Perso je n'irais pas présumer de ce que Laeticia ressent : toutes les personnes trans ne vivent pas leur corps comme une souffrance, et ce n'est pas parce que Laeticia parle de vouloir prendre des hormones qu'elle vit forcément un calvaire avec son corps. :/
Et je n'irais pas non plus présumer de la réaction de sa mère : Pourquoi serait-elle forcément "pas d'accord" ?! D'autant qu'a priori Laeticia ne lui demande pas son accord sur quoi que ce soit, c'est pas vraiment la question ici.
Peut-être que ce sera difficile, peut-être que ça le sera moins. Peut-être qu'elle refusera de te genrer correctement, et si pour toi c'est douloureux (ce qui, là encore, n'est pas systématique), ça peut être utile de lui faire comprendre que refuser ça, ça revient à nier ton genre, à nier qui tu es, et à s'obstiner dans une image de toi qui n'est pas correcte.
Tu peux aussi aiguiller ta mère vers des ressources (il en existe à destination des parents), l'inviter (à son rythme) à participer à des groupes Contacts spécifiques trans, vous pouvez aussi vous rapprocher d'une asso trans près de chez vous etc.
Bon courage en tout cas.
ha et si ce qui te bloques c'est comment lui expliquer ce que c'est qu'être trans, tu peux lui dire simplement :
À la naissance on assigne un genre aux bébés en fonction de leurs organes génitaux (externes... et je précise que non, un pénis et une vulve ne sont pas "le sexe"....), mais le genre et les organes génitaux n'ont rien à voir... Donc bah, toi on t'a assigné garçon, alors qu'en vrai ton genre c'est pas "garçon", c'est fille. C'est comme ça, ça arrive, on en parle peu mais c'est pas si rare que ça, et ça n'a pas d'explication particulière.
Tu peux dire qu'on appelle ça être transgenre. Et que quand la personne est du genre qu'on lui a assigné à la naissance, on dit qu'elle est cisgenre. (c'est le moyen de dire : hey maman, t'es cisgenre ^^ On te l'avait jamais dit mais c'est le cas.)
Perso j'éviterais d'utiliser les formules du style "femme née dans le corps d'un homme" parce que ça renforce l'idée qu'en fait ton corps serait celui d'un homme, donc que tu es un homme qui se croit femme, etc... En vérité ton corps n'a pas de genre, c'est juste un corps... Cette formulation contribue aussi à invalider les expériences et les genres des personnes trans qui ne modifient pas leurs organes génitaux et/ou ne prennent pas d'hormones.
J'éviterais aussi les acronymes du style MTF, parce que clairement ce que tu veux c'est pas qu'elle dise que t'es une (ou un ?!) MTF, mais que t'es
une femme trans. C'est plus simple, plus clair, plus limpide, ça évite l'apprentissage (inutile) de termes qui sèment plus de confusion qu'autre chose et qui, en plus, renvoient à ton assignation.
Idem avec les termes pathologisants (dysphorie de genre, incongruence de genre, traitement/thérapie hormonal-e, SRS etc.) : ça risque d'être compris de travers et elle n'a pas besoin de tout cela. (cf le point 1 : rester simple^^)
Et comme dit au début, aucune injonction dans mes propos, tu prends ce qui te parle, tu jettes le reste ; c'est ta vie et celle de personne d'autre
, c'est toi l'experte !